Messages : 11468 Inscription : 17/11/2021 Age : 26 Localisation : France
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Ven 17 Déc - 15:06
Nouveau départ
Lumi & Silven
Lumi avait ses raisons de revenir au haras de Pado. La principale était le travail. Elle avait été embauchée par un petit journal local et lorsqu'elle avait vu qu'elle allait travailler dans la région de son enfance, elle avait su que c'était l'occasion de retourner sur les lieux qui l'avaient tant marquée. Et puis, l'équitation lui manquait. Elle avait eu l'occasion de faire quelques balades ou quelques séances avec les chevaux d'amis ou de connaissance, mais elle ne s'était jamais investie dans une discipline particulière. Pourtant, pendant toute sa croissance, elle vivait, respirait et rêvait équitation. Et quand elle avait déménagé dans son petit appartement en ville, elle avait finalement compris que c'était l'occasion ou jamais de s'y remettre. Est-ce qu'elle pensait en faire sa vie ? Probablement pas. Mais au moins aurait-elle l'occasion de faire quelque chose qui lui plaisait quand elle ne travaillait pas. C'est donc confiante et avec la recherche d'un nouveau défi qu'elle avait fait l'acquisition de Silven, un paint horse de cinq ans. On lui avait dit qu'il n'était pas un cheval de débutante, mais cela tombait bien car Lumi n'en était pas une. Elle était peut-être rouillée, mais elle savait que tout comme le vélo, monter à cheval ne se perdait jamais vraiment. La jeune femme s'engouffra dans la chaleur des écuries et avança d'un pas déterminé. Aujourd'hui elle allait faire connaissance avec sa nouvelle monture, et même si elle ne ressentait pas toute l'excitation de quand elle était petite, elle était tout de même impatiente de voir l'étalon. L'écurie était calme, à l'exception d'un bruit d'agitation constant. Probablement un cheval qui n'aimait pas être enfermé. Lumi se demandait lequel des nombreux équidés présents avait ce comportement tout en suivant les indications qu'on lui avait données pour trouver le box de Silven. Et c'est alors qu'elle s'approchait de sa destination et que le bruit devenait de plus en plus fort qu'elle compris que c'était Silven lui-même qui était à l'origine de ce vacarme. Elle arriva devant son box et l'aperçut enfin. Le pie bai trépignait, ne tenant pas en place. Il s'arrêta un moment lorsqu'il vit Lumi, l'observant avec intérêt, semblant attendre quelque chose, probablement qu'elle le sorte de là. Cependant, ce n'était pas ce qu'avait prévu la jeune femme dans l'immédiat, et lorsque le paint vit qu'elle n'avait ni bride ni quoi que ce soit d'autre indiquant qu'il allait sortir, il se remit à s'agiter. Il hocha la tête de haut en bas avec conviction et poussa un hennissement de frustration qui siffla aux oreilles de Lumi. Elle s'avança et tendit la main vers l'étalon. Le haras lui avait promis qu'il n'était pas agressif. Et ils avaient raison. Silven était juste ... hyperactif ? Il ignora totalement la main que lui tendait sa nouvelle propriétaire, ne la reniflant même pas. Il se contenta de passer la tête hors du box et de se tourner vers la sortie des écuries. Il prit une grande inspiration, tentant de capter les odeurs de l'extérieur. Puis il renâcla et commença à taper dans la porte de son box, purement et simplement agacé de s'y trouver. «Bon ... J'aurais peut-être dû te rencontrer avant de t'acheter., soupira Lumi en s'asseyant sur une botte de paille face au box. C'est mon erreur, maintenant je n'ai plus qu'à faire avec. Elle observa l'étalon, réfléchissant à ce qu'elle pouvait faire. Il était magnifique et on lui avait dit qu'il avait des bonnes capacités au travail ... si elle parvenait à le faire travailler. Bien sûr, elle pouvait toujours s'entretenir avec le responsable et négocier pour choisir un autre cheval. Mais ... au fond d'elle, elle savait que c'était stupide. Après tout, elle voulait un défi à remonter et elle en avait un gros devant elle. Elle décida de ne pas prendre de décision hâtive. Elle allait d'abord essayer d'amadouer Silven. Elle venait à peine de le rencontre et, en plus, il était probablement différent une fois dehors et en mouvement. Ce n'était pas parce qu'un cheval détestait le box qu'il était mauvais. Un peu rassurée par cette idée, elle se releva. Face à elle, le pie s'était lassé de taper du pied et se contentait maintenant de piétiner sur place. -Bon, je suppose que tu prêteras plus attention à moi quand on se connaîtra un peu plus., lâcha-t-elle. L'étalon ne lui lança même pas un regard. -D'accord ...», soupira Lumi. Elle sortit des écuries, le cerveau bouillonnant de questions et de doutes. Elle allait devoir gagner l'attention de sa monture et apprendre à le comprendre si elle voulait en faire quelque chose.
Lorsque Lumi arriva enfin à la maison en milieu de soirée, après deux heures de route, ce fut avec joie qu'elle retrouva Owen, qui l'attendait avec Ellie dans les bras. Elle embrassa rapidement son compagnon et le front de sa fille avant de s'occuper de Silven. Faisant descendre le cheval du van, elle le guida vers l'aire de pansage de l'écurie, Owen marchant à ses côtés. «Alors, comment ça s'est passé ?, s'enquit le brun. En tout cas Silven a l'air bien calme. Lumi jeta un regard au paint, qui avançait d'un pas nonchalant. Visiblement cette journée au derby avait réussi le miracle de venir à bout de l'énergie de l'étalon. -Pas de podium, comme je m'y attendais, mais presque ! On a décroché la quatrième place., répondit Lumi, la fierté pointant dans sa voix. Owen s'empara d'une des mains d'Ellie et fit semblant de la faire applaudir, ce qui fit rire la jeune femme. -Félicitations ! Ce n'était pas une si mauvaise idée au final., constata Owen. Sa compagne hocha la tête. -Non, je suis plutôt fière de lui. Il a su faire un beau parcours malgré quelques emportements. Arrivant à l'aire de pansage, elle attacha le pie à l'anneau fixé au mur. Silven avait déjà été brossé sur place et était donc propre, cependant Lumi tenait à lui appliquer de l'argile sur les membres pour l'aider à récupérer de l'effort de la journée. -Je vais aller préparer à manger pendant que tu t'occupes de lui. Laisse le matériel dans le van, je t'aiderais à ranger tout ça demain., dit Owen. Lumi acquiesça et Owen repartit vers la maison avec Ellie. Quand à la jeune femme, elle se concentra sur les soins. Elle alla chercher l'argile qu'elle gardait dans la réserve et revint vers Silven. Pour une fois, l'étalon était calme et disposé à se laisser faire sans trop protester. Nul doute qu'il aurait besoin d'un peu de temps pour se remettre du derby. Lumi pressa le tube d'argile et en mit une dose généreuse dans sa main. Elle se baissa ensuite, commençant par les antérieurs du paint. Lorsqu'elle posa ses mains sur le première membre, le froid du produit fit frissonner le cheval, mais il ne réagit pas davantage et sa propriétaire commença à masser le membre de haut en bas, le recouvrant de pâte verte. Elle prit son temps, veillant à n'oublier aucune zone et prodiguant les soins avec douceur. Lorsqu'elle eut terminé avec le premier antérieur, elle passa sous la tête de Silven pour changer de côté et recommença avec le membre suivant, rajoutant de l'argile dans ses mains. Le pie ne bronchait pas et avait les yeux mi-clos. Visiblement, l'argile commençait déjà à lui faire du bien. Il resta dans le même état de calme lorsque sa propriétaire passa aux membres postérieurs. Exécutant toujours les mêmes mouvements, elle continua son massage de récupération en surveillant tout de même du coin de l’œil les réactions de l'étalon imprévisible. Lorsqu'elle se redressa enfin, les quatre membres de l'étalon avaient pris une couleur verte et une épaisse couche d'argile les recouvrait de l'avant-bras au paturon. Lumi profita de ce moment exceptionnel avec son cheval pour lui caresser le chanfrein. Silven ferma totalement les yeux et sa propriétaire se figea un instant. C'était la première fois qu'elle partageait quelque chose de si fort avec le paint et elle se demanda si tout deux avaient enfin trouvé un véritable terrain d'entente pour qu'il l'autorise à prendre soin de lui de la sorte. C'est après plusieurs minutes de caresses que Lumi ramena l'étalon dans son box à contrecœur. -Repose-toi bien.», chuchota-t-elle en refermant la porte. Elle laisserait l'argile sécher et agir toute la nuit, puis la retirerait le lendemain matin. Lorsqu'elle prit le chemin de la maison, Lumi était épuisée mais heureuse des progrès accomplis en cette journée.
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Ven 15 Avr - 22:21
Année 3 - Décembre
La fin de l'année
La neige tombait en gros flocons cotonneux, recouvrant toute surface sur laquelle elle pouvait se poser. Un vent glacial soufflait, agitant les branches nues des arbres. Dans l'écurie cependant, une chaleur agréable régnait, tandis que le blizzard soufflait sur le bâtiment, faisant grincer le bois de la structure. Dans ce endroit sécuritaire, les chevaux du domaine étaient presque tous en train de somnoler dans leurs boxes, bien à l'abri. Tous sauf un. Lumi, dans son épais manteau, s'approcha du cheval en question. Silven était agité, désireux de sortir et de galoper. Cependant, Lumi ne pouvait lui accorder ce luxe. Une tempête était annoncée cette nuit et elle ne prendrait aucun risque, peu importe le niveau d'irritabilité de l'étalon. Elle tenta cependant de l'apaiser. S'accoudant sur la porte du box, elle tendit la main vers le pie. Ce dernier arrêta un moment ses vas-et-viens et, après une courte hésitation, se rendit compte qu'il n'obtiendrait de toute façon pas satisfaction. C'est donc avec étonnement que la jeune femme vit Silven s'approcher d'elle et venir au contact, posant son front contre sa main. Émue par ce geste, Lumi commença à caresser le paint avec une lenteur exagérée, comme si elle craignait de rompre ce moment si rare. Peut-être que les miracles de Noël existaient vraiment ? Souriant, la jeune femme secoua la tête. «On en a fait du chemin ensemble. Tu as bien changé., souffla-t-elle. En trois années, le paint avait beaucoup progressé et, petit à petit, Lumi le voyait devenir un autre cheval. Bien sûr, il avait encore ses défauts et un surplus constant d'énergie, mais dans l'ensemble il avait appris que la vie n'était pas une course effrénée et parvenait parfois à s'arrêter de lui-même pour respirer un peu. Il était aussi plus à l'écoute de sa cavalière et propriétaire, et tous deux parvenaient à s'épanouir en cross alors que la jeune femme n'aurait même pas imaginé passer le moindre cavaletti sur le dos du paint. Et surtout, comme en ce moment précis, le pie avait commencé à voir Lumi comme une véritable personne prenant soin de lui, et non pas comme un fardeau qu'il devait porter sur son dos. Bien que toujours très rares, ce genre d'instants où la jeune femme pouvait caresser l'étalon se faisaient de plus en plus nombreux, et elle sentait que leur lien commençait enfin à se créer après toute cette attente et ces efforts. Lumi savait qu'elle ne ferait jamais du paint un cheval totalement docile et câlin, mais ces petits pas vers une relation plus agréable lui donnaient de l'espoir et lui prouvaient qu'au final, elle était capable de s'occuper convenablement de Silven et de lui apporter quelque chose de positif. Et lorsqu'elle y réfléchissait, c'était tout ce qu'elle voulait. Peu lui importait que l'étalon ne puisse pas participer à des concours, ou être lâché en balade. Elle avait une relation unique avec lui, et c'était toutes ces petites particularités qui la rendaient intéressante. Alors elle caressait Silven, glissant sa main le long de son chanfrein en gestes réguliers, savourant ce contact car elle savait qu'il serait bientôt rompu. Comme elle l'avait prédit, le paint se recula au bout d'à peine deux minutes pour retourner gratter le sol de son box. Mais Lumi ne partit pas immédiatement. Elle resta un long quart d'heure à observer le pie tandis qu'il vaquait à ses occupations, la tête posée sur ses bras. L'étalon lui lança quelques regards curieux mais ne revint pas vers elle. Il avait eu son quota de caresses pour la journée et Lumi respectait ses limites, aussi ne chercha-t-elle pas à l'appeler ou l'attirer. Ils restèrent donc ainsi, en silence, s'observant mutuellement. Lorsque la jeune femme décida enfin de laisser Silven tranquille, ce dernier la suivit du regard tandis qu'elle se redressait et commençait à s'éloigner. -A demain Silven !», lança Lumi. Et elle vit du coin de l’œil les oreilles de l'étalon pivoter vers elle, tandis que sa tête suivait le mouvement, jusqu'à ce qu'elle passe la porte de l'écurie.
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Dim 17 Avr - 11:44
Ils ont en fait du chemin ensemble depuis! Je me demande encore ce que l'avenir leur réserve et à quel point Silven pourra encore évoluer.
+ 2 pts en confiance + 4
Finwë
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Sam 18 Juin - 19:43
Année 4 - Août
Dire au revoir
Le grand jour était arrivé. Le jour que Lumi redoutait tant. Silven allait quitter le domaine pour une nouvelle vie. Un acheteur avait contacté sa propriétaire la semaine dernière, et après être venu le rencontrer, il avait décidé de faire l'acquisition de l'étalon. Ils avaient signé les papiers et décidé d'une date de transfert quelques jours après. En cette journée ensoleillée de début août, le pie bai était sur le départ. Lumi lui avait mis son licol, qu'il emmènerait avec lui, puis l'avait sorti dans la cour. Elle attendait à proximité de l'abreuvoir que son acheteur arrive, ce qui devrait se produire d'une minute à l'autre désormais. La jeune femme observait le paint tandis qu'il buvait. Elle arrivait à peine à réaliser qu'il partait pour de bon. Depuis qu'elle avait pris la décision de le vendre, elle n'avait étrangement jamais songé que le processus irait jusqu'au bout. Dans son esprit, c'était comme si Silven allait tout de même rester ici. Et pourtant, ils y étaient. Son départ était imminent. Lumi songea à ces dernières années, pendant lesquelles elle avait tout donné pour faire progresser Silven. Elle avait obtenu de bons résultats mais, comme elle s'en était rendu compte cette année, le paint avançait trop lentement et n'était pas épanoui. Le couple n'avait pas assez de temps à lui accorder et l'étalon s'ennuyait et était constamment frustré de ce manque d'attention et d'exercice. Le laisser partir avec quelqu'un qui lui accorderait toute son attention était la meilleure option pour son bien-être. Mais Silven avait été le début de tous les changements de vie de la jeune femme, et le voir partir, c'était comme si on retirait une pièce fondatrice de son être. Elle avait l'impression qu'il lui manquerait toujours malgré le temps. Mais elle ne pouvait être égoïste. Garder le paint emprisonné d'une vie qui ne lui convenait pas serait mauvais pour lui et pour elle. Il continuerait d'avoir le même comportement et elle de désespérer de le voir changer un jour. Ils s'embarqueraient dans une boucle sans fin et finiraient par arriver face à un mur. Non, Silven serait bien mieux ailleurs. Elle avait tout fait pour lui mais devais se rendre à l'évidence: elle n'était pas celle qu'il lui fallait. Lumi flatta l'encolure du bai, qui accepta le contact, sentant que quelque chose se passait. Elle mémorisa la sensation des poils du paint sous sa main, son odeur, son apparence. Silven partait loin et il était peu probable qu'elle ait l'occasion de le revoir de si tôt. Puis, elle posa sa tête contre le front du cheval et le regarda dans les yeux, plongeant son regard dans les billes brunes de l'étalon. Elle lui déposa un baiser sur le nez et sentit les larmes qui commençaient à monter. Lorsqu'elle entendit le crissement des pneus sur les cailloux de la cour, elle refoula ses émotions pour être présentable et se retourna. L'acheteur venait d'arriver avec son van. Après quelques dernières vérifications, la jeune femme chargea elle-même Silven dans le véhicule. Elle le sécurisa et, avant de sortir, le serra dans ses bras. «Au revoir Silven, je ne t'oublierai pas. Sois heureux dans ta nouvelle famille.», souffla-t-elle à l'étalon. Elle se recula et tandis qu'elle fermait la porte, le paint l'observait, intrigué. Puis, il disparut dans le véhicule. Lumi salua l'acheteur et lui donna quelques derniers conseils. Il lui assura qu'il prendrait soin de Silven et lui enverrait des nouvelles régulièrement. Puis, il remonta dans sa voiture et le van s'éloigna dans l'allée, quittant Pandora Hills. Tandis qu'il disparaissait de sa vue, Lumi s'effondra, les larmes coulant sur ses joues. Jamais elle n'aurait pensé que se séparer de l'étalon lui ferait si mal. Owen sortit de la maison et vint la serrer dans ses bras pour la réconforter, tout en la ramenant à l'intérieur. C'était fini, Silven était vraiment parti.