❃ Chevaux de Kyare (carrière).

Suivie de mon poney, je pénètre dans la carrière et m'arrête en plein milieu pour ressangler Majesté. Je suis seule et ça m'arrange bien. Une fois mes étrivières réglées ainsi que ma sangle, je mets le pied à l'étrier et me hisse sur le dos du poney dans la plus grande des classes. Bon, le montoir n'a jamais été mon point fort, mais passons... une fois en selle, je prends le temps de regarder autour de moi. Je me sens grande. Et je me sens bête de me sentir grande. Bref, pleins d'émotions à la fois. Je me rends compte que j'ai laissé ma cravache au box... je ne changerai donc jamais ! Je décide de faire sans, tant pis. J'ajuste mes rênes puis resserre les mollets et... rien. Je donne un coup de talons discrets, puis un deuxième accompagné d'un claquement de langue et il se décide finalement à partir au pas. Un pas mesuré, lent. Ne prêtant pour l'instant pas trop attention à ce dernier point, je lui fais faire plusieurs tours de piste, puis lui demande le trot. Il fait quelques foulées et ralentis presque immédiatement pour revenir au pas. Y mettant cette fois un peu plus de détermination, je le fais partir au petit trot. Je tends les rênes et place ma main intérieure vers le garrot, ma jambe extérieure en arrière de la sangle et la jambe intérieure à la sangle. Comme espéré, il vient "s'enrouler" autour de ma jambe mais repasse au pas. Je ne sais pas si c'est un bon ou un mauvais point : il sait donc s'incurver mais sans cravache, je n'irais pas bien loin... je m'arme de patience, lui demande le trot une troisième fois et change de main afin de recommencer l'exercice. Cette fois j'arrive à garder le trot un peu plus longtemps mais dès que je baisse la garde, il revient au pas.- Flemmard !
Je m'exclame en lui tapotant l'encolure. Je n'ai monté qu'une quinzaine de minutes, essentiellement au pas mais je décide que c'est assez pour aujourd'hui. Je descends de ma monture après l'avoir félicitée tout de même et me dirige vers l'écurie d'un pas actif, le forçant par l'occasion à marcher un peu plus vite que dans la carrière.

→ Box.

La carrière est libre encore aujourd'hui. Je rentre dans la partie prévue à la pratique du saut, arrête mon poney au milieu après avoir refermé l'entrée et me trouve soudain bien embêtée. Adieu, jours oisifs où le moniteur installait gentiment les obstacles à notre place ! Désormais je vais devoir descendre à chaque changement. Je soupire et installe un petit croisillon d'un côté de la carrière, et des barres au sol de l'autre. Chose faite je monte à cheval, et lui demande le pas. Majesté s'exécute et prends un pas lent, mesuré. J'essaie de lui faire faire des transitions dans l'allure, un pas lent dans les largeurs de la carrière, allongé dans les longueurs, mais c'est plus facile à dire qu'à faire ! Le cremello refuse d'avancer, et je dois user de mes aides naturelles pour le faire avancer. Je n'utilise pour l'instant que le moins possible ma cravache, mais ne néglige pas le contact avec la bouche du poney, ce qui n'aide pas. Au bout de dix minutes de tours de carrières au deux mains, je le fais trotter. Il s'exécute mollement, traînant des sabots dans le sable. Je recommence l'exercice qui est cette fois, un peu mieux réussi, puis passe sur les barres au sol. Il est toujours aussi mou, ne manquant pas une occasion de ralentir si je baisse la garde. Je fais quelques passages puis place mes aides et lui demande un départ au galop. Il s'exécute sans trop d'entrain, et même si je dois constamment resserrer les mollets ou tapoter son épaule de ma cravache, je suis agréablement surprise de constater que je n'ai pas à trop forcer pour passer d'une allure à l'autre. Je ne supporte pas de faire plusieurs tours de piste au grand trot pour un simple départ au galop... Je fais un tour assez lent au galop, le fais repasser au trot, change de main et fais un autre tour de petit galop à l'autre main. Cette fois, je me dirige vers le petit obstacle, me prépare mentalement, me hisse légèrement sur mes étriers à l'approche de celui-ci et le poney fait un petit bond au dessus de l'obstacle. Je lui tapote l'encolure pour le féliciter. Ce n'était pas bien haut, mais sauter m'avait manqué ! Qui plus est, le poney a un bon coup de saut. Je pourrais sans doute en faire quelque chose si j'arrivais à le réveiller un peu ! Je m'amuse à sauter le croisillon trois fois encore, puis descend et installe un vertical un peu plus haut. Je déplace les barres au sol et n'en laisse que deux où il y a approximativement quatre à cinq foulées pour un grand cheval entre, et où le français de selle en fera sans doute six si je ne le pousse pas, puis remonte à cheval. Je lui redemande un départ au galop, et en arrivant sur les barres au sol je compte mentalement les foulées : zéro, un, deux, trois, quatre, cinq, six. Je conserve le galop jusqu'à l'obstacle, resserre légèrement les mollets pour l'encourager. Il ne semble pas hésiter à sauter et continue même de galoper sur quelques mètres avant de se remettre à trotter. Je le félicite et décide de clôturer la séance sur ce dernier saut, satisfaite. Je range rapidement chandeliers et barres avant de quitter la carrière.

→ Box.

En arrivant au haras de Pado aujourd’hui, une question me trottait dans la tête. Acheter Majesté était-il une bonne idée ? Après tout, je n’avais repris l’équitation que depuis 3 semaines – qu’est-ce qui me disait que je ne me lasserait pas très vite ? Et dans un autre sens, pourquoi aurait-je envie d’abandonner ma passion si récemment retrouvée…? Comme toutes les gosses qui avaient fait de l’équitation j’avais toujours rêvé d’avoir un cheval – maintenant que j’en avais l’occasion en plus d’avoir le temps et l’argent pourquoi m’en priver ? Je chasse ces pensées de mon esprit, et me dirige vers la carrière. Encore du saut pour aujourd’hui, j’ai envie de voir de quoi l’objet de mes réflexions est capable. Je dresse quelques croisillons en piste intérieure pour l’échauffer, puis au centre de la carrière place un vertical à environ quarante centimètres. Ce sera une sorte de puissance, mais je la ferais toute seule. Mon petit parcours installé, je m’en vais préparer Majesté et revient une dizaine de minutes après.

Je monte à cheval et l’échauffe pendant de longues minutes, au pas, au trot, puis je fais un tour de carrière au galop. Je le fais repasser au trot, et passe sur les petits croisillons, qu’il enjambe avec facilité, aux deux mains. Je repasse ensuite sur les petits obstacles, au galop cette fois-ci. Malgré le fait qu’il traîne des pieds, les croisillons sont passés sans difficulté. Je conserve le galop, bien qu’un peu mou suffisant pour le petit vertical, et me dirige vers ce dernier. Je me mets légèrement en équilibre et baisse les mains à l’abord. L’étalon franchit sans difficulté et je le félicite. Comme il n’était pas bien difficile à passer, je ne le fais qu’une seule fois de plus avant de descendre. Je demande à Majesté de rester immobile à un point précis de la carrière grâce à la séance de la veille et monte l’obstacle de vingt centimètres. Je remonte à cheval et lui fais reprendre le galop, cette fois-ci en le poussant davantage. Il semble hésiter un peu à l’abord de l’obstacle mais je ne me laisse pas avoir cette fois-ci et donne un petit coup de talons pour l’encourager. Il couche un peu les oreilles mais s’envole avec facilité au-dessus de l’obstacle. Magique ! J’avais presque oublié cette sensation de s’envoler au-dessus d’un obstacles… ce qui ne manque pas de me refaire cogiter à propos de l’achat du poney. Je passe l’obstacle aux deux mains, et même si je dois continuer à le pousser, je me dis que je n’ai pas fait un mauvais choix… il a un bon, très bon même, coup de saut ! Le même exercice est réalisé pour le vertical qui s’élève à quatre-vingt centimètres, il fait tomber la barre la première fois mais saute correctement la  seconde.

Je descends une cinquième fois et monte l’obstacle à quatre-vingt-dix centimètres. J’imagine qu’il en est capable sans trop de difficulté, vu son âge et ses précédentes réussites, néanmoins je me méfie toujours. Il est tout aussi capable de refuser… Cette fois, hors de question de le laisser à ce galop soporifique. Je lui donne un bon coup en avant, des jambes surtout car j’essaie d’éviter la cravache si ce n’est pas nécessaire. Et là, miracle, il se met à galoper à une allure à peu près normale pour un poney de sa taille ! Profitant de l’occasion, je l’amène sur l’obstacle et ne lui laisse pas le temps de se décourager. Je m’assieds bien dans ma selle, baisse les mains, les rênes tendues, en le poussant un peu de l’assiette. Je regarde au loin et me soulève de la selle lorsqu’il bat des antérieurs, puis s’élève au-dessus de l’obstacle. De mes mains je garde toujours le contact avec sa bouche, accentuant ma pression sur les étriers pour me soulever encore un peu, jusqu’à ce que les antérieurs touche à nouveau le sol. Je retombe un peu brusquement dans la selle, mais ne me laisse pas déstabiliser et lui fait reprendre la même allure. Décidant que c’est suffisant pour aujourd’hui, je l’incurve sur un cercle et le fait ralentir progressivement. Il souffle des naseaux tandis que je flatte son encolure, fière de lui. Il faut avouer qu’avec sa bouille et de pareilles performances, il y a de quoi avoir envie de craquer… la nuit porte conseil, comme on dit, et j’aurais tout le temps d’y penser ce soir, jusqu’à demain après-midi, ainsi que d’en parler à mes parents (même si, ne dépendant plus d’eux, je ne compte pas trop leur demander leur avis…).

Je rentre Majesté au box, m’en occupe longuement. Je l’emmène ensuite vers les paddocks, j’en ai vus quelques uns de libres et il l’a bien mérité. Je le lâche d’en l’un d’entre eux et il s’éloigne tranquillement pour brouter alors que je rejoins le parking, ayant de quoi cogiter pour la soirée.