Chevaux de Mad

Utopie - détente puis saut en longe

Je comptais travailler en longe avec Utopie assez tôt dans la matinée, pour éviter de faire la queue. Cette installation est généralement très fréquentée, et il faut admettre qu’elle est la plus pratique pour travailler en longe ou en liberté. Je pars donc chercher la tachetée au box, je l’y laisse la nuit car il fait encore trop frais le soir. J’avais déjà brossé Utopie hier, en la rentrant de sa sortie au paddock quotidienne, pour gagner du temps aujourd’hui. Ainsi, après quelques rapides coups de brosses et une vérification de son état physique, nous sommes prêtes à partir. La knabstrup me suit dynamiquement, en remuant les oreilles. Elle semble motivée et de bonne humeur. Après quelques minutes de marche nous arrivons au rond de longe. Et là, je constate que quelqu’un a eu la même idée que moi pour éviter de faire la queue.
Je m’arrête donc devant l’installation et regarde un cavalier faire sauter son cheval en liberté. Le cheval est plutôt grand et a une certaine aisance à l’obstacle. Je le reconnais de l’écurie de commerce, où je vais parfois travailler des chevaux. Je me demande comment Utopie se débrouillerait à l’obstacle. J’ignore si elle en a déjà sauté auparavant, mais elle a une morphologie assez sportive, bien qu’elle soit démusclée, et je pense qu’avec un peu de travail elle pourrait atteindre de belles hauteurs. Une petite pression contre mon bras me tire de mes pensées : Utopie, qui accorde visiblement peu d’importance à la séance qui se déroule sous nos yeux, semble s’ennuyer et demande des caresses. J’accepte sa demande et lui masse doucement les premières cervicales, chose que la tachetée semble beaucoup apprécier puisqu’elle se détend immédiatement. Tandis qu’elle ferme les yeux et profite du massage, je regarde d’un œil distrait le cavalier conclure sa séance.

Lorsqu’il a fini de tout ranger et qu’il sort du lieu de travail, je cesse mon massage, et Utopie lève des yeux interrogateurs vers moi. Je la guide à l’intérieur du rond de longe, ferme la porte derrière moi et commence par la faire marcher sur quelques lignes droites, pour la mettre dans l’ambiance. Puis, je l’installe progressivement sur un large cercle autour de moi, au pas à main gauche. Utopie semble bien plus en confiance qu’il y a quelques semaines, et son attitude est en conséquence bien plus basse et décontractée. Son pas est calme mais dynamique et assez bien rythmé. Après l’avoir faite marcher quelques tours, je lui demande quelques arrêts pour la mettre à l’écoute. Utopie ne s’arrête pas au carré, mais au moins elle s’arrête rapidement et proprement. C’est déjà un bon début. Je l’installe alors au trot, et la jument se précipite, prenant un grand trot. Sans doute a-t-elle besoin de se défouler. Je lui demande de ralentir, ce que la tachetée fait à contre-cœur, et après deux tours je lui demande enfin le galop afin qu’elle puisse libérer son trop-plein d’énergie. Utopie ne se gêne pas pour allonger le galop, mais je veille à garder un certain contrôle et à ce qu’elle ne parte pas dans toutes les directions. Elle se calme assez vite, et je lui demande alors une transition au trot. Je travaille un petit moment sur les transitions au pas et à l’arrêt, puis lui demande un changement de main.
Ses changements de main sont encore un peu brouillons, mais s’améliorent nettement à chaque fois. Je félicite Utopie, puis réitère les mêmes exercices à main droite pour ne pas muscler un côté plus que l’autre. La jument commence d’ailleurs à prendre du muscle au fil des séances, c’est encourageant. J’ai volontairement raccourci la durée de la détente pour avoir le temps de sauter quelques cavaletti.

Lorsque la détente est finie, je détache la jument le temps que j’installe deux petits plots en forme de pavés droits, et une barre au sol. Je rattrape la jument, qui se laisse faire, puis marche avec elle en direction de la barre, pour lui faire voir le dispositif. Je le lui fais passer une fois à chaque main, ce qui ne semble pas poser de problème à Utopie, qui se contente de l’enjamber. Je la félicite puis installe la barre sur les pavés droits, de manière à ce que la hauteur soit la plus petite possible. De nouveau, je passe le dispositif au pas une fois à chaque main avec la jument, qui semble cette fois un peu plus intriguée. Puis je me mets à courir à côté de la jument en lui indiquant avec ma voix de trotter. Utopie réagit promptement à ma demande, toute contente de trottiner. Je pars sauter l’obstacle, en laissant du mou sur la longe pour ne pas gêner la tachetée, et cette dernière m’imite en effectuant un tout petit saut. Je la félicite et recommence à l’autre main. La knabstrup semble être amusée par cet exercice et s’en donne à cœur joie.

Je réitère l’exercice en laissant encore plus de mou à la jument, et en passant à côté de l’obstacle, priant pour que la jument ne m’imite pas. Je lui indique avec ma voix de rester sur le cercle, ce qui semble fonctionner car malgré une petite hésitation, Utopie enjambe la barre. Je la félicite et recommence à l’autre main, prenant encore plus de distance de manière à ne plus être obligée de courir. La tachetée n’hésite même plus et enjambe la barre avec des yeux pétillants. Les barres semblent lui plaire, en tout cas ! Je réhausse la barre en orientant différemment les deux pavés droits, puis demande à la jument de la sauter au trot aux deux mains. Utopie se montre très concentrée et saute franchement par-dessus le cavaletti en laissant une belle marge. Je la félicite puis réhausse l’obstacle pour qu’il atteigne sa hauteur maximale, en tournant encore une fois les pavés droits. Je lui demande cette fois de sauter par-dessus le cavaletti au galop, une fois à chaque main. La première fois, Utopie fonce sur l’obstacle, tandis que le deuxième passage est un peu plus calme. Je la félicite et décide de la laisser sur ça, en remarquant que deux autres cavaliers sont déjà en train d’attendre leur tour. Je range rapidement le dispositif utilisé, puis sors du rond de longe.

La jument a pas mal transpiré, et ses jambes sont couvertes de sable. Je décide donc de passer rapidement à la douche, qui est à deux pas du rond de longe, pour lui rincer les membres. Je rentre ensuite au domaine, où je finis son pansage au soleil, pour qu’elle sèche mieux. Je la laisse ensuite au box pour le reste de la matinée, je la sortirai au paddock cet après-midi, lorsqu’il fera plus chaud.

Utopie | longe

Je préparais Utopie pour une nouvelle séance de longe, enlevant patiemment toutes les saletés collées à sa robe. Je me maudissais de l'avoir laissée aussi longtemps au paddock hier, mais en même temps il faisait beau et ça faisait du bien au moral. La jument semblait en tout cas ravie de ce long pansage qui s'apparentait pour elle à un massage. A croire qu'elle s'était autant roulée juste pour ce plaisir! Lorsque je jugeai sa robe suffisamment propre, je soupirai, pensant déjà aux courbatures que j'allais avoir aux bras, puis m'emparai d'une longe de travail et l'emmenai au rond de longe.

Mon travail avec la jument commençait à porter ses fruits: elle maîtrisait à présent les transitions aux trois allures, et son rythme était de plus en plus régulier. Elle avait également repris un peu de muscle. Je débutais la séance, comme d'habitude, par quelques lignes droites au pas pour se mettre dans l'ambiance. Utopie était très sereine, elle semblait apprécier autant que moi cette partie de la séance. Je l'installai enfin au pas sur un large cercle à main gauche, pour l'échauffer. La tachetée s'exécuta sagement. Son pas devenait plus énergique, plus sauté, et son encolure se redressait. Elle avait visiblement très envie de se défouler. Je la fis cependant marcher deux tours de plus, en la calmant comme je le pouvais, avant de la faire partir au trot. Utopie lança une petite ruade de joie au galop, mais repassa au trot lorsque je la rappelais à l'ordre. Son trot était précipité, et je dus m'armer de patience et lui demander plusieurs transitions pour obtenir un trot équilibré. Alors seulement lui demandai-je le galop. Utopie prit une allure soutenue, et je la laissais se défouler. Elle se calma assez rapidement toute seule, et je pus lui faire faire des transitions aux trois allures. Utopie se montrait plutôt concentrée et ses transitions étaient propres. Je la félicitais régulièrement. Je la fis ensuite repasser au pas pour la faire changer de main. Le travail à l'autre main fut essentiellement le même.

L'échauffement était fini, et il me restait encore du temps pour faire varier la taille du cercle. Je gardais la tachetée sur son grand cercle au pas, et progressivement je raccourcissais la longe, lui demandant de marcher plus près de moi. Les premiers pas furent timides et hésitants, mais je persévérais dans ma demande et je parvins à l’installer sur un petit cercle. Là, je la faisais marcher d’un pas régulier, en l’encadrant au mieux pour qu’elle reste dans un bon alignement, bien incurvée. Ce travail était contraignant pour la jument, j’en étais consciente, c’est pourquoi j’effectuais cet exercice par intervalles, agrandissant le cercle plusieurs fois pour permettre à la jument de se détendre et de se remettre en avant au trot pour ensuite mieux revenir à l’incurvation sur le petit cercle. Je répétais le même travail à l’autre main, et constatais que la knabstrup était plus souple du côté droit que du côté gauche. Je ne voulais pas que la séance durât trop longtemps, d’expérience je savais que les séances courtes et fréquentes étaient plus efficaces que les longues séances plus espacées dans le temps. Je fis donc venir Utopie à moi et la fis de nouveau marcher sur quelques lignes droites pour la détendre. La jument s’était montrée de très bonne volonté tout au long de la séance et progressait bien, je ne pouvais qu’être fière d’elle. Je sortis du rond de longe et emmenais la jument au box.

Abraxos | Longe

Abraxos marchait vivement à mes côtés, il voulut de me dépasser plusieurs fois mais se fit recadrer à chaque tentative. Nous arrivâmes tant bien que mal au rond de longe. Heureusement, il n'y avait personne et nous pouvions donc commencer sans plus tarder. Honnêtement, les manies du palomino commençaient à m'agacer et je ne me sentais pas capable de patienter quelques dizaines de minutes en supportant ses mesquineries.

Abraxos entra dans le lieu de travail avec encore plus d'entrain que moi, il semblait vouloir se défouler. Je m'étais à peine placée au centre du rond de longe qu'Abraxos partit en ruade autour de moi. Son cercle était tout sauf régulier, il s'approchait parfois dangereusement de moi pour ensuite partir se coller à la barrière. Pendant quelques tours j'essayais de le calmer et de retrouver le contrôle, sans succès. Alors j'adoptais la stratégie inverse: celle de le faire courir. Je le chassais vivement avec la chambrière pour le forcer à accélérer la cadence en restant loin de moi. Et cela fonctionna. Abraxos étant encore jeune, il s'épuisa relativement vite et je pus enfin obtenir le pas. Le palomino respirait comme une forge, mais au moins maintenant j'avais son attention. A ma demande, il se rangea sagement sur un large cercle pour récupérer au pas. Je l'en félicitais.

Dès qu'il retrouva un rythme normal, je lui demandai le trot. Abraxos se lança dans un trot énergique, à défaut d'être régulier. Je travaillais la régularité pendant plusieurs tours, jusqu'à obtenir un résultat correct. Je félicitais le cheval qui semblait maintenant très à l'écoute et volontaire, comme s'il s'était métamorphosé. Je demandai ensuite une transition au pas, effectuée avec un calme inattendu. Je travaillais ensuite sur des arrêts, et sur des transitions au pas et au trot. S'il hésita légèrement au début, Abraxos se révéla très bon élève et répondait par la suite de manière très franche à mes demandes. Je mis un point d'honneur à le féliciter à chaque réussite, agréablement surprise par cette nouvelle facette que l'entier me montrait. Je n'insistais pas vraiment sur le galop, lui demandant seulement quelques tours à une allure régulière, bien qu'un peu rapide. Je le fis repasser au pas et raccourcis ma longe, l'incitant à rétrécir son cercle. Abraxos fit quelques petits pas hésitants dans ma direction, jaugeant ma réponse, et lorsqu'il capta mon approbation, ses pas se firent plus amples et plus confiants. Je le fis marcher quelques moments sur ce nouveau cercle, un peu plus contraignant pour lui, avant de le faire changer de main. Je lui glissais une caresse au passage, grandement appréciée par le palomino qui appuya sa tête contre mon bras. Il pouvait être adorable, quand il s'y mettait. Je réitérais les mêmes exercices à l'autre main, en insistant un peu plus sur le galop. Intelligent, Abraxos commençait à comprendre comment je fonctionnais et il se montra très sensible à mes aides.

La séance finie, je flattai bien fort le cheval. Malgré un début tumultueux, la séance avait finalement été très agréable grâce à la bonne volonté de l'entier. J'espérais fortement que cette bonne disposition dure. Après avoir marché sur quelques lignes droites pour finir sereinement, nous quittâmes le rond de longe.