Carnet d'Happax

Jour 5 : rhume

domicile des mayhew

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Lewis était au lit. Enfermé dans sa chambre, les maigres rayons du soleil peinaient à passer entre les interstices des vieux volets de bois. Le garçon venait de se réveiller, mais même après plusieurs heures de sieste, il se sentait toujours autant fatigué. Il jeta un coup d'oeil à son réveil. Ce dernier indiquait une heure tardive dans l'après-midi. Il aurait aimé sortir aujourd'hui mais son état de santé l'en empêchait. Fatigue, froid, nez qui coule, mal de crâne, pas de doute, il était bien victime d'un énorme rhume. Pourtant, il avait été plutôt prudent ces derniers jours: il ne sortait dehors que couvert d'un épais manteau et d'une écharpe. Peut-être aurait-il du rajouter un bonnet à sa tenue. Mais celui que lui avait tricoté sa grand mère était affreux et il ne voulait pas se retrouver au centre des moqueries de ses camarades au collège.

On vint doucement frapper à la porte de sa chambre. D'un appel de la voix, Lewis invita l'invité mystère à pénétrer dans sa chambre. Son père montra sa tête dans l'entrebâillure de la porte et entra dans la pièce à la manière d'un félin silencieux. Dans l'une de ses mains se trouvait une plaquette de médicaments ainsi qu'un verre d'eau.

- Comment tu te sens mon grand?
- Fatigué. J'ai envie de dormir mais j'ai le nez complètement bouché, ça m'énerve...

Thomas vint poser son butin sur la table de chevet de son fils et s'assit sur le rebord du lit. Il porta le revers de sa main sur le front du garçon en lui souriant.

- Tu n'as pas l'air d'avoir de la température, c'est déjà ça. Je t'ai apporté des cachets si tu as mal au crâne.
- Battre le mal par le mal! répondit Lewis en levant le poing vers le ciel.

Thomas sourit, amusé de la réaction de son fils. Même malade, ce dernier n'était jamais à court d'enthousiasme. Il resta un petit moment en compagnie du garçon pour lui raconter sa journée, Lewis n'étant jamais à court de questions pour ne pas finir la discussion. Thomas se leva et passa sa main dans les cheveux de jais de son fils. Il n'appréciait jamais voir ses enfants malades, même si Lewis n'avait qu'un simple rhume, il préférait les voir en pleine forme. Encore plus quand, connaissant son fils, ce dernier ne tenait jamais vraiment en place. Il descendit alors au rez de chaussée et enfila son manteau sous le regard inquisiteur de Meg qui se demandait où son père pouvait aller en cette journée froide et maussade de décembre. Thomas l'informa qu'il allait se déplacer à la pharmacie pour acheter un mélange à inhaler pour les bronches de Lewis. Il attrapa son portefeuille dans l'entrée et disparut à l'extérieur. Quelle saleté ce rhume.       

(c) oxymort

Jour 29 : ski

domicile des mayhew

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Jon était parti au ski avec la famille de sa petite amie Charlotte. Ils n'étaient pas ensemble depuis bien longtemps, mais la jeune fille avait absolument tenu à ce que son petit ami l'accompagne lors de son séjour hivernal. La famille avait loué un énorme chalet au pied des pistes. Jon s'était immédiatement senti mal à l'aise; venant d'un milieu rural et modeste, il n'était pas habitué à ce genre de vacances et encore moins ce luxe. Les parents de Charlotte étaient plutôt fortunés, tout comme son oncle et sa tante. Ces derniers, voyant que Jon n'avait pas les moyens de s'acheter une tenue de sports d'hiver, avait insisté auprès de lui pour lui offrir. Le jeune homme avait été contraint d'accepter sous les encouragements de sa petite amie. Depuis, sa campagne lui manquait.

C'était aujourd'hui son premier jour sur les pistes. Peu assuré sur des skis, le jeune homme manquait d'équilibre. Il faut dire que son accident de deux roues qui remontait à plusieurs années ne l'aidait pas non plus; il avait un mal de chien à orienter correctement son bassin et ses jambes lui semblaient faites de bois. Arrivés en haut de la remontée mécanique, les parents de Charlotte ne tardèrent pas à s'élancer suivis de près par l'oncle et la tante. Charlotte et Jon restèrent en haut.

- Tu vas voir, c'est facile. Encore plus facile que tes chevaux!

Jon lui lança un regard désabusé et la regarda planta ses bâtons dans la neige pour prendre de l'élan. Quelques secondes plus tard, elle n'était plus d'une silhouette slalomant sur les pistes. Mal assuré, le jeune homme fit la même chose que sa petite amie et s'élança. Au début il n'en menait pas large. Mais après un court instant, il se sentit un peu plus confiant. Il commença à prendre de la vitesse, et le vent qui sifflait dans ses oreilles le fit tiquer. Il tenta une première fois de ralentir mais en vain, il manqua de chuter. Jon se mit alors à déchanter et se fit à paniquer un peu. Il essaya de freiner une nouvelle fois mais perdit l'équilibre et dévala dans la poudreuse. Une fois son roulé boulé terminé, il s'aperçut qu'il lui manquait un ski. Ce dernier dévalait la piste, bien décidé à arriver en bas au niveau de la station. Jon resta assis dans la neige un instant, contemplant la course de son ski gauche. Décidément, ce sport n'était pas pour lui. Il releva la tête, espérant que Charlotte ou que sa famille ne l'aient pas vu. Mais arrêté un peu plus loin, Charlotte et son père lui faisaient de grands signes de bras. Il soupira et leur répondit pour leur montrer que tout allait bien.

Quatre jours. Il rentrerait dans quatre jours.       

(c) oxymort