Nous étions arrivés à la carrière, Atalante et moi, et mon cœur battait à tout rompre. Des années que je n'étai pas montée à cheval, des années ! Je ressanglais Atalante qui semblait avoir appliqué la technique de bien des chevaux malicieux avant de me mettre à sa gauche, les rênes toujours en main. J'inspirais avec lenteur pour me calmer, je ne devais pas m'affoler, surtout pas m'affoler.
J'attrapais le pommeau de la selle de la main gauche et le troussequin de la droite après avoir placé mon pied gauche dans l'étrier. Lorsque je me lançais pour enfourcher le cheval, mon cœur c'était calmé, je n'avais pas à angoisser, tout allait bien se passer, Atalante était calme, je devais l'être à mon tour et être digne de ce cheval. C'était fait, j'étais dessus, la jambe placée, les étrivières réglées, les étriers chaussés. Je pouvais me détendre, et me lancer.
Je pressais légèrement mes mollets contre les flancs de l'étalon qui réagis aussitôt en se mettant en marche. Mes rênes étaient bien réglés, je les tenaient correctement, et il tourna facilement sans que j'ai trop besoin de forcer. L'âge du cheval était un bénéfice pour moi, il semblait habitué à être monté, et pas méchant pour deux sous, malgré son assurance démesurée. Je m'entraînais à récupérer la bonne position en faisant quelques tours de carrière au pas.
Je le laissais d'abord rênes longues, se détendre, aller un peu où il voulait, découvrir l'environnement et s'habituer à moi et à mon poids avant d'ajuste les rênes pour adopter un pas moyen. L'étalon obéissait sans trop de difficulté, il semblait même heureux de s'exercer. J'hésitais à employer déjà le trot, je voulais être certain de bien maîtriser le cheval avant tout. J'accélérais légèrement, sans passer à l'allure supérieure, faisant adopter à mon cheval un pas allongé.
J'avais relus mes manuels d'équitation dernièrement, je m'étais remémoré avec ferveur chaque cours que nous avions suivis, ainsi je me souvenais qu'il existait un quatrième type de pas. Je savais que je n'avais pas ou plus l'expérience nécessaire pour le faire, mais je tentais tout de même le coup, raccourcissant encore légèrement les rênes tout en essayant de maintenir l'allure. Mais Atalante ne semblait pas vouloir comprendre et se contentait d'osciller entre pas moyen et pas allongé selon que je maintenait plus fermement les rênes ou la pressions de mes mollets.
Je finis par lâcher prise sur cet exercice en allongeant de nouveau les rênes, au grand plaisir du cheval par ailleurs. Au bout d'un certain temps, je le fit passer à un trot de travail simple, assise d'abord, puis enlevée, pour me réhabituer à cette sensation particulière. Je testerais son obéissance au trot une autre fois, aujourd'hui je voulais seulement apprendre à connaître ses réactions, apprendre à le découvrir. Je le refit donc passé au pas et me contentait pendant une minute de lui faire faire le tour de la carrière, en passant les coins au mieux, sans qu'il les coupent.
Au bout d'un moment, je lui fit faire quelques exercices simples, d'abord une volte, puis un cercle, quelques diagonale, un huit de chiffre, quelques doublés et demi voltes … Il semblait prendre plaisir à cet exercice, et moi également. Je m'amusais à faire les figures les plus parfaites que je pouvais, cherchant à ne pas trop lui en demander, mais sans le laisser trop faire non plus.
Je tentais ces figures au pas moyen comme au pas allongé, augmentant sensiblement ma confiance en moi pour ce qui était de la maîtrise de ce cheval. Au final, trois longs quarts d'heures passèrent sans que je m'en rende compte, à faire des exercices d'une simplicité extrême. J'arrêtais Atalante au bord de la carrière et descendit avant de remonter les étriers et de desserrer légèrement la sangle. Je n'avais pas appris grand chose aujourd'hui, peut être que Atalante non plus d'ailleurs, mais j'avais appris à le découvrir et à lui demander de m'obéir avec plus d'aisance. C'était suffisant pour moi.
En ramenant Atalante vers les écuries, je me promis de revenir le lendemain et de tenter d'autres exercices, voire de sauter quelques barres. J'avais le sourire aux lèvres, sans doute que si Atalante avait pus sourire, lui aussi l'aurait fait.