Juventus

Juventus

Le cheval alezan trottait d'une foulée ample et magnifique. Ses membres s'agitaient souplement dans une impulsion parfaite alors que sa crinière et sa queue étaient balayées par le vent printanier qui soufflait en couchant l'herbe verte de la prairie. Les rayons du soleil semblait enfin annoncer une journée meilleure. Ils sublimaient aussi les éclats de feu de la robe alezane du trotteur tout en faisant scintiller sa liste immaculée et ses petites balzanes. Elle avait l'impression de ne pas être sortie depuis une éternité. La blessure d'Idylle avait pour elle, été un coup très dur. Les nuits de sommeil s'étaient faites de plus en plus rares et courtes alors que l'état instable du poney empirait. Les cernes profondément encrés sous ses yeux en était les témoins. A présent libéré d'un lourd poids, elle pouvait enfin se concentrer sur ses deux autres chevaux. Elle commençait à se demander si elle avait fait le bon choix en achetant cet étalon. Si le travail à la longe et en main s'était montré toujours aussi peu fructueux, elle n'avait pas encore eu le courage de grimper sur son dos. Ni sur celui de Douceur par ailleurs. Les seuls équidés qui avaient rythmés ses journées étaient June et Idylle et elle réalisait seulement le temps perdu en voyant la magnificence et l'air hautain de ce magnifique étalon qui était désormais le sien. Ses muscles saillaient sous sa peau et menaçait de l’exposer alors que dans un équilibre presque parfait il décrivait des courbes serrées et des demi-tours hallucinants. Brûlant d'excitation, le pré semblait être pour lui un véritable échappatoire. Ses veines saillantes parcouraient tout son corps en formant un véritable labyrinthe relevant encore plus la puissance de chacun de ses mouvements. Elle souffla un instant, exhalant un long soupir hors de son corps, ses soucis s'envolèrent un instant avec ce soupir qui venait du plus profond de son âme. L'étalon s'immobilisa et tourna le regard vers elle. Il gonfla ses naseaux et son poitrail avant de pousser un long hennissement aigu. Il se campa sur ses postérieurs avant de se dresser de toute sa hauteur en battant l'air de ses sabots.

Un sifflement sortit d'entre mes dents, le cheval dressa les oreilles et retomba instantanément au sol. Une chose étrange se produisit soudain alors que je fixais le vague. Le cheval fit un pas en ma direction puis un autre et encore un. Je pouvais presque sentir son souffle chaud quand il s'ébroua conscient de son action avant de repartir dans l'autre sens dans un de ses sauts de moutons ressemblant à une cabriole qui m'étonnait tant. Il repars dans un galop décousu vers le fond du pré en poussant un petit hennissement. Je jette un dernier coup d’œil et m'éloigne à nouveau laissant le cheval paître tranquillement dans son pré.

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Maj