△ Le domaine des Doges.

Ton souffle est court et tes joues sont encore empourprées du fait de l’effort consenti. Pourtant, si tu marches vers les douches, tu tiens ta tête haute. Aujourd’hui, ton regard se braque dans les yeux de toutes les personnes que tu croises. On pourrait croire, à te voir ainsi, que tu cherches à en découvre avec l’univers tout entier. Tu es nerveuse et en colère et sur tes talons, Pandora’s Box danse. La ballerine, puisque c’est un peu ce qu’elle est finalement, se nourrit de la rage qui s’éveille en toi. Agressive et remontée, elle fait claquer ses dents blanches non loin de tes doigts. Ta voix s’élève, puissante et grave, comme venue d’ailleurs. Comment un si petit corps peut parler de la sorte ? Les autres ouvrent des yeux étonnés. Personne, au domaine, ne te reconnaît. Où est passée la gamine timide qui donnait l’impression d’avoir même peur de son ombre ?

Pandora se joue de toi. Elle te teste. Elle n’est pas habituée à avoir un tel répondant face à elle mais sans vous en rendre compte, vous excitez les passions de l’autre. Ton état répond à son attitude outrancière, son agressivité répond à ton effronterie. Vous faites une belle paire, gamine ! A ce rythme là, vous allez réussir à vous déclarer la guerre dès votre première sortie. On ne pourrait pas faire mieux, même en faisant exprès ! Mais tu ne t’en rends même plus compte. De nouveau, tu l’attaches solidement. Tu ne comprends pas pourquoi tu es si en colère. Et tu ne cherches pas à savoir. Tu sais trop que tu pourrais t’effondrer comme ça, en un seul claquement de doigt. Alors, encore une fois, tu serres fort les dents. Toutes les tempêtes finissent par cesser, pas vrai ?

Tu t’accroches à cette idée et, comme une forcenée, tu panses le corps transpirant de l’allemande. Plusieurs fois, la Dame soulève le pied. Elle se fait menaçante et, décidée à en découdre, elle envoie comme des salves de coups dans ta direction. Tu n’as pas froid aux yeux. Mais elle va loin. Tu ne la bats pas mais ta main vient percuter sa jambe. Plus que surprise, l’élégante ballerine au caractère affirmé se redresse et se fige. Son oeil est noir et il semble te lancer des éclairs. Toi, ton corps se met soudain à trembler. Tu fais peine à voir, gamine. Faudrait peut-être que t’arrêtes de sortir toutes les nuits, de monter aux aurores et d’enchaîner sur tes journées de taf. Ton corps en peut plus. T’es au bord de la rupture.

Pendant deux secondes, t’arrêtes de t’agiter. Tu cherches à reprendre ton souffle mais c’est comme si tu manquais d’air. Pandora ne bouge plus. Elle t’observe seulement, presque circonspecte. Quel étrange animal es-tu, finalement ? Tu entends des bruits de pas. On s’approche de vous. Tu agis à l’instinct, comme une bête qui doit lutter pour survivre. Tu te reprends en mains et tu reviens tout contre le flanc de la jument. Tu penses tellement à donner le change auprès de tes semblables que t’en oublies de te méfier d’elle alors qu’au fond, tu sais le démon qui lui ronge le coeur. Et la sanction est sans appel : pleine de colère, Pandora arme le coup et vise juste. Heureusement, la puissance de son coup est limité du fait de la configuration des lieux. Elle touche néanmoins ta cuisse et tu te mords immédiatement les lèvres pour étouffer le petit cri de douleur qui voudrait pourtant faire feu de tout bois pour se muer en un hurlement bestial.

Au même instant, Robin arrive. Elle se tient derrière toi et n’a rien vu de la scène. Elle rit et te demande si tu fais une pause. Tu souffles, difficilement. Tu vois comme des lumières et puisque l’adrénaline retombe, tu te sens au bord du malaise. Mais tu ne peux pas flancher, pas maintenant. T’en as suffisamment baver pour être là. Tu te redresses doucement et ton regard lance des éclairs à Pandora qui, soudain, se tient merveilleusement bien. Certes, ses oreilles sont encore en arrière mais elle ne lève plus le pied à tout bout de champ. Elle sait parfaitement ce qu’elle fait. Tu souris à ton tour à Robin et tu lui dis que tu étais en train d’inspecter les membres de Pandora. Tu sais qu’elle s’en contentera.

Comme elle n’ajoute rien, tu t’autorises à poursuivre les soins. Ce qui est bien, c’est que le domaine est équipé d’équipements derniers cris. Vous disposez ainsi de protège-dos chauffant. Tu souris : certes, c’est une innovation mais c’est à se demander comment ils faisaient avant. Tu saisis néanmoins l’objet et tu viens le placer sur le dos de la belle jument baie. Tu n’es pas rancunière.

R. « Je ne pensais pas que vous vous en serviriez.

C. « Si ça peut l’aider à détendre les muscles de son dos, c’est toujours bon à prendre.

Robin acquiesce.

R. « Je ne vous demande pas ce que vous pensez d’elle : j’ai bien vu sur le cross que vous aviez compris qu’elle a du potentiel. Prenez-soins d’elle. Pandora’s Box le mérite amplement.

Mais bien sûr. Tu t’abstiens de tout commentaire. Robin fait demi-tour et disparaît dans les allées des écuries. Tu grommèles. Oui, bien sûr que Pandora mérite d’être bien soignée et bien traitée. Mais elle est très loin de la jument angélique que semble dépeindre la quadra. Tu poursuis néanmoins avec application tes soins : tu te détesterais de la traiter moins bien que d’autres sous prétexte qu’elle a mauvais caractère. Et puis, elle n’est pas sans te rappeler, encore, ton fameux partenaire. Phantom ressemble davantage à ce qu’il était devenu, à force d’années de patience et de persévérance, d’apprivoisement aussi. Pandora, elle, fait écho aux premiers temps de votre rencontre. Tu te souviens encore bien de la violence qui accompagnait chacune de ses actions. Tu souris et tu regardes longuement la brune : elle n’est qu’une version édulcorée de ton grand mâle.

Tu attends d’être au niveau des écuries pour mettre pied à terre : tu sais déjà que Pandora sera terrible et tu ne veux pas te battre avec elle sur tout le trajet. Bizarrement, la jolie brune se tient presque sage. Elle marche calmement, l’encolure basse et dépliée. Cependant, elle retrouve rapidement ses habitudes : alors que tu sautes au sol, ses dents viennent claquer non loin de ta hanche gauche, alors vulnérable. Tu réagis vite et tu montes la voix. Oreilles en arrière, la brune monte haut la tête et se fige dans une attitude défiante. Tu soupires : parfois, tu as l’impression que ce n’est pas un cheval … Tu la conduis jusqu’au niveau des stalles de pansage. Tu hésites de brèves secondes : tu n’as pas beaucoup de temps devant toi alors, tu tentes le tout pour le tout.

Sans l’attacher, tu commences à lui ôter ses équipements. L’Oldenburg se met à danser sur place alors que tu cherches à lui attraper les pieds. Tu sais que ses dents ne sont pas bien loin de toi. Mais quoi ? Tu vas réellement passer les semaines ou les mois suivants à devoir l’attacher chaque fois que tu auras besoin de la manipuler ? Tu soupires longuement. Tu sais que comme ça, vous n’irez nulle part. Tu fermes les paupières quelques secondes. Quand faut y aller … Faut y aller. Et c’est un point final que tu poses dans ton esprit. Tu empoignes fermement le membre de la brune et tu commences à te débattre avec la cloche. Pandora’s Box feinte l’agacement mais, étonnamment, elle renonce à te boxer comme la veille. Tu as du mal à le croire et tu restes sur tes gardes. Rien ne vient.

Tu hausses seulement les épaules : la brunette commence peut-être à fatiguer ? Quoi qu’il en soit, tu te dépêches de la déshabiller ensuite. Comme son dos est encore chaud, tu installes à ce moment le protège-dos chauffant. Comme vous allez marchez, tu fixes sur le poitrail de la délicate ballerine un espèce de sanglon qui fera office de collier pour tenir l’objet en place. Tu dois aussi fermer un sangle ventrale. Tu soulèves un sourcil et fixe le regard de Pandora. Elle te scrute également. Elle semble comprendre ton hésitation et attendre que tu te décides. Va-t-elle te sanctionner de tant d’imprudence ? Tu choisis de courir le risque. Vive, elle lève immédiatement le postérieur et … et rien ne vient. Elle le claque seulement au sol, en prenant « soin » de t’éviter. Tu peines à le croire.

Sans la caresser pour cette renonciation tardive, tu l’emmènes avec toi aux douches. Tu ne rinces que ses membres cette fois-ci. Un long pansage t’attend mais avant cela, tu la fais marcher quelques minutes autour des écuries, pour faire fonctionner ses muscles et l’aider à les délier.