A l'entrée du manège, que je connais pourtant bien, je m'arrête sans savoir pourquoi. Je ne suis pas impressionnée par la majesté de l'endroit, j'y suis habituée -même si je pense qu'on ne s'habitue jamais complètement à un endroit aussi superbe-, mais... Je ressens, à la place de l'excitation, une vive appréhension. Mon rêve me revient encore et toujours en tête, je me revois monter sur le dos de l'étalon crème, je me revois tomber, et puis je le revois se dresser de toute sa hauteur au-dessus de moi, je revois ses sabots fendre l'air tandis qu'ils arrivent à une vitesse hallucinante vers mon visage. Ma gorge s'est serrée, je me sens au bord des larmes.
Ridicule.
Déterminée, j'avance en me reprenant. Ce n'était qu'un rêve. Rien de plus. Un simple rêve. Si je devais prendre au sérieux tous mes rêves, je ne vivrais plus ! Je m'arrête donc au centre du manège, ressangle et m'aide d'un cube en plastique pour monter sur la selle. L'étalon blanc est détendu, attentif, je me rassure. Tout va très bien aller. C'est sûr. Il n'y a aucune raison que ça ne se passe pas bien.