Golden Times - selle français (j)

Il y a eu cet achat inconsidéré, cette pulsion étrange mais bienheureuse qui a mené à la présence d’une jolie alezane dans un box jusqu’ici inoccupé. Augusto s’est acheté un cheval. Lui-même ne sait plus très bien s’il était lucide, mais il sait qu’il a eu le coup de foudre. Frappé par un éclair d’amour, il est revenu aux écuries avec une jument dans le van. Golden Times, nom annonciateur de moment suspendu. Savoureux mélange de maladresse et de douceur, seule détentrice d’élixirs enchantés qui ont enfin su toucher le coeur du timide Augusto. Le cavalier qui jusqu’ici n’avait pas su s’ouvrir à une seule de ces montures, a juste un peu craqué pour les grands pas maladroits d’un jeune cheval mal assuré.

Pour fêter son arrivée, le jeune homme lui a réservé sa plus belle après-midi. Des heures toutes entières rien que pour apprendre à la découvrir. Augusto à sortit le grand jeu, brosses neuves, box généreusement paillé et un stock de carotte à faire pâlir un maraîcher. Golden times pose son nez au creux de l’épaule de celui qui prendra désormais soin d’elle. C’est sa douceur qui a su charmer le froid Augusto. Comment résister à ces yeux, à cette recherche de contact permanente ? Il en est convaincue, la jument de sa vie, c’est elle. Armé d’une brosse douce, il s’applique à épousseter la robe déjà brillante de Golden Times. L’alezane ne bronche pas. Presque endormie, elle pose sa tête sur la porte du box. Être ensemble, c’est tout ce qui compte maintenant. C’est un moment pour rien, presque inutile, il n’a d’autre but que d’arroser les graines d’une relation saine et durable. Il démêle les crins déjà lisses à grand renfort de démêlant, la queue de la jolie rousse scintille sous les rayons du soleil. Il termine les soins par un coup de graisse efficace sur les sabots de celle qu’il se doit désormais de protéger. La jument s’aperçoit à peine que ce moment de douceur est terminé. Elle ouvre à peine les yeux. Augusto glisse une carotte dans sa bouche, Golden Times la savoure, la croque et la mâchouille pour en saisir tout le jus.

Le jeune homme apprend. Être propriétaire, c’est tout un art, un poids supplémentaire. La peur de blesser, de mal faire, d’oublier, de résigner, tout ça, il le découvre. Ce sont les questions qui émergent quand on ne s’attache qu’à un seul coeur. Tout à de l’importance maintenant, ses gestes ont un sens, ses mots aussi. Augusto apprend et il s’attend à échouer, à se tromper, à manquer de patience, parce qu’être propriétaire, c’est tout un métier.

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