PsychoShinigami - CHEMINS DE BALADE [corbeille 2016 / 2020]

07/11/20

Alors que le couple s'engouffrait dans le petit sous-bois qui débouchait ensuite sur de grandes étendues d'herbes, la pluie ne cessait pas, au contraire, elle se mettait à s'accentuer et se montrer plus violente. Un peu embêtée Eurêka balançait parfois sa tête lorsque des gouttes lui tombaient dans l'oeil. Le soleil étant glissant, pleuvant depuis quelques heures déjà, Zack préféra rester au pas, voire au trot pour le moment. Il ne voulait pas risquer que la jument ne glisse et ne se blesse. Après tout, il n'était pas là, dans les champs, par pure envie. Il avait des choses à faire dans les alentours du ranch et, pluie ou pas, il allait bien falloir s'y atteler. Quittant le couvert des arbres, ils se retrouvèrent encore plus exposés à la pluie. Si le cow-boy portait un imperméable, la jument elle était trempée, mais ne semblait pas s'en plaindre. Elle était assez rustique de toute façon, préférant être dehors que dedans, et qu'elle soit montée ou non, elle aurait finie trempée de toute façon, pour ne pas dire qu'elle commençait déjà à l'être lorsqu'il l'avait récupéré dans son  paddock. Après une quinzaine de minutes de pas le duo bifurquait alors à droite pour suivre la clôture. Au moins une fois par semaine il prenait sa matinée pour faire tout le tour des terrains afin de s'assurer qu'aucune clôture n'était abîmée et surtout qu'aucune vache ne pourrait se retrouver à l'air libre. Dans le coin ils étaient trois ranchs conséquents, et leurs enclos se retrouvaient à un point précis en un coin commun. Il était rare que les vaches ne s'aventurent jusque là, mais il aurait été dommage que les troupeaux ne se mélangent, risquant de créer des conflits pour quiconque voudrait récupérer ses bêtes difficilement reconnaissables parmi celles des autres.

Autorisant la jument à prendre le trot, il resta bien assis dans sa selle tandis que sa monture avançait dans une foulée courte et rapide. Sa posture de tête basse et ses oreilles indiquaient qu'elle était détendue. La pluie sembla cesser peu après, leur laissant un instant de répit. Caressant son encolure il observa attentivement la barrière, jetant parfois des regards aux loin dans les plaines en se demandant s'il verrait ses longhorns. Quand il pleuvait en général les vaches se réfugiaient sous le couvert des arbres, assez dangereux en temps d'orage il fallait l'admettre, puisqu'il n'était pas rare qu'une vache se fasse foudroyer. Ça lui était déjà arrivé par le passé, et il savait déjà que ça arriverait de nouveau, c'était certain. Poursuivant leur route ils trottèrent longtemps mais dans une allure de croisière pour économiser l'appaloosa. Ils n'étaient pas encore rentrés  de leur boucle et il était inutile de l'épuiser dès le début, bien que ces patrouilles commençaient à être habituelles pour elle. Ils repassèrent alors au pas pour poursuivre leur tour du domaine. Que ne fut pas sa surprise lorsqu'il ne vit pas ses vaches mais un groupe de biche. Intriguée Eurêka leva la tête, oreilles tantôt en avant tantôt en arrière en ronflant. Un peu inquiète, elle fit un pas en avant vers ces animaux étrangers, inquiète. Lorsque les biches repérèrent l'appaloosa, elles prirent la fuite dans le couvert des arbres à une centaine de mètres. Surprise la jeune jument sursauta quand les cervidés détalèrent, mais reprit finalement sa route sans faire d'histoire. Au pas cette fois, ils firent le tour de la clôture qui était en parfait état avant de rejoindre finalement le croisement qui indiquait qu'ils avaient fait une bonne partie du chemin.  

Regardant une nouvelle fois l'heure sur sa montre, Zack se rendit compte qu'ils étaient partis depuis deux bonnes heures. Il allait falloir s'activer pour rentrer avant midi. Sa femme était un cordon-bleu et il ne voulait pas manquer un repas en famille. Autorisant de nouveau sa monture à prendre le trot ils accélèrent la cadence. S'il ne voulait toujours pas galoper à cause du sol, cela ne l'empêchait pas de trotter à un rythme soutenu. Ils se retrouvèrent à nouveau dans une petite partie boisée coupée en deux par la clôture. C'est là qu'il vit un trou. La clôture en bois avait été brisée. Ayant toujours de quoi faire des ajustements, il regarda dans son sac à dos s'il avait de quoi ajuster cette affaire. Mettant pied à terre il attacha l'appaloosa à une branche d'arbre, s'accroupit dans la boue et répara cette fiche clôture en bois. Trop étroit pour que les vaches y passent, mais les biches avaient dû la briser en essayant de sauter par-dessus pour s'enfuir.  Ce n'était pas la première fois que ça arrivait, mais il fallait reconnaître que c'était plutôt rare. Il ne savait même pas comment elles étaient rentrées, mais le reste de la clôture était intact et le territoire était trop grand pour être parcouru en long et en large en si peu de temps. Elles avaient dû pénétrer non loin d'ici. Ayant perdu du temps, il s'assura que sa réparation était solide, du moins le temps qu'il revienne avec une planche neuve dans l'après-midi, puis détacha sa monture. Se remettant en selle plus ou moins souplement ils prirent alors la direction du ranch, pas encore visible mais qu'ils devraient atteindre d'ici quarante minutes s'ils étaient assez rapides.

13/11/20

Après seulement quelques minutes dans les sentiers promenades, Maritza savait qu'elle avait eu raison en emmenant son protégé en balade. Welcome Hammer semblait particulièrement heureux de revoir le sous-bois qui encerclait le haras. Ses oreilles étaient bien droites et mobiles sur sa tête, attentif à tout ce qui pouvait se passer dans son environnement. Pour autant il n'était pas inquiet, son port de tête et son attitude laissaient présager qu'il était détendu. Lui flattant l'épaule la mexicaine s'excusa auprès de lui. Avec ses petites jambes la balade ne durerait sans doute pas aussi longtemps que lorsqu'elle partait à cheval. De toute façon c'était son jour de repos,  le but n'était pas de le fatiguer mais plutôt de lui faire plaisir le temps d'une petite sortie en tête à tête. Elle aurait appréciée d'y joindre Attrape Moi, mais se promit que la prochaine fois elle les prendrait tous les deux. Enthousiaste tout de même, le pur-sang anglais avait la fâcheuse tendance à prendre les devants de l'expédition. Le rappelant gentiment à l'ordre à chaque fois qu'il la dépassait, le bai n'opposait pas plus de résistance. Il était un brave cheval, et embêter pour embêter n'était pas son genre. C'était simplement sa manière à lui d'exprimer son plaisir de promener.

Alors que le bruit des fers sur le sentier en terre sèche résonnait et se répercutait contre les arbres, le duo pouvait percevoir le chant des oiseaux au-dessus d'eux. Levant la tête Welcome Hammer s'arrêta pour admirer une pie prendre son envol, puis reprit sa route d'un pas rythmé. Son encolure se balançait tandis qu'il marchait. Lui caressant l'épaule Maritza prenait quelques photos de son magnifique entier afin de se souvenir de ce jour où officiellement, elle était devenue sa propriétaire. Alors qu'ils marchaient côte à côte elle lui racontait ses projets avec lui, l'avenir qu'elle espérait pour tous les deux sur le long terme. Elle se voyait déjà dans 10 ans, lorsqu'il aurait quitté les courses et qu'il aurait entamé sa nouvelle vie. Bon, elle ne savait déjà pas ce qu'allait devenir Attrape Moi d'ici là. Tout ce dont elle était sûre en fin de compte c'est qu'elle les gardait avec elle aussi longtemps que possible, jusqu'à la fin de leur vie si c'était possible. Regardant le bai, elle le caressa de nouveau avant de tourner dans une espèce de petite clairière entourée d'arbres où l'herbe verte poussait à foison. Assise dans l'herbe Maritza laissa tout le temps qu'il voulait au jeune cheval pour qu'il puisse se régaler. Après tout, profiter d'une promenade en main c'était aussi se remplir la panse non?

Assise dans l'herbe depuis déjà une bonne heure et commença à avoir envie de rentrer, la jeune femme se leva finalement avant d'essuyer son pantalon. Le temps de décoller la tête du pur-sang de l'herbe et elle lui fit signe que la route reprenait. Plutôt docilement Welcome Hammer suivait l'humaine sans se questionner. Lorsque le haras fut à porté de vue en revanche, il se montra tout de suite bien plus actif. Il rentrait à la maison et il l'avait compris. S'approchant pas à pas il commença à hennir lorsqu'ils arrivèrent au niveau d'un bloc de paddock caché derrière les sapins qui longeaient le sentier. Quelques chevaux lui répondirent, ce qui ne fit qu'amplifier l'enthousiasme du bai. En soi cela tombait bien puisqu'elle allait l'emmener au paddock juste après. En arrivant sur place elle fit quand même un crochet par son box afin de récupérer une friandise dans sa boîte de pansage. Elle lui tendit sans plus tarder avant de se diriger côte à côte vers les paddocks où ses copains l'attendaient de pied ferme. À peine un regard et l'entier s'éloignait au grand trot. S'il avait profité de sa balade elle ne doutait pas que sa sortie avec les copains ne lui ferait encore plus plaisir.