Invité
Invité | Sam 2 Juil - 12:45 |
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ft. cupidon Le soleil brillait déjà haut en cette fin de matinée. L’été qui s’était annoncé avec timidité rayonnait aujourd’hui, et le début du week-end aidant, les cavaliers s’étaient précipités pour profiter du bon temps avec leur monture : c’était là tout ce qui gênait Saar. La proximité des autres la dérangeait —la démangeait—, ils menaçaient de leur ombre le peu de confiance qu’elle réussissait à entretenir. C’était davantage oppressant qu’elle savait le jugement omniprésent dans l’équitation, sa paranoïa refermait ses serres sur elle et la bâillonnait. Alors, pour fuir les interactions sociales et les éventuels regards, elle s’était réfugiée dans la fraîcheur du manège, laissant les autres propriétaires se partager la carrière. Ce besoin d’être à l’abri des regards était aussi justifié par le fait qu’elle allait monter Cupidon seule pour la première fois. Un rapide essai aux trois allures lui avait permis, il y a quelques jours, de comprendre que l’étalon était aussi gentil à pied qu’une fois son cavalier sur le dos, mais Saar n’était pas sans savoir que l’humeur d’un cheval pouvait changer du tout au tout entre deux séances.
Après avoir étiré légèrement les antérieurs de l’étalon pour éviter les plis de peau sous la sangle, elle se hissa enfin à cheval. L’impression de solitude était aussi apaisante qu’elle était étrange. En tant qu’ancienne cavalière de club, se retrouver au cœur d’un manège sans un seul autre duo, sans sa monitrice assise sur un cube, c’était anormal. Elle savait que tant qu’elle n’aurait pas regagné en confiance en elle, en tant que cavalière, le vide du manège et l’absence de remarques verbales sonneraient presque comme un manque qu’il fallait combler — mais qu’elle ne comblerait pas. Cupidon, lui, ne s’était pas posé cette question et elle avait d’ailleurs pu remarquer qu’il avait voulu avancer lorsqu’elle avait mis le pied à l’étrier. Une pression sur les rênes avait suffit à l’immobiliser et elle avait pu monter tranquillement, mais c’était un exercice à travailler avant que l’étalon ne prenne davantage de mauvaises habitudes. Ce jour-là cependant, elle avait une toute autre idée. Lors de l’essai, elle avait pu remarquer que l’étalon avait une bonne locomotion, et elle le réalisait encore une fois en marchant dans le manège avec les rênes longues. Il lui suffit de remonter sur les rênes pour sentir l’appaloosa venir chercher le contact un peu plus, dans la réciprocité. Les découvertes qu’elle accumulait achevaient de la rassurer quant à son choix de demi-pension ; Cupidon était doté de bases solides et permettrait à sa cavalière de reprendre ses marques plus aisément, sans avoir à se soucier de devoir tout réapprendre au cheval. Tout doucement, Saar se laissa retrouver ses habitudes, les talons reprendre leur place habituelle, les aides se délier les unes des autres pour venir demander au cheval de rentrer dans les coins, de s’arrondir sur les courbes de serpentines et de cercles aux deux mains. Cupidon se trouvait être plus réactif en selle qu’à pied, il y avait moins de demande à faire pour recevoir une réponse. Petit à petit, elle vint demander à l’appaloosa de se mettre sur un cercle et de l’agrandir puis de le rétrécir en gardant l’incurvation, cherchant plus à se focaliser sur ses propres ressentis, à s’habituer à sentir les postérieurs de Cupidon s’engager. Elle se plaça sur une demi-volte pour changer de main et reprit un cercle à l’autre main, se servant de sa jambe intérieure à la sangle et en isolant la jambe extérieure pour contrôler les hanches. Puis, elle quitta l’exercice pour cette fois faire une rêne d’ouverture et pousser les hanches à l’extérieur du cercle. Cupidon accéléra le pas suit eaux premières demandes de sa cavalière, menaçant même de prendre le trot. Saar tenta d’adapter sa demande aux réactions de l’étalon, consciente que ses demandes manquaient un peu de clarté, l’entreprise lui demanda de prendre son mal en patience et d’observer tout changement, toute conséquence à ses propres actions. Elle sentit le moment où leur communication s’harmonisa, le mouvement du cheval différer des cercles précédents et récompensa en le caressant le long de l’encolure après avoir jeté un rapide coup d’œil vers le miroir pour observer le mouvement de sa monture. Une fois l’exercice réussi aux deux mains, la cavalière laissa les rênes glisser le long de ses doigts, et le cheval venir étendre l’encolure. Pouvoir travailler seule avec sa demi-pension avait un avantage qu’elle n’avait pas connu lors de ses cours en club, par le passé : elle pouvait prendre son temps et organiser sa séance comme elle le voulait. Pas besoin d’un travail aux trois allures si elle souhaitait, pour le moment, solidifier ses propres bases de travail au pas. En passant devant le miroir du manège, son regard se posa sur la robe de l’étalon et elle baissa les yeux vers l’encolure, les crins, les épaules de Cupidon. Elle n’avait pas choisi sa monture en fonction de son apparence, à vrai dire elle l’avait choisi pour les mots suivants « gentil, travailleur », mais plus elle passait du temps avec lui et plus elle le trouvait beau, d’une élégance placide. — Eh ben, j'ai bien choisi, hein, chuchota-t-elle, se penchant pour enlacer l’encolure de l’appaloosa le temps de quelques secondes. La séance n’avait pas duré longtemps, mais Saar était plutôt satisfaite de ce qu’ils avaient réussi à faire et décida de s’en tenir à là pour le moment. Elle avait, de toute façon, quelque chose de mieux prévu pour que Cupidon puisse se défouler. Une fois rentré au boxe, elle offrit un nouveau pansage à l’étalon et le mena à la douche. Les températures estivales voilaient le haras d’une couverture chauffante, et Saar espérait ainsi pouvoir rafraîchir un peu l’étalon. L’exercice fut, comme toujours, accompagné d’une pointe d’appréhension pour la cavalière, mais étant un cheval de CSO, elle se réassura en pensant que Cupidon avait déjà vécu de nombreuses douches : et ce fut le cas. Si l’appaloosa effectua un petit mouvement de tête inquiet quand l’eau se mit à couler, il suffit que le jet soit posé lentement sur ses membres pour qu’il profite de la fraîcheur de l’eau. La cavalière glissa ses mains sur les membres du cheval, lui offrant par la même occasion un petit massage. Elle releva les yeux vers le ciel bleu ; c’était la journée idéale pour le laisser au pré, puisqu’il ne travaillerait pas davantage aujourd’hui. Comme elle le pensait, la sortie fit plaisir à l’appaloosa ; à peine eut-elle fermée la barrière qu’il se propulsa pour faire admirer ses allures à toute paire d’yeux qui aimeraient se poser sur lui. Saar resta un moment à le regarder, contemplant la bonne humeur de l’étalon, avant de finalement quitter les lieux.
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Misspalikoa
Cavalier pro - niv. 0 Messages : 57764 Inscription : 17/11/2016 Age : 23
| Sam 2 Juil - 22:13 |
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Je te l'avais déjà dit me semble t'il, mais tu as une sacrée plume! En tout cas, cette remise en route à du faire du bien à Saar. C'est toujours un grand moment de ressentir enfin les sensations que l'on peut ressentir sur le dos d'un cheval! + 4 pts en dressage + 7 |
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