carnet | don't think twice

Je sens bien qu’ils me cachent quelque chose. Mes parents. Je les ai entendus murmurer dans la cuisine l’autre jour, ils se sont arrêté quand je suis rentré dans la pièce. Comme par hasard. Maman avait ce regard pétillant qu’elle arbore généralement quand elle détient un secret. Papa semblait gêné d’avoir été pris sur le fait, en pleines messes basses. Mon air suspicieux devant leurs mines complotistes n’a eu aucun effet. J’ai essayé de leur tirer les vers du nez. En vain, de toute évidence, puisque je ne peux pas m’empêcher de penser à ce qu’ils préparent en douce depuis cette fois là. Ce matin, maman était au téléphone dans son bureau quand elle m’a gentiment mis à la porte alors que je venais juste lui demander où était le pain d’épice. D’autant plus étrange que, conversation téléphonique ou pas, elle me répond toujours avec un sourire. Je suis resté interdit quelques secondes puis j’ai tenté d’écouter, l’oreille collée contre la serrure. Rien, alors j’ai abandonné pour aller chercher mes épices moi-même tout en soupirant. Pendant que je fouillais les armoires, j’ai monté plusieurs plans pour les prendre sur le fait mais les bougres sont tellement vigilants qu’il fera trente degré en plein décembre avant que je n’ai découvert leur secret. J’ai donc décidé d’opter pour la seule solution plausible : tout vient à point à qui sait attendre. Tôt ou tard, ils se trahiront eux-mêmes et je pourrais satisfaire ma curiosité. Il ne me restait plus qu’à être patient jusqu’à ce que ce moment arrive.

Cadeau #9 ; 5pts concours (pour Starlord

Olivia, 16 ans.

Cher Père Noël,
Je ne sais pas ce que j’attends en t’écrivant cette lettre. Je sais bien que tu n’es qu’un mythe pour enfants, cela fait bien longtemps que je n’y crois plus. Mais j’ai besoin de poser des mots sur ce tout ce qu’il se passe ces derniers temps. J’ai l’impression que ma famille éclate en morceaux, un peu plus chaque jour. Gabriel est parti aux États-Unis à la fin de l’été pour entamer des études qu’il ne voulait même pas faire et, depuis, lui et nos parents ne se parlent quasiment plus. S’en est arrivé au point que Gaby a décidé qu’il ne reviendrait pas pour les fêtes. Il me l’a dit au téléphone hier. J’ai tenté de lui faire changer d’avis, sans succès. Je crois que c’est un peu sa façon de se rebeller sans vraiment le faire : obéir à papa et maman mais leur faire regretter ce qu’ils lui ont imposé. L’atmosphère a la maison est devenu irrespirable. Les parents tiennent tête mais je sais, je le ressens, qu’ils s’inquiètent pour leur fils. Après tout, ils ne veulent que ce qu’il y a de mieux pour nous, bien qu’à notre âge, c’est parfois un peu difficile à comprendre. Le manque de nouvelles de la part de Gabriel leur met les nerfs à vif, ils s’énervent pour un rien, s’occupent à peine de moi si bien qu’ils ont failli manquer mon anniversaire le mois dernier. Encore une fois, je ne sais pas bien ce que j’attends en (t’)écrivant cette lettre. Peut-être que je me dis que de poser tout ça sur le papier me permettra de trouver une solution pour arranger les choses. Je n’en sais rien. J’ai seize ans et j’aimerais juste que tout soit plus simple. Que cette année ne soit pas la première où nous ne serons que trois à table pour Noël.

Cadeau #10 ; 5pts de débourrage

Ils ont essayé de me changer les idées aujourd’hui. De me faire penser à autre chose qu’à ce secret qu’ils me cachent depuis quelques jours. Ils ne se sont pas encore trahis mais j’ai bon espoir qu’ils le feront bientôt. Aucun doute que cela a à voir avec le cadeau qu’ils comptent me faire à Noël. En début d’après-midi, papa est venu me chercher dans ma chambre pour une sortie surprise. Maman était déjà prête, n’attendant plus que nous quand je suis descendu pour enfiler mon manteau et mes chaussures. Nous avons pris le chemin de la voiture et, environ une heure plus tard, on se garait non loin de la place principale de Zürich. Bondé de monde, évidemment. J’ai pensé pendant un instant que j’aurais largement préféré être aux écuries que noyé dans cette foule de gens qui se pressent dans la rue pour entrer dans chaque magasin présent sur leur chemin. Olivia m’a envoyé un message hier, elle n’attend que moi pour que l’on teste enfin Don’t Think Twice sous la selle et j’en trépigne d’impatience depuis. Au lieu d’être à cheval, mes parents m’ont emmené jusqu’au parc pour, surprise, passer une après-midi à la patinoire. Tout adolescent normal aurait probablement fait la tête. Moi, j’en été heureux. C’était une tradition familiale que nous ne manquions jamais au Danemark et avoir la chance de la faire perdurer ici me remontait le moral et me faisait oublier le secret qu’on me cachait. Nous avons enfilé nos patins avant d’aller glisser sur la surface lisse de la glace artificielle, s’amusant et riant aux éclats pour un samedi après-midi parfait.

Cadeau #11 ; 5pts de saut (pour Starlord)

La tempête de neige avait repris de plus belle à l’extérieur rendant les déplacements de nouveau difficiles. Papa avait choisi de dormir sur base la veille afin de ne pas être bloqué, maman optant plutôt pour l’option du télétravail, plus compatible avec son métier de journaliste. Moi, je m’ennuyais comme un rat mort, sans possibilité de me rendre aux écuries. Plus le temps passait et plus j’avais l’horrible impression que cela faisait une éternité que je n’avais pas mis les pieds au manoir. Je n’avais toujours pas eu l’occasion d’essayer Twice comme prévu et mes cours particuliers avec Prunelle devaient sans cesse être repoussés eux-aussi. J’allais devenir complètement fou à force de tourner en rond dans la maison, au mieux, je ferais un trou dans le parquet. Quitte à être enfermé tel un prisonnier de la météo, je décidais de me mettre à l’aise. Après avoir vidé les armoires des couvertures et des oreillers supplémentaires gardés en réserve, j’emmenais le tout dans le salon et, à l’aide des chaises et des tabourets de bar, me confectionnais une cabane cosy. L’installation n’était pas très stable mais cela suffirait amplement pour une après-midi marathon Star Wars, installé bien confortablement à l’abri de mon fort de fortune accompagné d’un plateau de sablés à la cannelle et d’un grand chocolat chaud avec une pointe de sirop de caramel. Je gardais la dernière couverture afin de m’emmitoufler dedans, entouré de toute part par les plaids et divers édredons.

Cadeau #13 ; 5pts de débourrage

Malgré le blizzard de la veille, la neige avait cessé de tomber relativement tôt dans la soirée et, au petit matin, les pâtures en étaient quasiment dépourvues. Après avoir fait son tour des chevaux pour sa vérification de routine pendant le nourrissage, Liv était allée voir si les terrains n’étaient pas trop glissants. Avec plaisir, elle avait constaté que ce n’était pas le cas et demandé aux palefreniers de l’aider à sortir les équidés pour une sortie bien méritée. Elle même attrapa le licol suspendu devant le box de Twice avant d’entrer pour le saluer en bonne et due forme, carottes et caresses ne manquant pas à l’appel. L’étalon dressa les oreilles et l’encolure quand elle lui passa l’objet en cuir sur la tête, ronflant des naseaux quand ils sortirent de la stalle pour se rapprocher au fur et à mesure de l’extérieur. Il se mit à trottiner une fois sortie des écuries, passant devant la jeune femme et la bousculant dans son élan d’euphorie. Malgré la joie évidente et compréhensive du welsh, elle ne laissa pas passer ce manque de respect et s’empressa de le remettre à sa place. Elle ne dit rien quand il reprit son petit trot étant donné qu’il s’assurait de ne pas entrer dans sa bulle. Afin de ne pas jouer avec l’impatience et les nerfs du palomino, elle hâta le pas en direction de son paddock, se dépêchant de le libérer afin qu’il puisse se délier à son aise. À peine la longe détachée, Twice parti en une grande galopade ponctuée de ruades et de sauts de mouton, envoyant ses postérieurs dans tous les sens et emmenant avec lui, en hennissant, les chevaux des prairies adjacentes. Olivia ne put s’empêcher de sourire, voir ses chevaux heureux comme cela lui mettait du baume au coeur. Malgré le froid piquant, elle demeura là pendant un long moment, rien qu’à les observer. Apparemment, la météo allait se montrer plus clémente à l’avenir et tous pourraient bientôt reprendre du service, à commencer par le petit étalon welsh que Niklas pourrait sans doute essayer sous peu.

Cadeau #14 ; 5pts à miser

Liv rangeait sa sellerie quand son regard tomba sur une grosse balle en caoutchouc bleue toute poussiéreuse, coincée dans un coin de la pièce derrière un carton de vieilles bottes. Elle songea un court instant qu’une pause lui ferait le plus grand des biens, enfermée là dedans depuis presque deux heures et n’ayant pas vraiment avancé. Elle s’empara du jouet avant de prendre la direction des paddocks et, plus précisément, de celui de Twice. L’étalon se montrait très réceptif à toutes activités, qu’elles soient physiques ou intellectuelles, et celle-ci risquait très fortement de lui plaire. Il l’observa pénétrer dans son enclos d’un regard curieux, fixé sur le ballon, et s’approcha à petites enjambées pour venir poser ses naseaux dessus et le goûter du bout des dents. S’assurant ainsi que l’objet ne lui faisait pas peur, la jeune femme l’envoya rouler au sol sur une courte distance, le palomino aussitôt attiré et n’hésitant pas à donner quelques petits coups d’antérieur dans la balle. Souriante, Olivia shoota dedans à plusieurs reprises, le welsh l’imitant dans un jeu de passes. Finalement, la Keller se tenta à envoyer le jouet plus loin, le poney s’empressant de le poursuivre au galop tout en jetant les membres en avant. Elle le regarda s’amuser ainsi pendant de longues minutes, taper dans le ballon puis ruer avant de revenir à la charge pour mieux s’éloigner en d’amples foulées. À défaut d’avoir repris le travail monté, cela le faisait se dépenser d’une manière plutôt ludique et l’étalon semblait apprécier. Elle profita d’un court instant d’accalmie pour aller le gratouiller derrière les oreilles puis, discrètement, redonna un coup dans la balle qui vola sur plusieurs mètres, faisant repartir Twice de plus belle dans son élan de folie.

Cadeau #15 ; 5 trèfles