cet épisode se passe à la toute fin des évenements, les résumés suivants sur "l'histoire des 6" expliqueront ce qu'il s'est passé et comment ça en est arrivé là.
Non, je ne vous dirais rien. Pas que ce soit des informations confidentielles ou qu'ils fassent partie d'une secte, bien que cela ne m'étonnerait pas, mais je n'ai tout simplement pas envie d'en parler. L'écorchure, non, la plaie est encore bien trop fraiche pour cela, bien trop suintante. Elle est douloureuse, me laissant agonisante... Et vous insistez en plus? Putain. Mais qu'est ce que vous voulez savoir à la fin!? Le début, là où tout à commencé, les premiers fils qui ont permis de tisser cette histoire. Très bien... Vous avez gagné, je vais m'exprimer, vous dire ce que je sais, vous expliquer.
Six. Six points de départ. Six gosses de riches. Six personnes que j'aurai souhaité ne jamais rencontrer. Six bourreaux. Tout d'abord, il y a Rachel. Aaah, la jolie et introvertie Rachel... A vrai dire, c'est la moins pire de toutes. Je pense même qu'on aurait pu devenir bonnes copines, si toutefois on avait fait partie du même monde, si toutefois elle n'avait pas fait partie de cette meute. A la première seconde où je l'ai vue, j'ai tout de suite vu à travers les traits doux de son visage que c'était quelqu'un de foncièrement gentil. Elle a de vraies valeurs, des principes que je rejoins et elle est sans doute celle qui prend le plus soin de sa jument. Elle traite Calypso avec tellement de délicatesse que cela ne m'étonnerait pas de la voir un jour l'emballer dans du papier bulle. Ca donnerait même envie de la secouer parfois, de lui dire de se réveiller, d'être moins discrète et de sortir de sa bulle, de dire ce qu'elle a à dire et d'arrêter d'hocher la tête à la moindre opinion que les autres lui partageait. Je suis persuadée que les autres ne la considère même pas, ce n'est qu'un pantin qui s'est retrouvé là et bah faut bien faire avec alors autant la former au pli qu'on veut. Ouais, ce que je retiens d'elle c'est qu'elle est surtout influençable et qu'elle aurait pu me sauver de ce merdier, mais aussi qu'elle n'a rien fait. Je la vois encore me regarder, plonger son regard dans ma détresse et puis simplement s'en détourner, tel un chien sur lequel son maitre venait de crier. En même temps, si elle n'avait pas été fourrée aussi souvent avec Mag', cela aurait été une toute autre histoire.
Mag'. Magdalena. Cette garce égocentrique qui a toujours son mot à dire sur tout. L'Alpha de la meute. Fille du roi de je ne sais où, une contrée oubliée et qui pourtant lui fait maintenir son titre auquel elle semble tenir. Je ne sais pas ce qui m'a retenue tout ce temps de lui sauter à la gorge, de lui arracher sa tignasse de bimbo et de lui éclater sa gueule à laquelle elle accorde pourtant autant d'importance. Le paraitre, c'est sûrement ce qui l'anime le plus et pourtant, elle pourrissait de l'intérieur. A quoi bon s'assurer d'avoir une belle image si l'intérieur n'a rien de reluisant, pire encore, lorsque l'on est manipulatrice et calomnieuse. Ca ne m'étonnerait pas que pour avoir les garçons de son coté, qu'elle ai usé de son charme et aura féminine, qui sait ce qu'elle leur avait promis... Elle parvient toujours à avoir tout le monde dans sa poche de toute manière, à leur remonter la tête sur ce qu'elle veut bien et à les guider par le bout du nez là où elle en a envie. Elle pense d'ailleurs pouvoir en faire de même avec sa jument, mais... pauvre fille. Auster n'est pas dupe. Elle ne se laisse pas faire, ne se plie pas aux exigences de sa Majesté. Pauvre vie. Sans rire, cette jument aurait encore mieux vécu dans le poney club le moins bien réputé du coin que d'être à la botte de l'ignoble Magdalena. Son faux sourire toujours collé au visage, celui qui te dit "Fais moi confiance, je vais bien te rouler". En prenant du recul, je me demande même si certaines de leurs idées foireuses ne venaient pas d'elle, tout droit sorties de son esprit sadique.
La troisième d'entre elles ne m'a jamais fais ni chaud ni froid, ses traits coréens bien dessinés, ses vêtements toujours à la pointe de la mode et soigneusement repassé. De son mètre soixante-huit, Isabeau prenait toujours un malin plaisir à toiser les gens, les détailler de haut en bas avant de se contenter de les snober. Elle parlait peu, observait beaucoup et arborait toujours un visage de glace qui n'exprimait jamais aucune émotion. Taiseuse mais pas innocente, car vraisemblablement, c'était dans son téléphone portable que les photos avaient été retrouvées. Gardées comme de précieuses preuves qui permettraient de me mettre le coup de grâce une fois que je serai devenue trop dérangeante, envahissante ou simplement pour son divertissement personnel, qui sait? Elle non plus ne m'avait jamais tendu la main, non pas par effacement comme c'était le cas pour Rachel, non... Isabeu était bien consciente de ce qu'il se passait, des enjeux et ne suivait les directives de sa Majesté que lorsqu'elle était en accord avec celles-ci. Elle savait ce qu'elle faisait et ne suivait jamais les autres aveuglement, c'est pourquoi je la tiens tout aussi responsable de ce qui a pu m'arriver, aussi bien elle que tout les autres. Je l'avais pourtant idéaliser tout un temps, elle et sa monte anglaise si perfectionniste et délicate. Avec elle, Oups my darling donnait l'impression de survoler le sol, papillonnant dans la carrière sans faire de bruit, en toute légèreté. Elle aurait presque rendu cela facile au premier coup d'œil. Comme si l'équitation avait toujours été quelque chose de facile et que c'était nous, les incompétents, qui la rendions complexe par simple convoitise.
Si je devais parler de la gente masculine, je commencerai sans aucun doute par Oracl car c'est celui qui m'a le plus marqué, aussi bien dans le bon sens que dans le mauvais sens du terme. Déjà avec un nom pareil, il devait certainement être très attendu par ses parents pour que ceux-ci décident de l'appeler comme ça. Oracl, il est celui en qui j'avais le plus misé, celui à qui j'avais accordé ma confiance, mais aussi celui qui m'aura souillée et trahie. Laïlynn lui avait accordé sa confiance elle aussi, mais il faut croire qu'elle ne s'était pas trompée sur un point, au moins un. J'avais misé sur le canasson boiteux, celui plein de vices et qui pourtant s'était montré incroyablement gentil et bienveillant les premières semaines. Saloperie de vicelard. Du venin sur les dents, je crachais son nom à chaque fois que je l'évoquais et ravalais l'amertume dans ma bouche. Il m'arrivait encore d'apercevoir ses yeux, chauds et dans lesquels on se noyait pourtant facilement, dans l'obscurité et la pénombre. Ce regard accrocheur, enivrant et ces lèvres pulpeuses qui se courbaient en volutes quand il avait cette façon si particulière de prononcer : "Abee". Mais non, malgré l'image "pas si moche" que je vous fais de lui, ce type là n'était qu'un menteur et un putain d'hypocrite. A se jouer des autres, mais après tout qui a-t-il de mal? On a qu'une vie n'est-ce pas, rien n'est à prendre au sérieux et a-mu-sons nous. Trous du cul de riches que même leur fric ne parvient plus à les divertir. Il a fallait que je croise leur route, que je sois leur cible et qu'il me fasse vivre un enfer. A coté de ça, même Lucifer avait de quoi prendre des notes. Une chance qu'il restait clément avec Wolverhampton, bien qu'il n'a pas hésité à s'acheter un second cheval lorsque le pie est devenu trop vieux pour parvenir à ses objectifs de compétitions.
Achille, plus communément appelé Ash est sans aucun doute celui qui a le plus mal tourné. Probablement prédestiné à devenir médecin où un truc du genre, il a commencé à consommer et à dealer un peu tout ce qu'il pouvait, se faisant renier par ses parents et envoyer à l'autre bout du pays dans cette école prestigieuse d'équitation qui a eu tout sauf l'effet escompté sur lui. Le gaillard à mal tourné et c'est peu dire si je dois admettre que je ne l'ai jamais vu sans cernes bleuâtres sous les yeux, toujours une clope au bec en train de consommer je ne sais quelle substance. Si je devais lui trouver un point positif, ce serait qu'il s'éclipse toujours lorsqu'il commence à être sur orbites, s'éloignant du monde et se renfermant dans sa propre bulle. Ca a certainement déjà du éviter un paquet de drames. Même si cela veut dire qu'à chaque fois qu'il a pris une décision en ce qui me concernait, il était parfaitement conscient. Ce qui me rends perplexe quand j'y pense... Je n'ai jamais vraiment réussi à le déchiffrer. Il a toujours été mystérieux, un peu comme un adolescent en détresse qui a malheureusement depuis bien longtemps refoulé l'approbation de ses parents. Il m'a toujours un peu effrayé à vrai dire, avec son langage cru et son cynisme déstabilisant. Et puis comme on dit, qui se ressemble s'assemble, Achille a parfaitement trouvé la monture qui lui correspondait en devenant propriétaire de Krampus. Le grand étalon à la robe opaque avait de quoi intimider, plus encore lorsque l'on voyait la fougue qui déferlait de ses entrailles. Orgueilleux et peu impressionnable, là se retrouvaient vite les adjectifs qui qualifiait tout aussi bien l'animal que son cavalier.
Et pour finir, l'imperturbable Tobias. Indifférent à tout ce qui peut se passer autour de lui, il ne donne de conseils à personnes et se prive volontiers de l'avis des autres. Croyant connaitre tout sur tout, il est difficile de le remettre en question et certains de ses cours de dressage avec son professeur particulier ont déjà assez mal tournés. Je suis sûre qu'il sait à peine qui je suis, suivant les manigances des autres sans jamais s'y investir. Du moins, c'est ce qu'il laisse croire, mais j'ai toujours été persuadée qu'il en sait plus que ce qu'il en dit. L'air toujours renfrogné, les sourcils froncés, j'ai toujours eu l'impression que la présence humaine le dérangeait en permanence. Bien que cela ne soit pas très différent avec Casanova... Que l'étalon soit dans ses bons ou ses mauvais jours, Tobias garde toujours la même expression figée sur le visage, à se demander si monter à cheval est vraiment de sa volonté. Au final, tout ça pour vous dire qu'il n'y en a pas un pour relevé l'autre, de véritables êtres exécrables, quels qu'ils soient. Vous vous demandez certainement comment je sais tout ça? Cela ne semble pas évident? Mon récit ne vous a-t-il pas mis la puce à l'oreille? Alors je vais être vous mettre devant les faits accomplis. Evidemment que je les ai côtoyés, ils se sont joués de moi, j'ai failli ne pas m'en sortir et à l'heure d'aujourd'hui je ne sais même pas dire si je m'en suis réellement sortie, ni même ce qu'il reste réellement de moi. Si seulement j'avais su, si seulement on m'avait dit.
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