Chez les cavaliers d'Eréthia

 
Chez Lyna

Il y a des blessures qui ne se referment vraiment jamais. Elles sont là, cachées à l’intérieur de nous. Au fil du temps, on apprend à vivre avec, car malgré tout la vie continue.

Pour la troisième fois depuis le début de sa courte vie, son cœur venait à nouveau d’être meurtri. Le ciel était d’un gris sombre ce jour-là, l’orage menaçait d’éclater à chaque instant. Elle venait de sortir de son petit appartement quand son téléphone avait sonné, le nom de sa mère s’affichait en gros sur son écran. Sa mère ne lui parlait que très rarement et jamais pour prendre de ses nouvelles, alors par curiosité elle avait décroché. Pourtant, si elle avait su. Jamais oh grand jamais elle n’aurait décroché ce fichu téléphone.

- Il est mort, félicitations tu as héritée de tous ses biens.

Pas un bonjour, rien. Seulement sa voix acerbe, emplie de dégoût. Elle lui avait craché tout son venin sans aucune once de tristesse. La traitant comme une moins-que-rien, pourtant elle ne l’avait pas vraiment écouté. Son cerveau l’avait déconnecté du monde des vivants, la plongeant dans un flou total. Les jours ont défilé devant ses yeux vides de sentiments, elle ne s’était même pas énervée quand sa mère avait tenté de lui piquer son héritage en falsifiant le testament que lui avait fait son grand-père.

Manque de chance, le notaire en avait eu une copie, faisant rager sa génitrice comme jamais auparavant. C’était une véritable rapiat, volant le moindre centime sans une once de honte ou remord. Une garce si vous voulez son avis.
Sa petite vie tranquille d’étudiante s’était alors transformée en foutoir complet. L’héritage de son grand-père ne comportait pas qu’une simple montre comme dans un testament classique ou encore une modeste somme. Non, c’était plus que cela, elle avait hérité du titre de duchesse avec tout ce qu’il allait autour. Un domaine et des terres à perte de vue.

Beaucoup auraient sauté de joie, mais pas elle. La douleur de cette perte était là, présente dans son cœur. Mais elle avait préféré accepter plutôt que voir sa mère vendre la maison de son enfance.



Assise au centre de son salon, encerclé d’un tas de cartons tous plus gros les uns que les autres. Complètement épuisé, elle se laisse tomber en arrière. Son corps tombant sur le sol produit un bruit mat, sa tête percute le parquet et une grimace de douleur apparaît sur son visage.

- La poisseeeee

S‘énervant contre elle-même, elle se redresse en se frottant l’arrière du crâne. Reprenant sa longue et interminable tâche. Attraper, trier, jeter, ranger. Encore et encore. C’était épuisant de faire des cartons à longueur de journée. Ça n’en finira donc jamais ? Elle n’en voit pas le bout et ça commence à la gonfler fortement. Déménager n’est pas vraiment sa tasse de thé, changer de vie non plus d’ailleurs.

Elle reprit sa tâche sans grande conviction, un cadre photo poussiéreux fini par atterrir entre ses mains. Ses doigts caressèrent la vitre, les yeux dans le vague et un sourire triste étirant ses lèvres. La photo, vestige d’un passé maintenant révolue, lui fit remonter des souvenirs heureux.

Ses yeux se posèrent sûr la petite fille riant, debout sur une jument noire. Elle se souvient parfaitement de ce jour d’été. Elle avait seulement sept ans à cette époque, son grand-père l’avait mise au défi de tenir debout sur la vieille jument. Chose qu’elle s’était empressée de faire, la mise avait était laborieuse, mais elle avait au final réussi.  

Elle avait rit aux éclats avant de sauter dans les bras de son grand-père, qui lui avait finit par terre. Cette jument avait été le seul moyen pour elle d'oublier l'abandon de sa garce de mère. Mais hélas, la vieille jument l'avait quitté quatre ans plus tard, elle s'était éteinte dans son sommeil un soir d'hiver.

Un petit sourire étire ses lèvres tandis qu'elle emballe le cadre dans du papier à bulle avec soin. Ne voulant pas abîmer ce précieux souvenir.

Les heures défilèrent lentement, tandis que les cartons s'empilent dans la pièce désormais vide d'objet. Un sentiment de vide l'étreignit brutalement et un profond soupir sortit de sa bouche.

Vingt heure sonne, il est temps pour elle de faire une pause. Telle une automate, elle se dirige dans sa cuisine. Attrape la boite de pasta, la dernière d'ailleurs et la balance dans le micro-onde.

Les pâtes étaient fades, sans goût. Assise sur le rebord de sa fenêtre, la tête contre la vitre froide. Elle regarde la pluie tomber sur la ville d'un œil morne, il ne lui reste que quelques heures pour finir de remplir les derniers cartons avant le jour J.

Demain sera un jour nouveau, un jour pour changer de vie. Qu'elle le veule ou non.  

 

Grelottant de froid, elle se dirige à petit pas devant la cheminée du salon. Dehors le vent souffle avec force, ses mains froides attrapèrent le paquet d'allumettes. Experte en allumage, l'allumette prit feu sous ses yeux.

Elle prit soin de disposer l'allumette au bon endroit. Le feu ne mit pas longtemps avant de prendre et bientôt se mit à attaquer les bûches. Plaçant ses mains au-dessus du feu, elle émit un soupir de bien-être.

Elle s'assit en tailleur face à la cheminée, profitant d'un maximum de la chaleur tout en regardant le blizzard faire rage dehors. Les flocons de neige tombe avec force tandis que les arbres tremblent et plient face au vent violent. Les vitres en tremblent tandis que certains volets mal accrochés, claquaient contre les murs du manoir.

Pour un deuxième jour de vie dans ce manoir, elle était franchement gâtée. Elle se croit presque dans un film d'horreur. Manque plus que le parquet grinçant pour l'achever définitivement.

- J'ai bien fait de rentrer la pauvre Ariel.

Ariel est la seule jument restante du domaine, son grand-père l'avait acheté pour faire le rôle de tondeuse. Avec la tempête, dehors, elle a préféré la rentrer à l'écurie même si la jument était tout ce qu'il y a de plus résistant au monde.  
Un courant d'air la fit frissonner, il faut sûrement refaire toute l'isolation du manoir. Il faut tout refaire de toute façon. La toiture fuit à certains endroits et la moisissure recouvre la plupart des murs. Bonjour les soucis de santés. Trop de boulot.

Ayant toujours un peu froid, elle se mit en tête d'aller se faire un bon petit thé. La cuisine, pour son plus grand malheur n'est pas encore totalement chauffée. Sautillant comme une débile devant son micro-onde, elle n'attendit pas que la tasse refroidisse pour se jeter dessus et courir de nouveau dans son salon.

Elle put profiter de la douce chaleur au coin du feu, assise sur le fauteuil de feu son grand-père tout en sirotant son thé. Tandis que dehors le blizzard faisait toujours rage.  
 
 

   
Chez Lyna

Les semaines ont défilé à une vitesse folle depuis son déménagement, les rénovations ont commencé, elle n'a déjà plus de fuites au niveau de la toiture. Les murs de la bâtisse sont fraîchement repeints tandis que tous le manoir subit un renouveau et une nouvelle isolation digne de son nom.

Elle a gardé la plupart des meubles déjà présent, aimant particulièrement le style gothique. Mais pourtant, l'endroit manquait d'un petit quelque chose. Il manque juste un peu de chaleur, de magie. Les fêtes de fin d'années approchent à grand pas et toute sa matinée fut consacrée à l'achat de décoration. Tout y est passé, boule de Noël, guirlande, lumière et autres petites décorations.

Marteau à la main, elle se mit à planter un clou dans sa porte d'entrée, puis sortit du sac plastique à ses pieds, une magnifique couronne de Noël. Ses mains l'accrochèrent au clou, elle se recule et observe sa création. Fière, la jeune femme put passer à la suite des décorations.

Le salon fut le premier à y passer, la cheminée fut décorée tout comme les portes. La grande fut nappée et un chemin de table dressé. Elle y dépose une petite guirlande lumineuse. L'heure du sapin de Noël vient de sonner, elle le sortit de son carton et se mit à le construire. Démêlant chaque branche, les clipsant une part une.

La magie prit vie, tandis qu'autour d'elle les lumières prennent vie. Une multitude de couleur envahie la pièce, le sapin brillant de mille feux. Dehors, les guirlandes se mirent aussi en marche, éclairant les écuries pour l'instant vide.

Le feu crépite dans son antre, donnant une chaleur supplémentaire à l'ambiance présente. La magie de Noël peut parfois faire des miracles. Elle se sent de nouveau elle-même et non plus la jeune femme endeuillée.
   

   
Il fait nuit, plus un bruit ne résonne dans le manoir. Pourtant elle n'arrive pas a trouver le sommeil, la fatigue l'ayant quitté subitement au beau milieu de la nuit. Elle se redresse, passant une main sur son visage. Elle bascule son corps sur le rebord du lit, ses pieds rencontrèrent la froideur du sol.

Elle frissonne, ses poils s’irisent sous son pyjama. Dans le noir complet, elle se mit à marcher a tâtons, elle sortit de sa chambre. Et pris le premier bougeoir à porté de main, son téléphone n'a plus assez de batterie pour allumer la lampe torche alors elle le fait donc à l'ancienne : une bougie.

Il faut déjà l'allumer, elle fit craquer une allumette et la magie prit vie. La bougie prit feu et se mit à danser devant ses yeux. La petite bougie ce mit à éclairer le chemin, dans un silence total elle se mit à marcher en direction de l'écurie ce trouvant sous le manoir.

La porte menant à l'étage du dessous se mit à grincer, la lueur de la flamme n'est pas assez puissante pour tout éclairer. Digne des films d'horreur ! Pied après pied, elle descendit les escaliers doucement. Une petite brise la fit frissonner, l'air s'engouffre d'une des fenêtres abîmé par le temps. Encore quelques choses à faire rénover.

Un faible hennissement, l'accueil, la jument est couché dans les copeaux frais. Dormant à moitié, la jeune femme ouvrit alors la porte du box pour se réfugier à l'intérieur. La douce Ariel, relevant la tête pour venir la sentir. Ne prenant pas la peine de se relever.

Doucement, la jeune femme se glisse dans un coin du box, posant le rebord de la fenêtre attenant au box. Puis prit place dans un coin du box, son regard fixant doucement la belle jument à la robe si atypique.

La lueur de la bougie vacille, créant un jeu d'ombre dans l'écurie. Ses paupières se fermèrent petit à petit, le sommeil l'emportant doucement vers le monde des rêves. Et lorsque que la flamme s'éteignit, la jeune femme partit rejoindre le monde des songes.

   

La nuit finit de tomber, plongeant le domaine dans une noirceur angoissante. Il neige de nouveau et recouvre les verte prairie d'un manteau blanc. Tout est si calme dehors, pas un bruit au alentour. S'ennuyant profondément, la jeune femme prit l'initiative de sortir dehors. Elle a besoin de s'aérer un peu, passant trop de temps a ranger ses cartons.

Elle n'avait quasiment pas vu Ariel, étant bien trop occupé à tout rénover. La jument broute au loin dans un pré, il lui faut trouver un compagnon rapidement. Elle s'accoude à la barrière observant malgré la pénombre la jument faire sa vie. Plus rustique qu'elle, on ne peut pas.

La jeune criollo vint la sentir, délicatement, elle passe sa main sur le chanfrein de la jument. Un petit bruissement lui fit tourner la tête. Il n'y a pourtant pas de vent cette nuit, curieuse la jeune femme délaisse la jument pour s'approcher du bruit.

Lampe torche allumée, un autre bruissement lui confirme la présence d'un animal dans les buissons. Elle s'accroupit et se penche au maximum pour tenter d'y apercevoir l'animal. Un hoquet de surprise s'échappe de sa bouche, devant elle se trouvait une petite boule de poils aussi noir que la nuit. Recroquevillé et tremblante de froid, le chaton ne semble pas avoir dépassé le deuxième mois de vie.

Aucune trace de la mère, peut être était t'elle morte ? Ou alors quelqu'un l'avait lâchement abandonné. Alors, délicatement Lyna prit dans ses mains la petite boule de poil et le mit à l'intérieur de sa veste pour lui apporter un peu de chaleur.

Elle fit demi-tour pour rentrer au manoir, le petit chaton blottit contre ne semblait pas avoir la force de se débattre. Elle se hâte de rentrer et d'emmitoufler le chaton dans une couverture polaire tout lui frictionnant le corps pour lui redonner chaud.

Le félin se mit vite à se mouvoir malgré sa faiblesse visible. Elle lui offrit de l'eau et un peu de viande mixé, n'ayant pas de nourriture adapté à lui. La nuit fut longue, elle eut peur que le petit chat ne survive pas. Pourtant, à la première lueur du jour, le chaton dormait paisiblement contre elle. Cherchant sans doute un peu de chaleur.

- Bienvenue dans la famille petite Night.  

   

 
Chez Lyna

L'heure sonne, dehors la pluie continue de s'abattre sur la ville. Ville qu'elle quitte pour de vertes contrées. Les déménageurs sont arrivés et descendent les cartons jusqu'au camion, elle n'a pas grande chose. La plupart des meubles appartiennent à la propriétaire.

Le parquet craque sous ses pas et résonne dans la pièce maintenant vide, elle jette un dernier regard circulaire à son ancien chez elle avant de fermer la porte pour la toute dernière fois. Elle tendit les clefs à la propriétaire qui l'a prit dans ses bras.

La petite grand-mère est quelqu'un de très précieux à ses yeux, elle été toujours présente quand la jeune fille avait besoin d'aide. Que ce soit pour des devoirs ou pour lui faire goûter de bon petit gâteaux.

- Merci beaucoup Mamie Gâteaux.

Les aux revoirs furent larmoyant, cependant, il fallait qu'elle parte. Les déménageurs l'attendent en bas, elle se hâte de les rejoindre tout en promettant de passer voir la grand-mère de temps en temps. Il est temps pour elle de commencer une nouvelle.

L'immense portail s'ouvrit devant elle, qui aurait d'ailleurs besoin d'un bon coup de peinture. Et d'huile au vu de la lenteur de l'ouverture. Une grande allée bordée de chêne lui ouvrit le chemin, l'automne avait fait perdre les feuilles de ses arbres majestueux. Recouvrant la route d'un manteau rougeoyant.
La grande bâtisse du manoir s’élève, autrefois majestueuse la voilà devenue sinistre. Tout tombe en ruine, la toiture, les murs sont maintenant ternes et délabré. Et ne parlons même pas de la fontaine devenue verte de moisissure.

Le temps à fait son œuvre en quelques années seulement, elle se gare. Tandis que les déménageurs font leur travail. Déposant tous les cartons dans le hall d'entrer. Même les marches ont besoins d'être rénové.

Elle soupire, passant une main sur son visage si fatiguée. Tout en pensant à la tonne de travail qui l'attend pour les semaines voir mois à venir. Maintenant seule, la jeune femme put observer les alentours. Tout a changé, les barrières autrefois vernis faisait pâle figure. Elle n'osait pas imaginer l'état des écuries.

Son regard fut attiré par un mouvement provenant de la pâture non loin du manoir. Une jument y broutait le plus naturellement du monde. Elle se frappe le visage tout en notant ce nouveau problème, le notaire à du oublier de lui préciser la présence de la bestiole.

Elle ne lui semble pas malheureuse ni en mauvais état sauf si on considère son bide énorme de gras. La jument devait avoir l'habitude d'être seule, curieuse néanmoins, la jeune femme s'en approche. S'accoudant à la barrière, elle put observer l'équidé. La jument n'est pas très âgée et ne semble pas usée par le travail.

Laissant la bestiole tranquille, Lyna soupire une nouvelle fois avant d'aller fouiller les papiers de son grand-père, espérant y trouver les papiers de la jument. Elle ouvrit chaque tiroir du bureau, tout passa au peigne fin. Un petit carnet attira son attention, touchant le jackpot Lyna n'attendit pas le déluge pour ouvrir le carnet.

La jument répond donc au nom d'Ariel, jeune criollo de sept ans. Son grand-père l'avait acheté juste après son départ du domaine. Se sentant sûrement seul. Elle se sentit coupable de l'avoir abandonné, lui qui avait fait tellement pour elle. L’élevant à la place de sa mère.

Elle s'assit dans le fauteuil tout en se massant l'arrête du nez. Le carnet de la jument posée devant elle. Elle allait avoir beaucoup de travail. Mais pour l'instant, il lui fallait commencer le déballage de carton à son plus grand malheur. La journée lui parut aussi longue que courte et c'est épuisée qu'elle s'écroule dans son lit fraîchement fait, remettant les problèmes d'aujourd'hui à plus tard. Morphée la prit dans ses bras emportant la jeune femme dans le royaume des songes.



 

 
Chez Lyna

- ATCHOUM

Allongée dans son lit, la brune ne put s'empêcher de pester contre sa malchance. Une petite boule de poil vint grimper le long de son lit, attirant l'attention de la jeune femme. Night plantait ses griffes dans la couette pour grimper jusqu'à, faisant rire la brune.

Subitement, une quinte de toux lui prit la gorge, manquant de la faire s'étouffer. La boule de poil se mit à miauler fortement, montrant à sa nouvelle esclave qu'elle mourrait de faim. Ne pouvant échapper à son devoir, la jeune femme prit sur elle pour ce lever de son lit.

Voilà deux jours maintenant qu'elle avait chopée un bon rhume, la clouant au lit. Elle l'avait cherché aussi, sortir au beau milieu de la nuit en pyjama n'était pas conseillé surtout en plein hiver. Elle ne devait s'en plaindre qu'à elle-même.

D'un geste fatigué, elle versa un peu de croquette spécial chaton dans la gamelle de Night qui s'y jeta à corps perdu. À croire qu'elle n'était jamais nourrie. Éternuant une énième fois, elle finit par s'échouer dans son canapé, face à la cheminée.

Le feu y crépitait, les flammes dansant un ballet étrange et pourtant si reposant. Elle s'endormit, la chaleur du feu la berçant doucement. Un éternuement la réveilla pourtant violemment, sa main attrape la boite de mouchoir en quatrième vitesse.

La boite y passa presque au complet, elle poussa un long soupir avant de regarder dehors. La nuit avait pris place, sa montre lui indiqué dix-neuf heures déjà. Elle avait dormi toute une après-midi complète et elle était toujours fatiguée.  

Elle se fit une bonne soupe à la tomate, espérant que ça l'aide un peu à aller mieux. La nuit fut longue et entre-coupé par ses réveilles constant et agaçant. Elle passa la semaine dans le flou total avant que les médicaments ne fasse enfin effet.

 
 

Tout est calme autour d'elles, la brise légère fait danser les flocons de neige. Sous elle, la jument marche doucement dans la neige.

Le chemin est recouvert d'un épais manteau de neige, il avait de nouveau neigé toute la nuit à son plus grand bonheur. La jument était une parfaite compagne de balade, et même après plusieurs mois sans travailler, elle était encore en bon état.

Cavalière depuis sa tendre enfance, la jeune femme n'avait pas hésité à mettre pied à l'étrier quand elle se sentait sur le point d'exposer. Les rénovations du domaine avaient très bien avancé, l'écurie avait retrouvé sa splendeur d'antan. Les barrières des nombreux prés ont été plus ou moins remplacé et repeinte tandis que les installations comme le manège avaient reçu un bon coup de neuf.

Même le manoir y avait eu le droit, la façade n'avait plus cette drôle de couleur verdâtre, ni de plante grimpante bien qu'elle aimait particulièrement le lierre. L'isolation était finie et les fuites du toit réparé pour de bons. Manquait plus que de troquer le carrelage contre du parquet, ses petons ne pouvait plus supporter la froideur du sol.

Ariel s'ébroue reconnectant la jeune femme à la réalité, elle réajuste ses rênes tout en s'emmitouflant un peu plus dans son écharpe vert et argent. Le ciel est bleu aujourd'hui, aucun nuage ne profile à l'horizon pour son plus grand bonheur.

Son regard observe le paysage d'hiver, les arbres ont perdu leurs dernières feuilles lors du blizzard de la semaine dernière. La neige a recouvert les sapins rendant un certain charme au paysage. Un charme de Noël.

Le chemin bifurque, il est temps de rentrer au domaine. Elle a assez profité de son temps de pose, elle l'a même légèrement dépassé. Le retour à l'écurie se fit le plus tranquillement possible, Lyna n'avait pas vraiment envie de rentrer, mais la nuit commençait à tomber et apportant avec elle le froid mordant.
 
Elle descendit dans la cours du manoir, puis mena sa monture vers l'écurie. Elle ouvrit la grande porte et y entra, suivit de la douce criollo. Ariel la suivit dans le couloir, les oreilles en avant. Elle dessella la jument et lui offrit un bon pansage avant de relâcher la belle dans sa pâture.

Contente et requinquée, la jeune femme remonta chez elle rapidement. Bien déterminé à commencer à monter son parquet. Pourtant, une fois en haut, elle fut coupée par un miaulement plaintif. Alerte, la brune se mit à chercher d'où pouvait bien provenir le miaulement.

- Night ?

Un autre miaulement retentit, provenant de la cuisine. Le chaton l'attendait peut-être devant sa gamelle vide. Comme une pauvre malheureuse, mais non, la cuisine était vide. Cependant, un bruit dans la poubelle la fit sursauter.

Ce frappant la main contre son visage, Lyna partit libérer son chat tombé dans la poubelle. Celle-ci avait dû vouloir récupérer les morceaux de poulet de ce midi. L'attrapant pas la peau du cou, elle la sortit de là avant de la laisser tomber. Le chaton fila hors de la cuisine, vexé que son esclave ce moque d'elle. La journée se termina sous les rires de la jeune femme et sur son chat boudant dans un coin du salon.


   

La journée lui parut interminable, si bien qu’elle plaqua tout pour aller voir la douce Ariel. La jument mangeait tranquillement dans son pré. Seule. La jeune femme n’avait pas eu encore le temps de lui trouver un compagnon. Trop de choses à faire.

La jeune femme s’accouda à la barrière et prit le temps d’observer la criollo faire sa vie. En débarquant dans ce domaine, elle ne s'était pas attendu à trouver sa perle rare. Son grand-père avait toujours eu un don pour trouver les bons chevaux. Elle en était par moment jalouse.

Attirant son attention, la jument hennit doucement avant de s’approcher d’elle. Sa tête balançant de droite à gauche en rythme à son allure. La brune lui caressa le chanfrein avec douceur, passant sous la barrière Lyna caressa la jument un peu partout, soupirant de bien-être.

Pour elle, la jument était reposante, sa présence à elle seule permettait à la jeune femme de ne pas perdre la face et à continuer son projet. En effet, l’héritière avait pour objectif d’ouvrir une écurie de propriétaire. Propriétaires triés sur le volet pour ne pas tomber sur des cassos jamais content de rien. Des gens passionnés et respectueux de leur monture en toute circonstance.

Peu décidé à rentrer bosser, la jeune femme fit claquer sa langue avant de partir à l’entrée du champ. Curieuse, la jument se mit à la suivre respectueusement. Voilà plusieurs jours qu’elle avait atteint ce niveau de confiance et la jeune femme en était fière.

Posé sur un des poteaux de la barrière, le licol d’Ariel était prêt à l’emploi. Délicatement, la brune lui enfila avant d’ouvrir la barrière en grand. Elles sortirent, toutes les deux, Lyna prit le chemin menant à la forêt de sapins. Forêt immense et regorgeant de vitalité. Une partie lui appartenait et son grand-père y avait interdit la chasse. Toute la zone avait donc était clôturée, et malheur à celui qui entrait sans permission.

Elle pouvait donc se balader plusieurs heures sans risquer de se prendre une balle perdue lors de la saison des chasses. La jument la suivait, les oreilles en avant, heureuse de sortir de son pré. Pour une fois, Lyna ne monta pas sur son dos et préféra marcher à ses côtés comme deux amis.

La neige craquait sous chacun de leur pas, à plusieurs reprise elle faillit glisser et se rétamer comme une merde au sol. Par chance, elle arrivait à retrouver son équilibre enfin sauf celle-là. La jeune femme glissa sur une plaque de verglas et finit les quatre fers en l’air.

Son rire résonna dans la forêt, attirant sûrement l’attention des animaux sauvages encore présent. Elle se releva difficilement et flatta l’encolure de sa jument avant de reprendre la route tout en faisant cette fois-ci bien attention où elle mettait les pieds.

Un vent frais secoua les branches autour d’elles et la fit frissonner. La jeune femme raffermie sa prise autour de son manteau, se collant davantage à la jument. Voilà longtemps qu’elle ne s’était pas baladé dans cette forêt remplie de sapin. La cime de ces arbres ne laissait filtrer qu’une faible lumière l’obligeant à changer de direction, raccourcissant la promenade au maximum.

Sa compagne de balade avait un pas assez actif, montrant qu’elle en avait envie. Bientôt, l’orée de la forêt fut de nouveau visible, elle était l’exact opposé du départ, non loin du manège. Elle salua les ouvriers travaillant sur la rénovation final du manège.

Elle rentra calmement Ariel avant de retourner s’occuper de ses papiers, du moins si Night n’avait pas encore décidé de le manger.
   
   

 Les fêtes de fin d'année approchent à grand pas, tout comme l'ouverture de sa pension. Pour l'occasion, elle voulait décorer les portes des box de l'écurie propriétaire. Armée d'un énorme sac contenant divers objets allant de la simple guirlande à la plus belle boule de Noël.

Elle posa le sac au milieu de l'allée et attrapa le sac de clou à l'intérieur. Armée de son fidèle marteau, la jeune femme entrepris la tâche de disposer les clous à droite. Pour l'occasion, elle voulait décorer les portes des box.

Elle sortit du sac une petite guirlande bleue qu'elle suspendit au-dessus des box, elle y intégra quelques boules de Noël aux couleurs diverses et variées. Elle s'attaqua ensuite aux portes de box, accrochant guirlandes et boule de Noël.

Elle prit ensuite le temps de coller des flocons de neige sur les grands bai vitrée face aux box. Sur l'une d'elles, la jeune femme y mit même un bonhomme de neige. L'écurie commençait à prendre les couleurs de noël, la décoration créait une sorte d'ambiance plus chaleureuse.

Elle décora aussi la porte de la sellerie et celle de l'entrée. Elle percha ensuite un petit père-noël descendant une échelle le long de la sellerie. La douche et le solarium y passèrent aussi, elle s'amusa ensuite à disposer des petits bonhommes de neige un peu partout dans l'écurie.

Des guirlandes traversaient le plafond de par et d'autre des murs, une guirlande lumineuse passait au-dessus des box. Elle était fière d'elle, mais il manquait une petite chose. Lyna sortit la dernière décoration présente dans le sac : Sur l'une d'elles, la jeune femme y mit même un bonhomme de neige.

Elle sortit de l'écurie et installa fièrement la belle couronne. Son cœur gonfla de bonheur quand elle eut fini et au plus profond d'elle-même la jeune espérait que son grand-père était fier d'elle de là-haut.
   

Ça pour une surprise c'était une surprise. Jamais elle ne se serait douté de quelque chose de ce genre en se levant ce matin.

Une jeune femme répondant au nom d'Eileen l'avait contacter afin de réserver un place au pré pour sa jument barbe. Elle n'avait pourtant pas encore ouvert qu'elle avait déjà un client.

Celle-ci lui avait même demandé si elle pouvait arriver dans la journée. Désireuse de quitter sa pension actuelle. Lyna toute contente avait bien évidemment accepté bien que la cliente n'avait pas visité les locaux.

Elle avait donc préparé un box en quatrième vitesse et descendu Ariel pour la mettre dans le pré du bas afin qu'elle ne soit plus seule.

L'attente de la nouvelle arrivée fut aussi longue que courte a la fois. Un VL apparue bientôt dans son champs de vision, le camion ce gara non loin de l'écurie. Et une jeune femme d'une vingtaine d'année en sortie.

Souriante Lyna alla a sa rencontre, s'aquitant de la bonne route qu'elles avaient fait. La brune aidant sa cliente a ouvrir le VL, puis observa la propriétaire faire descendre la belle jument noir.

Ensemble elles l'a firent marcher tout en discutant du prix et des services proposés.

- Chaque cheval dispose d'un box a lui même s'il reste en pâture. Vous disposez vous aussi d'un casier personnelle. L'accès à la douche et au solarium sont comprise dans la pension. Ainsi qu'un libre accès aux différentes structures, tant que vous rangez.

Son interlocutrice fut en accord avec elle et elle signa le contrat aussitôt. Elles laissèrent ensuite les juments faire connaissance avant qu'Eileen ne reparte déposer le VL a l'entreprise de location.

Lyna quand a elle, rentra chez elle mettre de l'ordre dans ses papiers. C'était une excellente journée, la jeune femme semblait sympathique et de bonne compagnie. A voir dans le futur si elle allait avoir la chance de tomber sur des propriétaires aussi sympa.

 
 
 

Le manoir d'Eréthia regorgeait de secret, elle en était plus que sûr. Surtout en voyant les plans de construction indique soixante et onze pièces alors qu'elle n'en avait pas compté de soixante-cinq. Alors où était donc les six autres pièces ? Enfin cinq étant donné, que son grand-père lui avait montré la pièce secrète dans sa chambre d'enfant.

Il s'agissait d'une petite pièce de jeux caché au fond de la grande armoire, à l'époque la petite fille qu'elle était aimait s'y cacher quand elle ne voulait voir personne. Même sa génitrice n'était pas au courant, un sérieux atout quand celle-ci débarquait à l'improviste pour jouer son rôle de "mère".

Regardant une nouvelle fois les plans de constructions, elle se mit à réfléchir longuement avant de remettre le papier à sa place d'origine. Toute excitée la jeune femme se mit à parcourir le manoir de fond en comble. Étage par étage, pièce par pièce, mais rien à faire, elle ne trouva qu'une tonne de poussière.

Retournant dans son bureau, la jeune femme se laissa tomber dans le fauteuil à roulette. Les yeux dans le vague, elle se mit à réfléchir de nouveau du moins jusqu'à la surchauffe de son pauvre cerveau. Tournoyant sur son fauteuil telle une enfant de dix ans, claquant de la langue en même. Une vraie gamine !

Au fil des tours, son regard finit par s'accrocher à l'immense portrait se trouvant derrière le bureau. La toute première propriétaire du domaine, une femme aigris si vous voulais son avis. Bien sûr, elle ne l'avait jamais rencontré, la vieille étant morte depuis quelques décennies avant sa naissance. Mais un son journal intime montrait bien quel personnage elle était.

Un petit détail la fit s'arrêter net, se levant prestement pour filer devant le tableau. L'un des coins du cadre était abîmé comme usé. Pourtant, le portrait était là depuis quelques lustres et personne ne l'avait jamais retiré. Sauf si....

La jeune femme glissa ses longs doigts derrière le coin abîmé et le souleva légèrement. Elle sentit le portrait partir vers elle sans pour autant tomber, le cadre s'ouvrit doucement sous le regard émerveillé de la brune. Qui trépignait d'impatiente à l'idée de découvrir cette nouvelle pièce.

Une porte se trouvait derrière, ancienne, dans un bois sombre et au fer forgé. Elle actionna la poignée délicatement de peur de la casser. La porte s'ouvrit dans un grincement sinistre et une vague de poussière la fit éternuer fortement. Une quinte de toux la prit et elle pesta contre cette maudite poussière.

Pourtant, elle fut subjuguée par la beauté de la pièce. Un havre de paix et de tranquillité, circulaire la pièce était éclairé par la lumière naturelle que donnait le puits juste en son centre. De grandes bibliothèques pleines à craqué décorait la pièce de leur grandeur, un siège de l'air victorienne trônait non loin d'une petite cheminée.

Elle y fit le tour observa la pièce sous chaque angle. Les murs étaient peints d'un bleu pastel et le plafond représentait la carte des étoiles. La beauté de cette pièce était juste époustouflante, un vrai paradis secret pour les jours de cafard.