Trotting

Trotting

Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis.

Edouard désormais débourré, votre routine avait changé. Vos sorties ne se limitaient plus à des balades à pieds et des séances désensibilisation dans le rond de longe. Certes vous étiez restés enfermés dans le sable encore quelques temps pour pouvoir vérifier que tous les codes de la monte étaient bien assimilés mais maintenant tu sentais que ton petit prince était suffisamment à l'aise pour sortir en extérieur. Bon tu avais déjà fait quelques tours dans le domaine, en longeant les prés les plus éloignés pour simuler des sorties. De quoi préparer Edouard à sa future vie de randonneur. Mais vous n'étiez encore jamais véritablement sorti hors du domaine. Et si cela t'angoissait un peu de faire votre première fois que tous les deux, tu y étais bien obligé. Avec tout ce qui se passait en ce moment, rare étaient les cavaliers qui fréquentaient les écuries et de toutes façons tu ne connaissais pas vraiment grand monde. Tu avais quelques contacts avec d'autres propriétaires mais personne dont tu te sentes suffisamment proche pour lui demander de t'accompagner. Tant pis.

En arrivant aux prés, tu constatas que cette fois, Edouard était seulement recouvert de poussière brune. Le chenapan avait bien dû essayer de se rouler dans une zone terreuse mais le soleil avait drainé toute l'eau de la boue.

« Bien fait petit dégoutant, au moins je ne perdrais pas une heure en pansage et douche. Quoique… »

Tu grimaça en voyant l'état de ses jambes. En fait si le diablotin était bien descendu jusqu'à la rivière et ses rives boueuses. Tu soupiras et lui enfilas son licol non sans avoir déposé quelques bisous sur son nez. Il y avait des traditions sur lesquelles il ne fallait pas transiger. Arrivés dans l'aire des douches, tu passas un rapide coup de jet sur ses membres. Evidemment tu dus laisser Edouard boire au jet sinon il se transformerait en petit démon sournois. Puis avec une serviette tu pris soin de bien sécher ses membres. Et ses sabots désormais révélés t'offrir une bien mauvaise surprise. Celui de l'antérieur droit présentait une seime pas très jolie qui te fit culpabiliser. Comme avais-tu pu passer à côté ? Ton moral déjà bien bas à cause des évènements en pris un coup. Refusant de craquer, tu fis refluer tes états d'âmes et alla chercher une petite râpe que tu gardais précieusement en cas de soucis de ce genre. Tu traças une ligne perpendiculaire à la seime en raclant le sabot tout en te faisant une note mentale pour trouver un moyen de faire venir le maréchal. Tu ne savais d'ailleurs pas si cela était possible. Pour limiter les dégâts, tu ajoutas une couche de graisse blonde sur ses quatre sabots puis t'occupas de passer le bouchon sur le reste de son corps.

Edouard prêt, tu enfilas ton protège-dos par sécurité et tressa tes cheveux long avant d'enfiler ta bombe. Tu pris quelques instants pour respirer profondément et dénouer un peu la boule dans ton ventre. C'était épuisant d'être sans cesse angoissé. En plus, ce n'était pas comme si Edouard avait démontré que tu ne pouvais pas lui faire confiance. Non, tu savais que le problème venait de toi. Tu ne sentais pas à la hauteur, comme d'habitude. Un soupir passa la barrière de tes lèvres tandis que tu défaisais la longe de son anneau. Edouard, plus doux que d'ordinaire, effleura ton bras du bout de son nez. Tu te forças à sourire et passa les doigts sur son chanfrein. Vous rejoignîtes la cour du haras où tu ressanglas ton diablotin qui pour une fois ne s'était même pas amusé à gonfler le ventre. Ah non, tu retiras cette pensée, il avait bien gonflé le ventre ce chenapan. A peine eus-tu fini d'étendre ses antérieurs que tu entendis des bruits de sabots claquer contre le béton de la cour. Tu redressas les yeux pour voir petit baie à l'allure sportive mené par son cavalier. Est-ce qu'eux aussi allaient sortir ? Tu fis une grimace. Pour le savoir, il fallait leur demander.

Inspirant un grand coup, tu entends alors Edouard qui a décidé de faire les présentations à votre place en hennissant joyeusement. Le baie lui répond, attirant automatiquement l'attention de son cavalier sur vous. Tu plaques instinctivement un sourire gêné sur ton visage. Bon maintenant que tu peux le voir, tu constates que le dit cavalier est un adolescent. Ce devrait être moins intimidant non ? Tu laisses un petit soupir t'échapper avant d'arrêter de te cacher en utilisant Edouard comme bouclier.

« Bonjour ! Vous aussi vous profitez du beau temps pour sortir ? »

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Tu hochas la tête quand l'adolescent te confirmas qu'il sortait bien. Puis tu te détournas pour redonner de l'attention à Edouard qui se frotter contre ton bras pour avoir des câlins. Tu les lui offris distraitement avant de passer tes rênes par-dessus ton encolure. Tu fus coupée dans ton élan en entendant la voix du jeune homme se faire entendre. Tu te retournas pour lui faire face, surprise. Il te proposait de l'accompagner. A vrai dire c'était plus ou moins ce que tu espérais mais tout de même le geste te surprenait. Son clin d'œil t'arrachas un sourire timide.

« Ce serait avec plaisir. »

Edouard semblait apprécier l'idée puisqu'il cherchait déjà à faire connaissance avec le bai à côté de lui. Ce dernier semblait intrigué par les tentatives d'approche de ton noiraud. Imitant le jeune homme, tu te reconcentras sur Edouard en lui demandant de s'écarter du bai. Tu descendis tes étriers et vérifia ton sanglage avant de monter sur son dos. Une fois que vous fûtes tous deux en selle, ton camarade prit les devants pour vous entraîner vers la sortie du domaine. Il vous fallut longer la route menant au Haras en prenant un chemin goudronné. Par chance, il n'y avait pas de circulation. Une chance car tu n'avais pas encore abordé ce genre de désensibilisation avec ton noiraud. Même si tu doutais que cela lui pose un problème. Ton petit prince allait d'un pas motivé, peut-être un peu trop rapide. Mais il faisait attention à sa distance avec le baie. Tu savais qu'il n'était pas du genre dominant au pré, et sa tendance à coller ses congénères lorsqu'il était poulain lui avait attiré quelques ennuis. Désormais il se faisait un peu plus respectueux.

Puis le couple en tête bifurqua pour prendre un chemin en terre qui quittait la route et allait se perdre dans les champs. Tu n'étais encore jamais venue de ce côté, préférant les chemins menant à la forêt lorsque tu sortais à pied. Rapidement, le chemin s'élargit et vous permit de vous mettre en botte à botte. Un peu plus rassurée par la tournure des événements mais toujours pas vraiment à l'aise, tu cherchais une bonne façon de commencer la discussion. Ce fut Edouard qui te permis de le faire en tentant de nouveau d'attirer l'attention du bai.

« Désolée, Edouard est encore un bébé dans sa tête et dès qu'il trouve un nouveau copain potentiel, il peut vite devenir un peu pot de colle. »

Tu eus un petit sourire gêné, tandis que tu caressais distraitement l'encolure de ton petit prince.

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Le terrain était agréable, plutôt ferme mais pas aussi dur que le goudron. Si Edouard avançait de façon un peu rapide, ses foulées se calèrent bien vite sur celles du baie à ses côtés. Tu fus ravie de constater qu'il ne cherchait pas à faire la course. Tu l'en félicitas d'une caresse et d'un murmure encourageant qui firent mouche puisque ses oreilles se tournèrent momentanément vers toi. Mais il y avait tant de choses à voir, à sentir, qu'Edouard ne resta pas longtemps fixé sur toi. La tête haute mais le corps détendu, son attention s'était détachée de son camarade pour observer son environnement. Il n'était pas particulièrement stressé ou angoissé, juste curieux. Tu espérais que ce trait de caractère reste avec l'âge. C'était toujours agréable d'avoir un cheval qui aimait découvrir le monde et qui sache aller plus loin que sa peur par curiosité.

Peu à peu, la légère pente du chemin se fit moindre tandis que sa trajectoire serpentait entre les champs. Ces derniers étaient encore vides de toutes machines, les récoltes commençant à peine à sortir de terre. Seuls le son étouffé des sabots contre la terre venait perturber les bruits de la nature. De plus en plus détendue, tu savourais cette sortie, profitant de la douceur du soleil. Lorsque le sentier laissa place à une belle ligne droite, ton camarade de route se tourna vers toi pour te proposer de prendre le trot. Instinctivement, ton ventre fit un sursaut. Mais tu acquiesças en mettant le minuteur sur ta montre. Tu n'étais pas franchement fan de ces montres connectées mais il fallait avouer qu'elles se révélaient très pratiques pour le sport. Et puis étant un cadeau tu n'avais pu refuser.

Tu remontas sur tes rênes en prenant soin de ne pas crisper tes doigts dessus ou mettre trop de contact. Contrairement à son camarade, Edouard avait vocation à devenir un randonneur. Il te faudrait donc lui apprendre à passer à l'allure supérieure rênes longues et à garder une cadence régulière tout seul. Mais il était encore un bébé et c'était sa première sortie. Tu préférais donc prévenir tout incident et lui montrer que tu étais toujours là pour le moment. Le reste viendrait plus tard. Inspirant un grand coup, tu fis signe à ton compagnon de route que vous étiez prêts. Dès que le bai fut lancé, tu n'eus pas à faire grand chose car Edouard l'imita aussitôt. Si ton petit prince se lança dans une allure rapide et un peu décousue, faisant pression pour faire la course, tu le remis rapidement à sa place en fermant tes doigts sur les rênes. Il secoua la tête, mécontent. Mais le baie à côté de vous et surtout son cavalier étant indifférents à l'envie manifeste d'accélérer de ton noiraud, Edouard comprit que l'heure n'était pas à la vitesse.

Ton souffle revint sans que tu te rendes compte de t'être crispée. Cette réalisation faite, tu t'efforças de dénouer tes muscles un à un. Cela te permis de réussir à mettre ton petit prince dans une allure cadencée mais pas excessive. Un coup d’œil au couple à côté de toi t'indiqua qu'ils étaient concentrés mais sereins. Ils devaient probablement se connaître depuis longtemps. Reportant ton attention sur ta propre monture, tu l'encourageas pour renforcer son bon comportement. Votre petit groupe alla ainsi sans autre incident jusqu'à ce que ta montre ne se mette à biper. Reconnaissant le son, Edouard tourna aussitôt ses oreilles vers toi et dès que tes doigts se refermèrent, il repassa au pas. Très fier de lui, tu le félicitas chaleureusement avant de craquer un morceau de carottes avec tes dents pour le lui donner. L'attention fit plaisir à ton noiraud qui avala la friandise goulûment.

Tandis que vous attaquiez la phase de récupération active, aucun de vous ne prononça un son. Edouard était trop occupé à reprendre son observation des alentours et toi tu étais trop gênée. Mais le silence n'était pas si désagréable. Surtout qu'il n'existait presque pas tant les insectes et oiseaux s'en donnaient à cœur joie pour fêter le retour du printemps. Constatant que ce qu'il y avait autour de lui ne changeait pas vraiment, ton noiraud poussa un long soupir avant d'étirer son encolure pour aller frôler le sol. Mais déjà ta montre annonçait la fin du pas et une nouvelle phase de trot. Tu remontas doucement sur tes rênes et demandas le départ à l'allure supérieure. Il te fallut batailler encore un peu contre Edouard mais il te semblait qu'il faisait cela plutôt pour la forme car il se calma bien vite revenant à une concentration studieuse. Tu l'en félicitas par une caresse sur l'encolure.

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Ta montre bipant de nouveau, il fut temps d'entamer la deuxième séquence de trot. Tu remontas doucement sur tes rênes mais fit en sorte d'avoir un peu plus de contact que lors de votre premier départ. Tu fermas tes mollets et aussitôt Edouard bondit en avant. Mais tu te fis ferme et ne le laissas pas accélérer. Tu le sentais frustrer et il secoua fortement la tête. Mais désormais beaucoup plus sûre de toi, il t'étais plus facile de savoir le remettre à sa place. Alors ton petit prince accepta de garder cette allure. Il en fut même un peu boudeur, prenant un rythme planplan qui vous fit perdre un peu de distance face à l'autre couple. Tu serras les mollets de nouveau et Edouard se fit plus sérieux. Poussant un peu plus dans son arrière-main, il reprit sa place. Tu le félicitas d'une caresse et relâcha un peu de mou dans tes rênes.

Tandis que tu te concentrais sur le maintient de son allure et sur le fait de changer régulièrement de pied, Edouard lui avait tendance à perdre en concentration. Alors tu devais le rabrouer pour qu'il laisse son camarade tranquille. Ce n'était pas le moment d'aller agacer le petit bai et ton noiraud devait comprendre qu'il était au travail. Il poussa un soupir énervé, comme un adolescent. Mais il fut enfin plus sérieux et tu pus te détendre un peu. Cela ne paraissait pas mais être sur le qui-vive pour vérifier qu'Edouard ne faisait pas de bêtises était fatiguant.

Ce fut donc avec soulagement que tu accueillis le bip de ta montre. Vous arrivâtes devant un bois que tu n'avais pas encore pris. Trop concentrée sur ton petit prince, tu n'avais pas vraiment fait attention à la direction que vous preniez. Ton attention avait été un peu porté sur le tracé quelque fois sinueux du chemin mais c'était pour mieux préparer tes demandes. Tu ne savais donc pas vraiment où tu étais, ni si ce bois était nouveau ou était un pan de la forêt où tu allais habituellement. Mais tu ne t'angoissais pas outre mesure, tes camarades de route semblant connaître parfaitement la direction à prendre.

Sous toi, Edouard cherchait à étirer son dos au maximum et ses flancs se soulevaient un peu rapidement. Il était encore jeune et même s'il était plein de fougue, il n'avait pas l'habitude de travailler son endurance de cette façon. Il fallait dire que son poil encore hivernal devait lui tenir chaud. Te penchant en avant, tu passas ta main sous son tapis pour découvrir qu'il était plus qu'humide. C'était définitif, Edouard allait devoir passer sous la tondeuse. Quand tu te redressas, tu fous surprise d'entendre le jeune homme à tes côtés prendre la parole.

« Moi, c'est Evanna. Et effectivement, ça ne fait pas si longtemps que ça que je suis là. Après je traîne plus du côté des propriétaires, c'est peut être aussi pour ça qu'on ne s'est pas croisé. »

Tu lui offris un sourire timide. Soudain, Edouard trébucha sur une racine qu'il n'avait pas vu, cherchant encore et toujours l'attention d'Easy Boy. Tu le grondas, mais observas tout de même son allure craignant qu'il ne se soit blessé. Mais non, seul son orgueil avait été touché. Reportant ton attention sur Flynn, tu continuas la discussion comme si rien ne s'était passé, même si la tête outrée d'Edouard avait agrandi ton sourire.

« Du coup, je suppose que cela fait longtemps que tu es au Haras, non ? »

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Edouard continuait de faire son possible pour attirer l'attention d'Easy Boy. Franchement le petit bai était un ange de patience pour supporter son jeune camarade énervé. Il allait falloir que tu retravailles un peu la sociabilisation parce tous les chevaux n'étaient pas aussi calme. Finalement ton noiraud décida d'abandonner et reporta son attention sur le paysage. Cela eut le mérite de ramener un peu de silence dans le groupe pour que tu puisses écouter Fynn avec plus d'attention.

Fût un temps tu aurais envié le garçon. Pouvoir rester dans le même club toutes ces années, en connaître les moindres recoins et pouvoir y traîner toutes la journée... Cela t'avait fait rêvé longtemps. Et puis Edouard était arrivé et c'était un autre grand rêve qui s'était réalisé. Tu surpris le sourire gêné de Fynn à la fin de sa tirade. Tu en comprenais bien le sens pour avoir trop souvent eu le même sur tes lèvres. Ton sourire à toi se fit plus rassurant. Tu étais contente de pouvoir discuter avec quelqu'un, d'autant plus si il se sentait assez confiant en ta présence pour parler aussi librement.

Tu allais relancer la conversation lorsque ta montre annonça la reprise du trot. Tu remontas un peu sur tes rênes mais Edouard ayant compris le signal, il démarra de lui même. Désormais bien calé, il ne cherchait plus à faire l'imbécile. Son allure studieuse t'arrachas un sourire fière et tu glissas ta main sur son encolure pour l'en féliciter. Ses oreilles se tournèrent dans ta direction avant de repartir vers l'avant. Le couvert des arbres rendaient la sortie d'autant plus agréable que les rayons du soleil étaient désormais filtrés, les assommant moins. De plus le sentier s'était désormais agrandi pour devenir un beau chemin forestier au sol agréable. Si tu savais qu'Edouard avait le pied sûr tu étais néanmoins contente de savoir qu'il ne risquerait pas de trébucher.

Après dix minutes à bonne allure, ta montre vous fit repasser au pas. Edouard souffla longuement en étirant son dos. Le travail d'endurance du trotting commençait à faire effet. Tu le remis en avant pour qu'il marche à un pas actif. Ce n'était que de cette façon qu'il pourrait récupérer et augmenter son cardio. Ton étalon soupira mais obtempéra. Tu l'en félicitas avant de te retourner vers Fynn.

« Ça doit quand même être bien de pouvoir monter autant de chevaux différents. Tu dois avoir un super niveau avec ça. »

Même si tu adorais Edouard, tu savais que ton niveau pouvait poser problèmes. Tu n'avais donc jamais hésité à le faire monter par des gens plus compétents mais en attendant, il était vrai que toi tu ne voyais que lui. Ce qui n'était peut être pas la meilleure chose à faire. Peut être que prendre quelques cours avec des chevaux du Haras ne serait pas une mauvaise idée après tout.

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Après le retour au pas, tu étais très fier d'Edouard. Malgré son côté encore un peu enfantin il s'était mis correctement au travail. Tu sentais que cela commençait à tirer un peu sur son souffle mais c'était surtout sur sa concentration que cela était le plus dur. Rênes longues, tu le laissas reprendre son souffle, caressant son encolure humide. La forêt céda bientôt sa place, vous faisant vous retrouver de nouveau au milieu des champs. Fynn t'expliqua qu'il y a avec encore une belle ligne droite avant de retrouver le ravel puis le domaine. Les yeux du garçon pétillaient quand il te proposa de faire un galop pour clôturer votre sortie. Tu hésitas, te demandant si tu n'en demandais pas trop à Edouard. Mais ton noiraud s'était déjà redressé en voyant l'étendue devant lui. Tu acceptas donc. Le sourire de Fynn en fut si éclatant que tes lèvres s'étirèrent aussi.

Tu remontas sur tes rênes, reprenant un peu de contact pour qu'Edouard ne  se permette pas non plus de partir à fond les ballons. Esay Boy à vos côtés s'était lui aussi redressé. Si tu savais que le départ au galop était une difficulté pour ton protégé, tu n'eus pas le temps de le lui demander. Imitant son camarade, Edouard s'élança dans la même foulée. Tu aurai peut être dû le gronder pour ce départ volé mais il avait déjà suffisamment bien travaillé pour lui offrir ce petit coup de folie. Ce moment de liberté ravi d'ailleurs tellement ton jeunot qu'il ne put refréner une ruade joyeuse. Mais tu avais prévu le coup en te plaça légèrement en équilibre sur ta selle.

Edouard tirait sur son mors pour accélérer et dépasser le bai à ses côtés. Il avait du mal à comprendre que ce n'était pas une course comme il avait pour habitude de le faire dans les prés. Mais comme toujours ton adorable petit prince finissait par se ranger à ton avis. Pour l'en récompenser, tu laissas tes rênes filer un peu pour lui laisser du lest. Vous continuâtes ainsi à bon train jusqu'à ce que la route ne réapparaisse. Fynn te fit signe qu'il était temps de repasser au trot. Cela fut un peu compliqué pour Edouard qui voulait encore courir mais quand il revint à l'allure demandée, tu vis qu'il était clairement essoufflé. Seulement, il était trop orgueilleux pour se laisser avoir. Que voulez-vous, il était encore dans la fougue de la jeunesse. Tu le laissas trotter, rênes longues, le félicitant abondamment. Quand vous eûtes atteint le ravel, il fut temps de reprendre le pas. Tu devais avoir les joues rouges toi aussi, car il ne fallait pas se leurrer, ce genre de sortie était tout aussi sportive pour le cavalier.

Le retour se fit silencieusement avec pour seul bruit les sabots des chevaux contre le macadam et leur quelques soupirs. La sortie avait été plus que profitable. Tu avais réussi à outrepasser ton angoisse, Edouard à rester calme même en présence d'un congénère. Tu ne doutais d'ailleurs pas que vous aurez des courbatures le lendemain. Heureusement, tu avais acheté une huile à base d'arnica que tu pourrais lui passer après la douche pour limiter les dégâts. Il n'était d'ailleurs pas improbable que tu l'utilises sur ta propre personne car lorsque tu mis pieds à terre dans la cour du Haras, tu avais les jambes tremblotantes. Après avoir dessanglé Edouard de quelques trous pour que la selle masse son dos le temps de rejoindre l'aire de pansage, tu te tournas vers Fynn et Easy Boy.

« Ce fut une chouette sortie. Si jamais ça te tente de recommencer un jour, n'hésite pas à me le dire, ce serait avec plaisir. »