► Chevaux de Mairy

Pour cette première séance montée, j'avais choisi le manège, il me semblait plus adapté pour apprendre à se connaître. Je pensais réaliser une petite détente et m'essayer à quelques exercices simples de dressage afin qu'Aga se place et se déplace avec légèreté le tout sans que je le gêne avec mes mains et en plaçant convenablement mes jambes. Facile ? Pas forcément, les choses les plus simples sont la plupart du temps les plus compliquées à acquérir.

Nous étions aux portes du manèges, Agamemnon m'avait suivit depuis les écuries sans broncher même si le départ c'était avéré un peu compliqué. J'ouvrais la grande porte du manège pour que nous puissions nous hisser à l'intérieur. Il était grand, on avait de la place pour s'amuser mais également pour travailler d'arrache bien. Il ne semblait pas trop poussiéreux et toute une moitié avait été arrosé. Parfait. Au milieu du manège se trouvait un escabeau, ou un marche pied appelez cela comme cela vous arrange. Idéal pour monter sur ce grand dadais. Il était surtout massif ce qui ne me faciliterait pas la tâche pour monter. Et puis, je préfèrais utiliser cette aide plutôt que de prendre des risques, oui je suis quelqu'un de très très prudent. Cela allait également me permettre de voir si monsieur bouge au montoir. J'avançais donc vers le milieu du manège avec Aga à mes côtés. Il se montrait très passif et n'avait pas l'air très motivé malgré le fait qu'il avait l'air nerveux au boxe. Bien, nous allions voir ce que cela allait donner. Une fois au montoir, je passais les rênes par dessus son imposante tête et m'apprêtais à monter. Il ne bougeait pas, toujours aussi passif, je mettais alors mon pied à l'étrier. Pas de réaction de sa part, effectivement, il avait été bien dressé. C'est donc sans difficulté que je m'installais sur son dos. Il était resté à l'arrêt et n'avait pas essayé d'avancer. Je lui fis signe qu'il était temps de rejoindre la piste. Il avait le pas lourd et était assez mollasson. Bon... cela s'annonçait compliqué.
Sur la piste, il s'activa, sans que je n'eus à bouger, comme si il avait comprit qu'il fallait se mettre au travail. J'ajustais donc mes rênes et positionnais mes jambes pour le travail. Son pas devenait plus actif et prêt pour l'échauffement. Je l'avais une fois de plus sous estimé. Je l'installais sur un huit de chiffre pour commencer le travail. Aga se montrait assez souple et agile, ses hanches se déplaçaient correctement, il était très agréable et confortable. Il se mettait en place assez facilement également, même si il y avait du travail car il avait tendance à se négliger dans les virages. J'enclenchais désormais le trot, là aussi il me surprenait car il était très confortable. Ce qui attirait mon attention était avant tout ses foulées très cadencées dignes d'une reprise de dressage, tout n'était pas encore au point ça c'est évident mais avec une bonne remise au travail cela devrait se faire sans difficultés. J'essayais tant que possible d'avoir la posture la plus adaptée. Je le soutenais dans mes jambes, je trottais assis, et essayait de m'adapter a ses foulées. Pour mes mains, je portais mes rênes, elles étaient ajustées sans être trop courtes ni trop lâches. Juste ce qu'il fallait pour le garder attentif et aux ordres. En parlant d'ordres, il répondait très bien aux impulsions que je pouvais lui donner, aux signes que je pouvais lui envoyer. Cela rendait le travail d'autant plus agréable. Je sentais au bout de quelques minutes qu'il se lassait rapidement du huit de chiffre, pourtant c'est un très bon exercice pour s'échauffer mais aussi pour permettre au cheval de progresser dans ses déplacements. Je repassais donc au pas et le ramenais sur la piste, en restant dans un pas de travail. Je ne voulais pas qu'il s'endorme non plus, même si il était moins froid à la jambe que ce que je m'étais imaginée. J'allais engagé le galop à droite sur un cercle histoire de changer, dans le calme. Je voulais partir du pas dans un premier temps pour voir sa réaction. Je vérifiais mes rênes, pensais à ma position et plaçais mes aides pour l'engager sur le galop. Raté, c'est la panique, monsieur ne comprend pas ce que je lui demande et c'est le bazar. Je reprends dans le calme le pas, essaye de le rassurer et le caresse en lui expliquant que cela n'est pas grave. Peut être n'est il pas habitué à partir au galop du pas, ou peut être que je ne suis pas assez claire dans les consignes que je lui donne. Je fais alors deux tours de pas, mais Aga commence à chauffer. Eh bien oui ! C'est qu'il aimerait bien galoper. J'essaye alors de me détendre et je me lance, je positionne mes jambes, mes mains et c'est parti. Il part, bon sur le mauvais pied mais fait le changement automatiquement de lui même. Je le place sur un cercle à main droite et garde mes aides en place pour ne pas qu'il se laisse aller, pour qu'il se soutienne. Ayant un peu chauffé je le sens rond comme une balle sans pour autant avoir l'impression qu'il s'encapuchonne. Il est placé et pas qu'un peu. Je découvre une sensation que je n'avais alors jamais connu.

Le trouvant assez remarquable je lui demande de repasser au trot puis au pas, toujours dans le calme. Je préfère ne pas trop insister quand un exercice est bien réalisé. Je me positionne par la suite à main gauche, cette fois-ci aucun problème pour le départ. Peut être qu'Aga est gaucher qui sait ? Toujours sur un cercle monsieur vient seul se poser sur ma main, j'apporte un soutien dans les jambes en gardant mes aides en place une fois de plus pour ne pas qu'il se fauche. On sait jamais ! Après quelques tours parfaitement exécuté je décide de repasser au pas. Rênes longues, je le félicite. Il est impressionnant (combien de fois l'ai-je dis déjà ? Je me répète !), beaucoup de travail reste à faire mais il est sûr que l'on va bien s'amuser tous les deux. Pour finir la séance, j'entreprends un trot enlevé dans le but de le placer aux deux mains, tout à l'heure j'étais plutôt concentré sur sa façon de se déplacer et les sensations que je pouvais ressentir au trot assis. Je voulais maintenant voir si il cédait facilement au trot et si il venait se poser sur la main. Même si, généralement, lorsqu'un cheval se pose au galop il se pose plus facilement au trot. Ce fut le cas, je ne l'avais pas toujours parfaitement bien mais dans l'ensemble il se tenait très bien et j'avais également l'air de ne pas trop mal me débrouiller. Aga semble très sensible aux consignes qui lui sont données, une consigne erronée aura tendance à le perturber et l'exécution sera moyenne. Il fallait donc que je travaille énormément sur ma posture et sur mes gestes et que je potasse également mon dressage... Une chose est sûre tout cela allait venir avec le temps mais j'étais plutôt confiante pour les prochaines séances. Je passais à main gauche et trottait enlevé, il céda immédiatement. Huuum, je pense effectivement que notre cher Aga est gaucher car tout lui semble facilité à ce côté. Peut être qu'a droite c'est le brouillon pour m'offrir à gauche toute sa concentration. Je ne sais pas, je commencerai les exercices à main gauche la prochaine fois pour voir si cela me semble mieux à droite par la suite. Je finissais la séance tout à fait conquise. Je m'attendais à plus de difficultés, à un cheval plus lourd, j'ai totalement oubliée qu'il s'agit d'un Tinker pendant cette séance. En effet, il se tient, il est rond, il se déplace aisément. Un pur bonheur à vrai dire !

La fin de séance approchant, je désanglais légèrement mon gros bonhomme et le laissait naviguer rênes longues dans le manège, les jambes ballant sur les côtés, je lui accordais toute ma confiance. Tête en bas, souffle chaud, il semblait tout de même serein et parfaitement détendu, vraisemblablement autant éprouvé que moi par cette première séance. Une fois sa respiration retrouvant un rythme normal je me décidais à descendre de son dos même si j'y étais si bien. Hop, mon dieu que la terre est basse et que l'on est mieux sur le dos d'un cheval ! Je le caressais en signe de remerciement, moment difficile pour moi car il n'était pas très réceptif. Mais je le savais, il lui faudra du temps, j'étais déterminée à le rendre plus jovial et plus proche de l'homme.
Je glissais les rênes sur son encolure et les faisaient passer au dessus de sa tête. Il me suivait sans aucun soucis vers la porte du manège et semblait content de retourner dans son boxe, il avait beaucoup transpiré et moi aussi. Nous allions bien dormir ce soir...

J'ouvrais la porte du manège, le stress montait. Je n'étais tellement pas habituée à monter sans selle que cela me pétrifiait. Je prenais mon courage à deux mains, il fallait bien que je me bouge un peu et que je tente de nouvelles expériences et puis travailler différemment c'est toujours un plus. Je n'aime pas la routine et aucun cheval ne l'apprécie non plus. Pour que le travail reste toujours un plaisir il est important de varier un maximum les séances, et pour le moment aucune séance ne se ressemblait, on ne pouvait pas dire le contraire. J'accompagnais Aga au milieu de la piste, pour me hisser sur son dos. J'utilisais comme souvent, un cube pour monter. Par chance, Aga n'était pas un violent au montoir, il ne bougeait pas habituellement, j'espérais qu'il fasse de même aujourd'hui. Je montais sur le cube, et raccourcissait les rênes. Il bougeait les oreilles d'avant en arrière, il était très probablement surprit de ne pas avoir de selle sur le dos, et il avait toutes les raisons de l'être. Je sautillais une, deux, trois fois puis passait ma jambe droite par dessus sa croupe, je m'asseyais assez violemment ce qui effraya Aga, il partit au trot et mes fesses ne voulaient pas rester sur le dos de mon gros. Je me penchais en arrière et tirais sur les rênes. Pas vraiment adapté comme réaction mais j'étais autant effrayée que lui. Il finit par repasser au pas, je n'arrêtais pas de dire Oh ! Oh ! Il finit par m'écouter. J'étais déjà en sueur après quelques secondes seulement passées sur son dos.

Je le mettais sur la piste, doucement, et essayais de le rassurer. J'essayais également de trouver ma place, on ne pouvait pas dire qu'Aga n'était pas confortable, c'était un véritable canapé pour mon fessier. C'était un bon point car je n'étais pas vraiment à l'aise. Je relâchais mes rênes pour le détendre tranquillement au pas. Je gardais cependant mes jambes bien prêt de son corps sans oublier qu'il n'y avait pas de quartiers entre mes jambes et ses flancs, il serait donc plus réactif à mes demandes et mes pressions. J'y allais avec parcimonie. Je ne le laissais pas uniquement sur la piste, j'en profitais pour lui faire faire des figures simples de manège. Il s’exécutait sans difficulté. Après avoir bien évolué aux deux mains je décidais de prendre le trot. Je restais bien assise et essayais de ne pas trop bouger mes mains, ce n'était pas évident. Par conséquent, Aga avait la tête bien en l'air et ne se plaçait pas du tout. Ce n'était pas grave, je ne lui en voulais pas pour autant. C'était également de ma faute, je n'étais pas à l'aise et n'arrivait pas à penser à tout. Mains, jambes, épaules, dos... Cela faisait beaucoup de choses, sachant que j'étais focaliser sur la crainte de tomber. Après quelques tours de manège je soufflais un bon coup et je me détendais un peu. Je relâchais mes épaules et trouvait progressivement ma place. J'essayais de me raisonner pour ne pas l'encombrer avec mes angoisses. Ensuite, je me mettais au trot en équilibre, je commençais à avoir mal aux fesses, et je voulais tester mon équilibre et faire travailler mes adducteurs même si ils me faisaient déjà bien mal. Je n'avais pas l'air de trop le gêner, j'étais donc mieux en équilibre qu'assise. Bien entendu, je ne pouvais pas rester trop longtemps dans cette position car cela me demandait beaucoup d'effort. Je me rasseyais après 2 tours en équilibre à main droite et le faisait encore tourner. Je ne faisais pas de figures à cette allure, j'étais bien trop concentrée pour me laisser distraire par des figures. Surtout que ce que je souhaitais avant tout c'était de lui faire travailler son souffle. Je maintenais par conséquent l'allure et il commençait à bien transpirer, je le sentais à travailler mon pantalon. Je décidais donc de le repasser au pas et de changer de main. Je lui demandais ensuite de repasser au trot et effectuais exactement à la même chose. Du trot en équilibre, ainsi que du trot assis. Je finis par lui demander le pas puis l'arrêt car je n'en pouvais plus. Il était également trempé. Je relâchais totalement mes jambes et leur faisais faire quelques mouvements pour les détendre. Je le faisais ensuite marcher quelques minutes avant de descendre de son dos. Une fois au sol je ne sentais plus mes jambes, si bien que j'avais failli tomber. Il était temps de se diriger à la douche pour finir la séance en beauté et pour faire les soins recommandés par le maréchal ferrant. Cela c'était finalement bien passé, j'en étais ravie même si j'étais cassée en deux.

Une séance de dressage ? Et oui encore, cela devenait une habitude avec mon petit Agamemnon. Après tout c'est ce que je préférais travailler avec lui. De plus, il montrait de très belles prédispositions à la discipline. Plus on travaillait plus je sentais qu'il appréciait les contraintes qu'imposaient le dressage. Je voulais donc continuer en ce sens, le dressage étant la base pour toute discipline. Aujourd'hui, j'avais décidé de travailler l'amplitude, c'est à dire que je voulais lui apprendre à allonger les allures mais aussi à les ramasser.
Nous arrivions donc tout deux au manège, j'avais pour l'occasion emprunté une selle de dressage à une amie. Cela allait être un essai pour lui comme pour moi, je me mettais rapidement en selle à l'aide d'un plot dans le but de ne pas lui tirer sur le dos à froid, certes il n'était pas bien grand mais ce n'était pas une raison. Je ne lui avais pas mis d'harnachement particulier aujourd'hui, j'avais envie de le travailler de la manière la plus naturelle possible mais également de lui laisser un maximum de liberté pour son dos travaille correctement sans contrainte. Je commençais par le marcher tranquillement, rênes longues, pour qu'il s'échauffe. J'essayais de trouver une position confortable dans la selle, j'avais ajusté mes étriers dans un premier temps assez court pour une séance de dressage puis je les rallongerais une fois l'échauffement terminé. Il était serein comme presque toujours, la tête basse, l'encolure allongée, cela se présentait bien. Au fur et à mesure je raccourcissais mes rênes, tout en lui laissant assez de marge pour qu'il puisse s'allonger, je changeais régulièrement de main. Une fois que je le sentais prêt à trotter je me rendais au milieu de la carrière pour ressangler et allonger mes étriers. Il était un peu pataud, se demandant ce que j'étais entrain de faire mais sans aucune crainte. Aga aurait sans aucun doute pu s'appeler Polochon il était tellement doux et tellement mou...
Nous allions enfin passer aux choses sérieuses mais toujours au pas. Je souhaitais lui faire allonger le pas sur les longueurs du manège, pour ce faire je le maintenant dans mes jambes et l'accompagnais avec mon assiette, mes rênes étaient assez lâches pour qu'il puisse s'étendre. J'essayais de positionner mes jambes du mieux que je le pouvais, ce n'était pas évident de savoir où les placer précisément. Je pensais à bien baisser mes talons et garder mes mollets détendus mais près de lui. Je tentais également de compter les foulées sur la longueur et d'en faire le plus possible. Sur les largueurs je ne relâchais pas trop, je ne voulais pas qu'il se ramollisse. Aga se prêtait plutôt bien au jeu et allongeait correctement que se soit à main droite ou a main gauche, je jouais également avec mes doigts sans pour autant le perturber. Je gardais les mains les plus fixes possibles sans être trop ferme pour ajuster au besoin la longueur des rênes pour trouver ce qui lui conviendrait le mieux. Nous faisions une bonne équipe et au pas il assurait.
Ne voulant pas qu'il perde son entrain je lui demandais de prendre le trot et effectuerait un pas plus lent par la suite. Je faisais donc de même au trot, en modifiant quelque peu ma position, pour qu'il ai dans cette allure le plus de foulées possibles il fallait avoir les rênes assez courte et qu'il ait la tête plus relevé. Le trot est une allure propulsée, pour pouvoir l'aider au mieux, je raccourcissais donc mes rênes et redressais mon buste pour avoir la position la plus adaptée. J'effectuais cet exercice au trot enlevé pour commencer puis je finis par m'asseoir. Assis c'était un peu plus difficile mais on ne s'en sortait pas trop mal. J'essayais également de compter les foulées au trot mais cela s'avérait plus compliqué car j'étais très concentrée. Il travaillait correctement aux deux mains, j'étais fière de lui. Il allongeait correctement et avait une position presque parfaite, j'étais bien moins sûre de la mienne mais cela viendrait avec le temps. Par conséquent, étant donné qu'il travaillait bien je le repassais au pas, un pas bien allongé encore une fois avant de lui demandé quelque chose de plus ramassé avec de plus petites foulées. Bien entendu, l'objectif était qu'il ne s'arrête pas, je devais donc le garder un peu dans mes jambes tout en mettant le moins de main possible, j'essayais de doser comme je pouvais. Ramassé l'allure était moins évident que d'allonger. Il se comportait bien. Je relâchais ensuite complètement et il reprenait un pas tout tranquille, rênes longues, je le caressais pour le féliciter, j'enlevais aussi mes étriers pour détendre mes jambes. Nous effectuions quelques tours de la sorte puis je remettais les étriers pour passer au trot ramassé, avec le moins de foulées possibles sur les longueurs. Pour ce faire, je laissais une certaine longueurs de rênes le maintenais dans mes jambes pour qu'il ne repasse pas au pas. Cela se passait également plutôt bien. Il maintenait convenablement l'allure. Je pouvais donc le repasser au pas.

Pour finir la séance, étant donné qu'il avait très bien travaillé, je souhaitais le galoper tranquillement tout en observant bien la manière dont il allait se comporter. Je lui demandais de prendre la galop à main droite, j'avais gardé une longueur de rênes assez importante pour lui laisser la liberté de se placer comme il le souhaitait. Il se négligeait un peu et manquait de se faucher dans les virages, je prenais donc mes rênes plus courtes et le maintenais davantage dans les jambes. C'était bien mieux. Je passais ensuite à l'autre main après avoir effectué une transition bien propre. A main gauche, je gardais la même position et cela semblait lui convenir parfaitement. Nous allions pouvoir en rester la pour aujourd'hui. Je le repassais au trot puis au pas, un peu moins proprement qu'à l'autre main mais cela était de ma faute je commençais à fatiguer. Je l'arrêtais au milieu du manège et le dessanglais je le faisais ensuite marcher sur quelques tours pour qu'il récupère, il avait bien transpiré et il n'était pas le seul. Je descendais ensuite, et le câlinais comme il se doit. Il était temps de rentrer aux écuries.

J'arrivais devant la porte du manège que j'ouvrais rapidement. Aga se montrait toujours très passif, j'espérais qu'il allait se réveiller et se dégourdir les pattes comme il se doit. Il en avait grand besoin, et le méritait amplement. Après tout ce temps passé enfermé ! Nous entrions tous les deux dans le manège, son pas était tellement lourd. Puis, je lui enlevais le licol pour qu'il puisse naviguer tranquillement dans le grand manège du Haras. Dans un premier temps, il ne bougeait pour ainsi dire pas. J'étais surprise, je pensais qu'il partirait tout de même au quart de tour. J'essayais de le motiver un peu de quelques coups de langue sur mon palet. Cela n'avait pas grand effet. Je décidais donc de me munir de la chambrière, que je commençais par agiter doucement, par crainte de le surprendre ou de l'effrayer. Il n'y était pas habitué. Il finissait par relever la tête tout en trottinant, cela me faisait plaisir de le retrouver presque comme auparavant. Il commençait à ronfler et me montrer ses belles allures d'étalon. Je l'encourageais alors davantage pour qu'il prenne le galop, ce n'était pas chose facile mais une fois lancée j'avais le sentiment que plus rien ne l'arrêterait. Il galopait dans tous les sens remuant habillement sa queue de droite à gauche, en panache, il se pavanait comme un pacha. J'étais plus que ravie, ça y est je le retrouvais ! J'avais baissé ma chambrière et le laissais vagabonder comme il le désirait. Je l'observais du milieu du manège, je m'étais mise à un endroit où des plots étaient entreposés histoire de rester couverte. On ne sait jamais un coup peu partir assez rapidement même si j'avais entièrement confiance en lui sachant très bien qu'il n'avait pas une once de méchanceté. Mon gros nounours n'avait rien de vicieux et se montrait toujours très doux avec moi. Il repassait ensuite au trot puis au pas. J'avais peur qu'il ne se roule, j'avais prévu de partir en balade par la suite, et il faudrait recommencer tout le pansage. Au lieu de se rouler il se dirigea vers moi et me réclama des caresses. Il était méconnaissable, peut être que notre coupure lui avait fait du bien et visiblement je lui avais terriblement manqué. Je pouvais alors lui repasser le licol et on se dirigeait de nouveau vers les écuries pour le préparer pour notre petite balade.