Oloxanthine - selle français (j)

LA DOUCEUR INCARNÉE

Tandis que le van se garait dans la cour en cette belle journée d'avril, Lumi affichait un grand sourire. Elle avait attendu avec impatience cette arrivée. Elle accueillit chaleureusement le conducteur et signa les papiers sans hésiter, connaissant déjà le domaine duquel provenait sa nouvelle acquisition et leur faisant entièrement confiance. Quand elle put enfin ouvrir la porte du van, elle vit aussitôt la tête d'Oloxanthine, qui la fixait avec curiosité. Lumi avait déjà rencontré la jument pour la tester, et elle était tombée totalement sous le charme de cette dernière. Maintenant qu'elle se trouvait sous ses yeux et surtout à Pandora Hills, elle avait encore un peu de mal à réaliser qu'elle lui appartenait désormais. Sans plus la faire attendre, l'éleveuse s'occupa de détacher la jument et de la faire sortir du van à reculons. Docile, Oloxanthine suivit ses directives et sortit sans encombre, si ce n'est qu'elle trébucha de manière un peu maladroite sur la fin de la rampe. L'observant mieux à la lumière du jour, Lumi était toujours émerveillée par la jument. Elle était encore plus impressionnante que dans ses souvenirs, avec son mètre soixante-dix-huit au garrot, et toujours aussi sublime. La pie alezane était sans aucun doute l'un des plus beaux équidés que Lumi ait jamais rencontré.
La menant un peu à l'écart du van afin que le conducteur puisse partir sans être gêné, Lumi avança une main vers la tête d'Oloxanthine. La jument vint aussitôt au contact, et sa toute nouvelle propriétaire commença à la caresser, appréciant la douceur de son poil. Elle avait été pansée avant de prendre la route. Lumi continua à flatter la jument pendant quelques minutes, créant ainsi un premier lien avec elle. Puis, elle glissa sa main libre dans sa poche et en sortit un morceau de carotte, qu'elle tendit à l'alezane. Oloxanthine renifla la friandise brièvement, avant de s'en emparer avec appétit, tout en gardant cette délicatesse qui lui était caractéristique, prenant garde aux doigts de Lumi en saisissant la carotte. La jeune femme continua de l'admirer. Elle avait plus que hâte de remonter sur le dos de la pie et de travailler avec elle. Mais pour le moment, la jument avait besoin de repos et de quelques jours pour s'habituer à son nouvel environnement et se faire à son box et ses nouveaux voisins. Lumi la guida donc vers les écuries, menant la géante d'une seule main. Elle la suivait déjà comme si elle avait toujours eu l'habitude d'être avec elle, comme si elles se connaissaient depuis longtemps, marchant au niveau de son épaule tout en la respectant, sans la dépasser. Un sentiment de quiétude semblait émaner de la pie. Elle était sereine, d'un calme incroyable. Quand le duo franchit la porte du bâtiment, Oloxanthine s'arrêta quelques secondes, le temps d'observer l'endroit. Ses naseaux frémissaient, captant toutes les odeurs de l'écurie, tandis que ses oreilles pivotaient constamment sur son crâne, se dirigeant vers chaque renâclement, chaque bruit de pas, chaque souffle qui résonnait dans le couloir. Elle analysait son environnement. Sa propriétaire ne la pressa pas, la laissant prendre tout le temps nécessaire. Quand elle la sentit plus à l'aise, elle l'encouragea à avancer de nouveau, et la pie lui emboîta le pas, la suivant vers son tout nouveau box.
Une fois devant le box en question, dont le sol avait été couvert de paille ce matin et où un filet de foin attendait la jument, Lumi ouvrit la porte et y fit entrer la pie. Oloxanthine s'ébroua une fois débarrassée de son licol, puis huma le sol, avant de s'intéresser au foin. Lumi sortit du box pour la laisser tranquille, mais resta quelques minutes de plus pour observer l'alezane. Elle mangea un peu et, sentant le regard de la jeune femme sur elle, se tourna dans sa direction pour la fixer à son tour, d'un air interrogateur.
«Bienvenue chez toi, ma belle.», se contenta de dire Lumi.
Oloxanthine tendit les oreilles dans sa direction et cligna lentement des yeux, avant de retourner à son repas. Contente de la voir prendre ses marques aussi vite et facilement, l'éleveuse la laissa enfin en paix, retournant à ses autres occupations avec un grand sourire.

JOUR 1.1

Le jour du cross avec Edemah Ruh approchait à grands pas, et Lumi avait bien besoin de décompresser un peu de toute la préparation liée à cet évènement. Quand elle s'engagea dans l'écurie ce matin-là, elle salua tous les chevaux comme d'habitude, mais au lieu de s'arrêter devant l'un de ceux composant son piquet actuel, elle poussa jusqu'au box d'une jument dont elle avait fait l'acquisition l'année dernière, et qui était principalement montée par ses palefreniers. Oloxanthine sortit la tête de son box en entendant sa propriétaire s'en approcher. La jolie pie accueillit Lumi avec affection, tandis que la jeune femme lui rendait son bonjour en lui flattant l'encolure et en lui glissant une friandise. L'éleveuse ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable parfois, de privilégier certains chevaux à d'autres, mais elle ne pouvait pas se décupler, et elle avait sa carrière de cavalière de concours à assurer. Si la Oloxanthine était une jument adorable et emplie de douceur, sa propriétaire ne se voilait pas la face: elle ne deviendrait jamais une compétitrice au niveau international. Elle sortait sur des petits concours locaux, de temps à autre, mais ses résultats ne lui permettaient pas de se propulser plus haut. Alors elle vivait la belle vie à l'élevage, jusqu'à ce que Lumi décide de la faire reproduire quand elle aurait trouvé l'étalon idéal. Mais si Lumi passait moins de temps avec la pie, elle s'arrangeait pour lui accorder une journée dès que possible, et en cette matinée ensoleillée de mai, c'était justement son tour. Lumi s'empara donc du licol de la jument, lui enfila sans difficulté, et la guida hors du box, vers un poste d'attache pour la préparer. Tandis qu'elle passait un coup d'étrille sur la robe de la selle français, la jeune femme se rendit compte de nouveau de la taille de la jument. Presque un mètre quatre-vingt au garrot. Elle songea qu'elle devrait embarquer un marche-pied, même si elle était relativement grande elle-même.
Lumi termina de donner un coup de propre rapide à la jument, avant d'aller chercher son harnachement. Elle fit passer la tête d'Oloxanthine dans le filet, et la pie ouvrit la bouche pour que la jeune femme y fasse passer le mors. Puis, elle ajusta les sangles, avant de passer au reste. Elle posa un tapis rouge sur le dos de l'alezane, avant d'y superposer une selle brune, qu'elle sangla à sa convenance. Oloxanthine se laissait faire, indifférente. Quand Lumi eut terminé, elle saisit les rênes et commença à guider la jument vers la sortie de l'écurie. La pie lui emboîta le pas docilement, avec sa tranquillité habituelle, et le duo se dirigea vers la carrière.