Un petit sourire se glissait sur mes lèvres lorsque j’arrivais dans les écuries. J’allais pouvoir voir le grand frère de la jolie Suerte, avec qui j’étais toujours au travail. Il ne semblait pas avoir un caractère beaucoup plus stable qu’elle, mais d’une manière bien différente. L’étalon était étonnamment beaucoup plus grand que sa sœur et avait une belle couleur dorée, celle qui fait rêvé. Son modèle est indiscutablement beau, tous deux ont eu la chance de bien sortir.
Lorsque j’avance vers l’aire de pansage où il est censé m’attendre depuis deux petites minutes, je fais le point. Pour réussir à être parfaitement juste avec Sueño, je vais devoir arrêter de le comparer à sa sœur. Une fois cette mauvaise habitude relevée et effacée, je m’avance vers lui en l’appelant et en lui tendant immédiatement un bout de pomme à la vue de ses oreilles bien en avant. Il semble dans un bon jour alors nous n’allons pas le prendre à rebrousse-poil. Un bon pansage est de mise pour commencer à faire connaissance, je m’y attèle immédiatement pour éviter de le faire patienter trop de temps.
Le rond de longe est bien étudié pour mettre à l’aise les chevaux et Sueño m’a gentiment suivi à l’intérieur sans se poser de questions. Je le félicite souvent et lui donne de minuscules rations de friandises pour qu’il conserve sa bonne humeur, c’est même moins que le quart d’une friandise habituelle. De temps en temps, tu remplaces même la dite friandise par simplement ta main à plat. L’étalon est persuadé d’avaler quelque chose, c’était tout bénef pour nous deux. Ma main sur l’encolure, je lui présente un tapis de selle, nous rentrons dans le vif du sujet. L’isabelle le renifle plusieurs fois, sans y trouver d’autres odeurs chevalines. Il ronfle un peu mais sans plus ce qui me permets de commencer à lui passer sur le corps. Il regarde un peu ce que je fais, parce qu’il semble perdu, mais ne bouge pas plus que ça, sauf quand j’arrive aux membres. Comme pour vouloir me donner le pieds, je le caresse et lui donne la friandise seulement lorsqu’il repose le sabot au sol.
Une fois sur son dos, je constate que Sueño fait tout le temps trembler son garrot lorsqu’il a un tapis dessus. Je le laisse faire et passe à la selle. Légère et adaptée à son corps, un dos plus rond que la plupart des autres chevaux. La sangle le fait ronfler à cause du bruit, mais dès qu’il se calme, il gagne une friandise et ainsi il reste concentré et calme. Une fois la selle sur son dos, l’isabelle se tend sans bouger, je le félicite avec une caresse mais ne lui donne la friandise que lorsqu’il se détend. Étrangement, il le fait durant le sanglage, sans que je ne comprenne pourquoi, peut-être redoutait-il autre chose ?
Le filet est plus chaotique. Sueño ne me laisse pas passer ls rênes au-dessus de la tête, il s’agace, il s’agite. Sa queue fouette dans l’air et ses oreilles ses couchent. Je ruse avec un bonbon afin qu’il passe la tête dedans, une fois que c’est fait, l’étalon se sent un peu benêt. Nous recommençons l’exercice sans pour autant faire de vagues. Il semble comprendre doucement que les rênes n’attaquent pas, bon point petit bout, bon point. Tout ce qui lui touche la tête semble franchement l’emmerder, comme si les problèmes venaient vraiment directement dans la figure. Nous prenons notre temps, durant beaucoup de minutes, le tout beau semble hésiter, puis finalement accepter la présence de ce filet. J’en profite alors pour lui faire ouvrir la bouche afin qu’il puisse voir ce qu’était un mors. Aussitôt, il redresse la tête, mais l’odeur d’un bonbon vient lui donner du courage. Sueño se ravise alors et renifle, il fini par accepter le mors et se voit récompensé d’un mors au goût de la pomme. Ses oreilles se revissent vers l’avant immédiatement et il joue avec son nouveau cadeau pour se rassurer. Lorsque je le sens prêt, je lui montre un peu l’utilité du mors en le faisant tourner à droite puis à gauche. L’étalon ne bronche pas, tant qu’il peut saliver sur ton petit morceau.
Je suis très fier de ce petit bout d’étalon, il se montre courageux même lorsqu’il n’en a pas envie. Bien sûr, nous devrons retravailler tout ça, surtout avec moins de bonbons. Mais c’était un premier contact doux, afin de lui faire petit à petit accepter son nouveau quotidien.
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Whappa
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Ven 27 Nov - 12:06
Ca fonctionne réellement cette technique qui consiste à duper le cheval en faisant semblant de lui offrir une friandise? :')
+ 5/5 port du harnachement + 2 en confiance
+ 4
Pistil
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Sam 28 Nov - 15:31
DÉBOURRAGE
Avec Sueño
◊ ◊ ◊
Les semaines étaient passées et Sueño avait bien adopté sa nouvelle vie de cheval qui travaille. Contrairement à ce que nous redoutions, il s’était même avéré être très volontaire et donneur, même s’il avait parfois ses mauvais jours.
Nous avions opté pour un rond de longe assez haut afin qu’il ne soit pas déconcentré par les autres chevaux. Il a les hormones qui se réveillent un peu et l’isoler lui permettra de mieux se concentrer. Surtout qu’aujourd’hui, nous attaquons la longe. Sueño connait certaines bases, mais il faut que nous approfondissions, ses réponses ne sont pas immédiates et il tend parfois à ne pas écouter et foncer tête baissée. Il se permet également de tester s’il voit une ouverture dans le comportement, avec une jambe un peu trop haute ou un mouvement trop proche. Je l’installe donc au pas à main droite, afin qu’il se sente à l’aise, il n’est pas véritablement mieux d’une partie plutôt qu’une autre, mais je le sens parfois plus ouvert et réceptif. Son pas est correct, énergique mais à sa place, je ne lui en demande pas plus. Lorsque je demande un arrêt, l’étalon galère un peu, il réfléchit mais fini par se poser à l’arrêt, je le félicite immédiatement et lui redemande le pas.
« - Allez, Sueño, trot-ter ! »
Ma voix énergique et rythmée le fait aller plus vite, puis il démarre au trot en sautillant un peu et lançant son encolure, je ris un peu et le laisse faire en le félicitant. Il est démonstratif, mais reste pour l’instant à sa place et n’est pas menaçant. Je ne le laisse pas faire un tour complet sans lui demander un pas, un trot ou un arrêt. Bien sûr je veille à ne pas sauter d’étapes entre deux transitions afin de ne pas lui compliquer la tâche. Je le veux vif mais agréable et j’aimerai qu’il y trouve son compte. Pourtant, il peine toujours à démarrer, il se laisse plutôt tomber dans l’allure. Je prends alors une posture plus sévère, étant encore plus précis dans mes doigts et un peu plus rapproché avec ma chambrière pour l’encadrer. Je me montre également moins patient, s’il ne réagit pas assez rapidement, je lui redemande immédiatement. Ce changement étonne un peu l’isabelle, mais ne semble pas le contrarier, mes demandes doivent être plus claires pour lui et ça roule bien mieux ainsi. Lorsque je suis content de lui, je le félicite et l’arrête pour changer de main. Nous recommençons l’exercice mais cette fois, avec la bonne attitude pour lui immédiatement. Je m’engage alors à lui demander le galop, lui laissant un peu de temps pour réfléchir, mais pas assez pour être imprécis, l’entier part alors avec un mouvement de queue et allonge un peu trop l’allure. Il se surprend au virage et ralentit de lui-même avec mes félicitations. Afin de ne pas faire trop durer la séance, je redemande deux fois toutes les transitions, qu’il me donne d’une manière propre pour son niveau et avec une meilleure réaction. Je le laisse là-dessus après l’avoir fait souffler et le caresse, il semble plutôt fier de lui et n’attend qu’une chose : La pomme !
(c) oxymort
Whappa
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Sam 28 Nov - 16:30
Les débourrages semblent être un plaisir avec toi!
+ 5/5 longe aux trois allures
+ 2
Pistil
Cavalier du Jurassique Millénaire
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Jeu 3 Déc - 14:35
DÉBOURRAGE
Avec Sueño
◊ ◊ ◊
Je venais peaufiner les dernières étapes avec Sueño, c’était maintenant un grand cheval un peu plus sage qu’avant et étonnamment volontaire sous la selle. Après ses séances de longes, nous avions entreprit d’ajouter l’équipement et le poids à ses séances. Afin de l’habituer aussi en extérieur et éviter qu’il ne s’ennuie, nous allions souvent faire des tours ensemble à pieds. Les premières fois étaient amusantes, mais l’isabelle c’était bien habitué.
C’était l’heure du bilan final, nous avions maintenant pas mal d’heures dans les membres, j’étais grimpé dessus. Ce n’était pas une partie de plaisir au début, car il avait décidé de faire sa forte tête, de bouger au montoir, de ne pas écouter mes demandes. Mais plutôt que de l’obliger, j’acceptais et nous passions de longues minutes à ne pas bouger, jusqu’à ce qu’il s’ennuie. Les premières foulées de pas avaient été difficile, il n’était pas habitué et le poids le choquait un peu, il n’arrivait pas à s’y faire. Le trot avait beaucoup plu au mâle, il semblait être plus à l’aise et moins réfléchir, bonne chose. Lorsqu’ils avaient abordé les tournants et l’arrêt, catastrophe ! L’isabelle se trouvait furieux, il avait fallu de la patience avant de lui faire comprendre certaines règles. Durant les séances d’après, nous avions gagné en aisance et j’avais même tenté de lui apprendre quelques figures de manège, pour commencer gentiment. Sueño était devenu attentif et dès qu’on se mettait au travail, il semblait détester les pincettes que je pouvais prendre avec le travail d’un jeune.
Aujourd’hui, nous allions voir s’il a bien tout retenu. Il est prêt au montoir et ne bouge pas, même lorsque je ressangle, même lorsque je monte dessus. Une fois en selle, je le félicite abondamment et tâche de ne pas l’ennuyer en lui demandant immédiatement un bon pas énergique. Les rênes correctement ajustées, les talons vers le bas, je lui faisais bien faire les angles avant de faire un large cercle démarrant de la longueur. Mes demandes sont précises et Sueño les comprend bien. Une bonne dizaine de minutes plus tard, je lui demande le trot, il se tend un peu dans le dos et démarre correctement. Je prends bien soin de ne pas le froisser et mes mollets se font francs, sans pour autant ne pas êtres doux. Il trotte aisément dans tout l’ensemble du manège sous le regard bienveillant de la personne qui m’a engagé. Venue assistée spécialement à cette reprise. Nous repassons au pas, tournons, changeons de main, je montre bien que le mâle peut s’arrêter et reprendre peu importe sa position dans le manège. Qu’il tien bien la ligne directrice et qu’il aurait même tendance à s’incurvé facilement. Mais je ne touche pas à ça pour l’instant, je souhaite seulement qu’il montre qu’il comprend ce qu’on lui demande et si possible rapidement. Nous repassons au pas pour ressangler et vient le moment du galop. Sueño n’a pas eu de mal avec les départs, durant son apprentissage, il ne tombait pas dedans. Il restait droit et plutôt haut dans les antérieurs, ce qui lui donne parfois une allure étrange. Monté, il a eu un peu de mal, avec le poids que j’avais, il devait se re-équilibrer. Lorsque nous repartons sur la piste au trot, je le lance au galop, un tour de manège, puis au trot. Nous recommençons à divers endroits. Je le félicite et lui caresse longuement l’encolure. Très fier de lui, je pense que nous avons réussi l’examen fictif !
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etoly
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Sam 5 Déc - 21:11
Débourrage terminé
+ 5 en débourrage
+ 3
Kyare
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Dim 28 Fév - 8:00
morning stretching
shut up & zacchary
domaine d'istalri, rond de longe, début de matinée
Zacchary avait décidé d’acheter un licol au nom de sa jument de tête. Shut Up avait déjà un vieux licol en cuir, mais celui qu’il tenait entre les mains était neuf, la matière brune fraîchement nettoyée et l’un de ses montants arborant fièrement une plaque dorée au nom de la jument baie. Lorsqu’il arriva dans l’écurie de manière particulièrement matinale, la croisée releva la tête à son approche, avisant ce qu’il tenait entre les mains sans trop s’en préoccuper. Le jeune homme l’accueillit de son habituel caresse sur le chanfrein avant de pénétrer dans le box pour lui passer sa nouvelle acquisition : le licol lui allait comme un gant. Avec un léger sourire, il fit sortir la brune du box, l’amenant jusqu’aux stalles de pansage où il profita de son pansage pour faire un rapide bilan de son état ; Shut Up était cependant en pleine forme comme à son habitude, et aucune blessure survenue durant la nuit n’était à signaler. Il finit ses soins en faisant de sa crinière des couettes : elle était un peu longue et avait tendance à ne pas se mettre du même côté de l’encolure, ce qui était un peu handicapant quand il s’agissait de pionter en concours. Ainsi, de temps en temps, il rabattait le tout d’un seul côté, mais force était de constater que cette solution n’était que temporaire. Enroulant son dernier élastique tout de même, il détacha ensuite sa jument, accrochant au licol une longue longe destinée au travail au sol : quoi de mieux pour inaugurer son licol qu’une petite séance de longe ? Il ne mit rien de plus à sa jument ; elle connaissait son boulot et le licol seul lui suffirait amplement.
Il amena finalement Shut Up jusqu’au rond de longe dont il ferma la porte derrière lui. La croisée sachant d’instinct ce qu’elle devait faire resta sur la piste, et partit au pas au claquement de langue de son cavalier. Ce dernier, se plaçant au milieu de la piste, la fit un peu accélérer afin qu’elle adopte une allure plus convenable et surtout, qu’elle vienne chercher à tendre sa ligne du dessus, ce qu’elle ne tarda pas à faire finalement, gardant la tête un peu basse et les oreilles tournées vers lui, à l’écoute. Il la fit bien marcher : comme c’était le début de matinée, elle sortait fraîchement du box et il devait la mettre en route. Au bout de quelques minutes, il la fit changer de main pour ne pas la laisser toutefois tourner en rond bêtement ; si elle était plutôt soucieuse de bien faire, il veillait à ne pas l’ennuyer de trop. Allongeant un peu son allure à la demande du jeune homme, la baie relevant la tête, se laissant distraire quelques secondes par un puissant hennissement probablement envoyé par l’un des chanceux ayant déjà rejoint son pré pour la journée. Malheureusement pour la brune, en sa qualité de cheval de tête, il était fréquent qu’elle soit la première à être travaillée, et donc la dernière à rejoindre son pré le matin. Elle ne semblait pas trop mal le vivre cependant : Zacchary savait qu’elle n’était pas des plus sociables, quoiqu’elle n’ait pas de mal à s’intégrer – souvent en s’imposant – dans un petit groupe. Il n’eut cependant qu’à claquer à nouveau de la langue pour que la croisée revienne à lui et au travail, glissant bientôt au trot sur commande de son cavalier.
Malgré ses origines purement de cheval d’obstacle, elle avait des allures plutôt légères, et un certain charisme ainsi sans artifice. Trottant la tête haute mais toutefois les postérieurs engagés dans une bonne attitude, elle gardait une oreille concentrée tournée vers son cavalier. Il la fit à nouveau changer de sens puis lui fit faire une transition au pas dans le calme à la voix, constatant que cette aide marchait plutôt bien avec elle pour les transitions descendantes. La baie marcha tranquillement quelques mètres, puis reprit le trot au claquement de langue de Zacchary, changeant à nouveau de sens puis retombant une deuxième fois dans le pas une fois revenue sur la piste du rond de longe. Le jeune homme la laissa marcher quelques instants, puis lui redemanda le trot, et aussitôt qu’elle eut adopté cette allure, le galop ; pour ne pas l’user, elle n’en fit qu’un tour à chaque main, puis se laissa revenir au trot, nez frôlant presque le sol quelques foulées avant qu’elle ne relève la tête et ne vienne exagérer son allure quelques foulées, bondissant davantage comme un biche qu’un équidé, ce qui fit souffler du nez le cavalier qui la rappela néanmoins à l’ordre : elle aurait tout le loisir de dépenser son énergie en trop une fois au pré, mais il la voulait calme pour conclure sa séance. Shut Up repassa finalement au pas, puis s’arrêta tandis que Zacchary s’approchait d’elle en repliant sa longe, posant le plat de sa main contre son chanfrein pour le frotter momentanément, avant de se diriger vers la sortie du rond de longe, la baie lui emboîtant le pas tranquillement. Il était temps qu’il la confie à son groom avant qu’elle ne rejoigne son pré ; pour sa part, il avait d’autres chevaux à aller travailler.
event 25Les cadeaux personnalisés font souvent chavirer le cœur des amants, alors pourquoi votre équidé n'aurait-il pas le droit au sien aussi ? Licol ou tapis de selle, vous décidez de graver un cadeau à son effigie et l'utilisez dans l'une de vos séances de travail, qu'elle soit montée ou non. (1 saillie gratuite)
Messages : 57764 Inscription : 17/11/2016 Age : 23
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Dim 28 Fév - 20:46
Shut Up, sans doute l'une des meilleurs jument du forum
objectif validé + 2 pts en confiance + 3 pts en soins + 3 pts en longe + 8
cadeau màj
Kyare
Cavalier pro - niv. 0
Messages : 14392 Inscription : 27/10/2020
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Dim 11 Avr - 21:05
un autre point de vue
poésie & ophelia
écuries x, rond d'havrincourt, fin de matinée
Se tenant bien droite sur la petite jument, Ophelia n’osait pas trop toucher aux rênes. Si elle avait le niveau pour et qu’elle ne montait Poésie que lorsqu’elle était encadrée, elle n’avait pas encore tout à fait l’habitude des jeunes chevaux et malgré son caractère doux et déjà plus facile que Klassic – qui n’était pourtant pas un mauvais bougre – l’assurance de l’adolescente se trouvait généralement un peu diminuée lorsqu’il s’agissait de monter la ponette cremello. Surtout qu’aujourd’hui, elle serait sous l’œil attentif d’un cavalier professionnel dont ses parents avait payé un stage une certaine somme. C’était une occasion unique, et sa sœur ne serait pas là pour lui voler la vedette. Elle comptait faire impression auprès de son instructeur, et rendre fière Romain, son coach habituel, qui lui avait conseillé le cavalier. Ce dernier lui avait demandé de monter dans le rond d’Havrincourt de son domaine, où elle avait déplacé ses chevaux les quelques jours de son séjour, puisque le manège et la carrière étaient occupés par le concours interne qui devait se dérouler dans l’après-midi. Si elle n’avait pas l’habitude de ce genre d’installations, elle n’y voyait pas d’inconvénient propre, et puis la ponette allemande, de toute façon, ne semblait jamais particulièrement dérangée par le changement. Égale à elle-même, elle avait les oreilles pointées vers l’avant, curieuse mais pas craintive, et marchait d’un pas qui pouvait encore être jugé un peu mou, ce qui était toute somme faite habituel à ses débuts de séance. Pour ne pas la faire tourner en rond inutilement, Ophelia se mit à décrire quelques figures au pas dans l’ovale, demandant de temps à autre un arrêt à sa monture dont la sagesse était exemplaire, attendant son professeur qui devrait arriver d’un moment à l’autre.
Quand il arriva, pile à l’heure qu’il avait donné à la brune – ce qui la satisfit grandement, n’aimant pas les gens qui ne savaient être ponctuels – elle avait déjà un peu plus confiance en elle, la cremello se montrant parfaitement réceptive à ses demandes bien que simples. L’homme la salua, offrant une main à sa ponette en s’approchant, que cette dernière vint sentir du bout de ses naseaux roses, pas timide pour un sou. Ayant déjà eu une idée de son niveau pour l’avoir vue progresser avec son second poney, le cavalier lui demanda de commencer directement par finir sa détente. Ophelia demanda le trot à sa ponette, qui s’y mit avec entrain, toujours soucieuse de bien faire. La jeune fille n’eut qu’à l’inciter un peu à avancer afin qu’elle adopte une allure un peu plus dynamique. Sous l’œil attentif de l’instructeur, elle détendit l’allemande aux trois allures, félicitant cette dernière dès qu’elle osait prendre un peu plus de contact avec le mors pour l’encourager dans cette voie. Après quoi, l’homme au centre revint la voir, lui demandant où en était exactement Poésie dans le travail – c’est à dire pas très loin, la ponette allant seulement sur ses quatre ans et Romain étant particulièrement soucieux de ne pas la faire travailler de trop comme elle était encore jeune – et lui proposa de travailler sur des figures de manège simples, qu’il lui fallait réaliser de la manière la plus fluide possible. Attentive à ce que le cavalier lui demandait, la brunette fit décrire à la crème de nombreuses figures, notamment des serpentines et demi-voltes, dont elle soignait les courbes. Si elle n’avait pas l’habitude d’évoluer dans une telle installation, il fallait admettre que le rond était suffisamment grand pour évoluer même sur des lignes droites, et se prêtait toute somme faite très bien à l’exercice ; de plus l’allemande était très attentive. Flattant son encolure à la fin d’un ultime doublé, Ophelia revint auprès de l’instructeur, qui la félicita et lui fit un rapide débrief de leur séance ensemble ; finalement, elle mit pied à terre et prit les rênes de sa ponette en direction de l’écurie. Elle ne devait pas tarder à faire les soins de Poésie pour s’occuper de son deuxième poney en vue du concours interne de l’après-midi.
event 27Prendre un cours de dressage avec un cavalier professionnel. (10pts dressage pour Nausicaa svp)
Jonas a l’impression d’avoir lâché un lion tenu en cage depuis des mois.
Il a lâché le palomino il y a dix minutes, mais Truth n’a cesse de bondir dans le rond de longe, piquer une accélération, se stopper soudainement des quatre fers pour ne pas rentrer dans la barrière ; et puis il fait à nouveau un petit bond en guise de demi-tour, secouant la tête et envoyant valser sa crinière blonde, et son manège reprend. Si l’idée de lui monter dessus ne lui a jamais traversé l’esprit – après tout, son objectif reste de s’en débarrasser – c’est encore moins le cas maintenant qu’il le voit à l’œuvre. Et ça ne s’arrête pas. Ne se fatiguera-t-il donc jamais ?
Lui est aussi sur la barrière, très peu confortable à vrai dire, mais c’est mieux que de rester debout après avoir couru tout le domaine l’heure passé. Il n’a, de toute façon, pas très envie de rentrer dans le rond de longe ; il est bien plus en sécurité perché là où il est, et Truth a oublié sa présence, ce qui lui convient très bien aussi. Et puis, la valse du petit entier est divertissante ; même si c’est assez répétitif, Jonas découvre au cheval une souplesse qu’il ne pensait pas physiquement possible. En soi, c’est presque amusant de le voir se défouler ainsi ; parfois il a un moment de répit où le petit entier trottine, s’arrête, et ronfle, puis repart de plus belle. Au bout d’un moment néanmoins et comme ça ne cesse pas, Jonas arrête de l’observer et dégaine son portable, se mettant silencieusement à consulter ses réseaux sociaux puis répondre à ses messages. Même sans voir le cheval, il distingue au bruit ses petits saut et les moment où il baisse de régime, mais le tout est assez calme. Pas silencieux, car le domaine n’est pas vide, et que Truth ne saurait se montrer discret dans sa manière de profiter de son regain de liberté ; mais tout de même apaisant. Assez pour que le jeune homme perde plus ou moins la notion du temps alors qu’il est absorbé par ce qu’il se passe sur son petit écran.
L’heure file mais il ne s’en rend pas trop compte. C’est finalement le palomino lui-même qui le sort de sa torpeur, lorsqu’il vient toucher la jambe de Jonas de son naseau. Il a un mouvement de surprise, mais loin de s’en émouvoir, le palomino revient à l’attaque, et referme ses dents sur le pantalon de Jonas.
— Mais putain !!!
Il dégage sa jambe d’un coup sec sur le côté, et Truth n’insiste pas, mais il reste planté là, oreilles bien droites, visiblement fier de sa bêtise. Le brun soupire. Heureusement qu’il porte un pantalon long. Après le sweatshirt, et la main de Danae, il va commencer à croire qu’il lui faut venir en combinaison pour échapper aux dents de l’entier. Comme il est légèrement en contre-haut par rapport à lui, Jonas peut observer l’étendue des dégâts du sable sur sa robe. Toujours dorée sur les flancs, mais désormais d’une franche couleur beige sur le dessus, tout comme ses crins. Visiblement, après avoir fait s’être donné en spectacle, le palomino s’est offert une séance de roulades. Jonas songe un instant que les rares fois où il a vu un cheval se rouler, c’était pour s’ébrouer après, mais comme s’il lisait dans ses pensées, c’est le moment exact que Truth choisit pour le faire, partageant avec lui le sable récolté. Il se retrouve couvert de sable.
Il lâche un nouveau soupir.
Il s’époussette, exaspéré, observant du coup de l’œil le palomino qui est reparti, tête basse, rasant les barrières du rond de longe, probablement à la recherche de quelque chose d’intéressant. Jonas jette un œil à l’heure ; il va peut-être falloir qu’il se décide à rentrer. Attrapant le licol qu’il a posé à côté de lui, il quitte son perchoir, se laissant retomber dans le rond de longe. Truth s’arrête et tourne un œil vers lui, puis une oreille, aux aguets. Jonas s’approche d’un pas, assuré de pouvoir l’attraper, mais alors qu’il est à quelques dizaines de centimètres de l’entier, s’apprêtant à lui passer le licol, ce dernier se tend, et puis ronfle, et soudain fait un écart, se retrouvant hors de sa portée, et il se met ainsi à trottiner fièrement à l’autre bout du rond de longe. Le brun ne se décourage pas et fait demi-tour, s’approchant de nouveau de l’animal, licol dans le dos cette fois. Truth a la queue en panache, l’air fier, et il baisse un peu la tête alors que le jeune homme se rapproche. Il a une lueur d’espoir, et puis le palomino se redresse et lui fait faux bond.
Peut-être devrait-il cesser de compter le nombre de longs soupirs qui lui échappent en présence de l’animal.
Il le laisserait là si avoir le rond de longe à sa disposition n’était pas une faveur que lui faisait Romain. D’un pas fatigué, il revient vers Truth, licol toujours caché, mais c’est inutile car le palomino l’a déjà vu ; et il semble même s’amuser à feinter, laissant Jonas le frôler avant de s’enfuir, fier et hautain. Si ce maudit cheval a toujours autant d’énergie à revendre, ce n’est plus le cas du brun, qui se contente désormais de traverser le rond d’un pas tranquille, soupirant à chaque nouvelle fuite de l’entier. Pour sûr, ce dernier s’amuse beaucoup plus que lui. Et ainsi ce manège dure cinq minutes de plus, Jonas inlassable, Truth intouchable. Il ne peut pas vraiment le coincer dans un coin, puisque le rond de longe en est, comme son nom l’indique, dépourvu ; et même ainsi ce ne serait probablement pas la solution pour l’attraper. Mais il compte avoir l’animal à l’usure, et finalement, au bout d’interminables minutes d’aller-retours dans le sable, Truth capitule, lassé de la monotonie de son petit jeu. Il se laisse passer le licol, et Jonas retrouve un peu de vigueur pour le boucler en quatrième vitesse, histoire de ne pas laisser le temps au palomino de changer d’avis et de repartir ; puis il reprend la longe, ne retenant pas un énième soupir, et prend le pas aux côtés de l’entier, pour le ramener au box pour la nuit – espérant que ça sera la dernière. Peut-être qu’il s’assagira un peu une fois au pré mais au point où il en est, Jonas a de moins en moins d’espoir.