Bloc-notes de Butchy

Son histoire : Marie a 3 enfants, qu'elle a tous portés; une fille aînée de 10 ans, un garçon de 7 ans et un garçon de 5 ans. Elle est mariée avec son premier amour, Sophie, depuis plus de dix ans. Marie a grandit avec des parents qui s'aiment, et deux jeunes soeurs. À treize ans, ses parents décèdent dans un accident de la route, et ils emportent avec eux la cadette de Marie, qui a 11 ans, et laissent la plus jeune amputée au-dessus du genou gauche. Avec ce drame, l'enfance de Marie prends fin. Elle est séparée de sa soeur pendant un temps, et elles finissent par déraciner leur vie de banlieue pour aller vivre en ville avec le frère de leur mère, qui ne connaît rien aux préadolescentes et aux jeunes filles. Marie prends le rôle de mère pour sa soeur de 6 ans, et elle se ferme petit à petit sur le monde, se recroquevillant sur sa famille. Ce n'est que lorsqu'elle rencontre Sophie, trois ans après le décès de sa soeur et ses parents, que Marie réapprend à vivre. Sophie, l'amour de sa vie, la demande en mariage dès qu'elles ont 18 ans. Marie fait une fausse couche de leur premier enfant, à vingt ans, et elle manque de déraper pour de bon. Sophie, son ange gardien, la soutient à travers tout cela, et quand Marie donne naissance à leur fille aînée, deux ans plus tard, c'est Sophie qui lui suggère de l'appeler Agnès. Agnès, sa cadette, sa meilleure amie, qui manque à Marie depuis presque dix ans déjà.

Gaspard, son petit charmeur, son sourire à deux pattes, arrive trois ans après sa fille, et leur petit dernier, Damien, cinq ans plus tard. Marie voudrait bien un quatrième enfant, mais son corps lui a clairement fait savoir que ce n'était pas une option. Lors de la naissance de Damien, elle a fait un embolisme utérin, et pendant presque neuf minutes, elle était décédée. Elle aurait dû avoir des séquelles, mais dès qu'ils ont retirés Damien, le caillot a été délogé et elle est revenue à la vie. Depusi sa naissance, Marie vit avec beaucoup plus d'inquiétudes, et ce n'est que récemment, alors qu'elles viennent d'acheter leur maison de rêve, que Marie revisite ses espoirs d'enfance. Souvent, elle se bat avec sa culpabilité d'être toujours vivante, surtout que la seule raison pourquoi elle n'était pas avec sa famille est qu'ils étaient en route pour la rejoindre au camp de vacances. Elle était censée leur montrer ses progrès à cheval pour le petit concours interne de fin d'été.

Sophie lui a déniché Everglade, au Haras de Pado, et Marie s'embarque ainsi dans sa toute première aventure équestre depuis ce drame, vingt ans plus tôt.

Son histoire : Léo est un rescapé des centres de détention pour mineurs, à 18 ans, il a perdu le seul semblant d'ordre qu'il ait connu depuis ses 16 ans, après un vol à main armé. Au moins, il sait à travers les lettres qu'une gardienne lui faisait passer que son petit frère est dans une famille aimante, qu'il mange à sa faim, et qu'il excelle à l'école. Léo était convaincu que c'était trop tard pour lui dès ses 14 ans, alors qu'il a du se réduire à des petits crimes par-ci, par-là, pour aider leur père malade qui n'arrivait pas à les nourrir. Léo a tout fait pour garder sa famille ensemble, mais quand les petits vols se sont transformés en deal de drogue, puis en braquage de banque, Léo a perdu de vue son objectif premier. Il s'est fait pincé à 16 ans pour la première et seule fois, et en moins de dix jours, il était habillé en orange et son père était aux soins palliatifs à l'hôpital. Son petit frère a réussi à trouver une famille convenable, et c'est bien parce que la gardienne avait elle-même deux garçons de l'âge de Léo et son frère qu'elle l'a aidé.

Pendant sa peine d'emprisonnement jusqu'à majorité, Léo a fait parti d'un programme en affiliation avec le refuge, où il était envoyé, six jours par semaine, pour aider à nettoyer les boxs, garder les allées propres et entretenir le terrain. Curieux de nature, Léo s'est vite intéressé à ce que Rescue Me faisait comme travail. Il a vu plusieurs chevaux faire leur entrée, et s'il n'allait pas l'avouer à voix haute, Léo se retrouvait à travers ces créatures traumatisées, enfin arrivées quelque part où elles pouvaient se remettre de leurs épreuves.

À sa sortie de détention juvénile, Léo a tout de suite appliqué pour un poste de palefrenier au Rescue Me. Là où il manquait d'expérience avec les équidés, il avait le double de volonté d'apprendre. Épaulé par plusieurs employés et bénévoles du refuge, Léo s'était même trouvé un petit studio en ville, et il était bien organisé.

La vie avait d'autres projets, et puisque Léo était le seul de la fratrie St-Clair qui était majeur, il s'est aussi retrouvé avec les dettes de son père. Surtout ses dettes d'hospitalisation, et ses frais funéraires. Noyé dans les factures, Léo s'est fait évincé au début de l'hiver car il n'arrivait plus à rien payer. De peur de se faire renvoyer, et de retourner à sa vie de crime, Léo s'est installé, en cachette, dans le grenier d'une des écuries de Rescue Me. Il y vit sur un matelas de paille, avec pour seuls effets personnels ce qu'il avait pu fourrer dans son sac avant de partir. Il s'accroche à ses protégés, pour qui son coeur saigne, et il se dit que si ces chevaux peuvent retrouver le bonheur, peut-être que ce n'est pas tout perdu pour lui non plus.

Son histoire : Deandra a grandit sur les carrés de dressage à cause de ses parents; son père était entraîneur pour l'équipe olympique de CSO, et sa mère était une cavalière professionnelle. Depuis toute jeune, elle ne rêvait que de cela. Elle a rapidement grimpé les échelons, et bientôt, elle devait ronger son frein en attendant d'avoir l'âge requis pour devenir pro.

À 14 ans, Deandra fait ses débuts dans les compétitions professionnelles, et son nom ne passe pas inaperçu. Elle franchit les obstacles et danse dans les concours complets avec la jument de sa mère, qui a le même âge qu'elle. Deandra est déterminée à sortir de l'ombre de ses parents et faire un nom pour elle même. C'est avec cette idée en tête qu'à 15 ans, elle fait naître le poulain qui deviendra son meilleur ami: Coeur de Brume. Issu de parents champions, Coeur de Brume était son projet de vie.

C'est elle qui l'a débourré, l'a entraîné, et ils étaient si à l'écoute l'un de l'autre que Deandra avait à peine besoin d'aides pour le guider. L'étalon est entré sur les carrés de dressage à 6 ans, avec une Deandra de 21 ans, et leurs débuts ont été sensationnels. C'était le commencement d'une série de podium et de victoires pour le duo. Deandra a trouvé sa voie dans les carrés de dressager plus que dans les CSO, mais avec Coeur de Brume, tout était possible.

Cheval travaillant, vaillant, volontiers et très à l'écoute, Coeur de Brume se donnait à 200% pour Deandra. Ils avaient développés leur propre système de communication, et ce n'était pas rare de voir l'étalon réagir à une commande invisible de Deandra. Eux seuls se comprenaient, et si elle montait d'autres chevaux, Coeur de Brume était le seul qu'elle sortait en compétitions. Pendant presque deux décennies, ils ont évolués et se sont rendus jusqu'au plus haut niveau de compétitions.

Deandra avait en tête de le mettre à la retraite des compétitions une fois que Coeur de Brume ait pris 20 ans, mais l'étalon n'était pas d'accord. Deandra n'était pas prête à renoncer aux compétitions non plus, et c'est ainsi qu'elle a commencé sa carrière d'entraîneure; Coeur de Brume s'est révélé être un très bon professeur pour les cavaliers experts qui se pensaient meilleurs que leur monture. Il a montré à plusieurs cavaliers chevronnés que sans lui, ils n'iraient pas loin.

À 27 ans, Coeur de Brume est décédé; depuis deux ans, il n'était monté que par Deandra, pour de courtes séances, car l'arthrite s'était installé dans ses jambes. L'étalon était resté aussi passionné par son travail jusqu'au bout, et Deandra en a eu le coeur brisé. Le jour où elle a dû admettre que son meilleur ami, celui qui partageait sa vie depuis si longtemps, était prêt à partir, la flamme qui brillait en elle a vacillé.

Depuis le décès de Coeur de Brume, Deandra n'est plus apparue sur les terrains de concours. Elle n'entraîne plus de cavaliers pro non plus. Accablée par son deuil, Deandra s'est retranchée dans les cours pour débutants. Seuls ses jeunes élèves et leur passion pour les chevaux lui apportent un peu de joie. Elle monte les chevaux du club pour les garder en forme, mais elle n'a plus le feu au ventre comme avant. Deandra n'est plus que l'ombre d'elle-même, noyant sa peine presque tous les soirs au bar du coin, et laissant quiconque la ramener dans leur lit.

Elle se cache derrière sa peine pour ne pas avoir à admettre que Coeur de Brume n'est plus la. Son coeur est fragile, et elle est au bord de la dérive; Deandra doit trouver une autre façon de gérer avant qu'elle ne frappe un mur.

Son histoire : Jules a commencé sa carrière en tant que simple palefrenière, alors qu'elle n'avait que douze ans. À l'écurie de son père, elle insistait pour ne pas avoir de traitemetn de faveur, alors pour «
payer » ses premiers cours, elle faisait les boxs, organisait la sellerie, nettoyait les équipements si nécessaire. Elle a rapidement réalisé que tout ce travail la rendait beaucoup trop fatiguée pour monter, et si elle n'a pas tenu longtemps comme palefrenière bénévole, l'habitude de tout faire soi-même, elle, ne l'a plus jamais quitté. Jules n'a jamais accepté d'aide de personne, ni pour panser son cheval de 1m60 alors qu'elle en faisait à peine 1m20, ni pour monter son parcours d'obstacle en carrière, ni pour nettoyer, huiler et entretenir son équipement, ou pour s'occuper du box de son cheval. Elle a longtemps donné du fil à retordre à ses parents à cause de son indépendance presque maladive.

À vingt ans, cependant, Jules a trouvé son égale; Louisa Tempest, La Tempête, comme elle se faisait appeler sur les terrains de cross. Personne ne l'avait vue venir; issue d'un milieu de classe moyenne, en ville, Louisa ne représentait pas grande menace pour les concurrents expérimentés en cross. Personne ne soupçonnait l'étendue de son talent, ni de son travail ardu. Jules a perdu sa première place quand Louisa a non seulement battu son temps, mais l'a fait sans jamais verser une goutte de sueur; ni elle ni sa monture ne semblaient sortir d'un parcours de plusieurs kilomètres. Louisa ne brillait pas en dressage, mais personne ne lui arrivait à la cheville en cross. Jules est tombée amoureuse presque instantanément. Louisa n'a rien voulu savoir d'elle pendant les longs mois de compétitions, mais quand l'hiver est arrivé cette année là, La Tempête s'est retrouvée au pas de sa porte.

Pendant trente ans, les deux femmes ont partagé leur vies. Louisa a continué sur le circuit professionnel, tandis que Jules s'est pris d'amour pour la gestion. Quand Louisa a pris sa retraite professionnelle, Jules a accepté l'offre du Haras de Pado, et elles se sont installées dans la charmante maisonnette fournie par le haras. Elles vivaient ainsi depuis plusieurs années quand Louisa est tombée malade. Le cancer a ravagé la femme qu'elle aime, Jules n'est plus que l'ombre d'elle-même. Auparavent bruyante, joviale, un vrai rayon de soleil, elle est maintenant réservée, vouée à son travail, et si elle sourit encore, celui-ci ne fait plus briller ses yeux comme avant. Le seul qui la porte à travers cette épreuve, et qui partage l'étendue de sa peine, est Hooligan, le jeune appaloosa de Louisa, bête sensible et très attaché à sa femme, il n'est plus le même depuis son décès. Jules se console en s'occupant de lui du mieux qu'elle peut, mais elle sait qu'elle n'est pas Louisa.

À 56 ans, Jules se retrouve seule, après avoir été aimée par la femme de sa vie pendant plus longtemps qu'elle n'a vécu sans.

Son histoire : Agnès est la fille de Marie, et avant ses sept ans, elle ignorait tout de la beauté de l'équitation, des chevaux. C'est sa mère qui l'a introduite, auprès d'Everglade, sa première jument. Sa mère avait suivi ses rêves, et elle avait persévéré pour faire de ceux-ci une réalité. Depuis qu'elle avait introduit Agnès à Everglade, celle-ci s'était prise d'affection pour la petite grise, et de là était née sa passion. Là où sa mère avait des rêves de podiums, Agnès s'est plutôt penché sur l'animal en tant que tel. Pendant plusieurs années, Everglade fut sa partenaire de jeux, de balade, de monte légère pour la garder en forme, et elle avait été sa meilleure testeuse des nouvelles connaissances d'Agnès. Chaque fois qu'elle découvrait une nouvelle technique plus à jour qu'une autre, Agnès l'incorporait dans ses maniements, et elle apprenait même de nouvelles choses à sa mère.

À quinze ans, Jules lui avait offert un emploi pour l'été, elle avait l'occasion de démontrer ses capacités en rééduquant quelques chevaux de club qui étaient devenus amers, au fil des années, malgré les bons soins de Jules. En travaillant avec eux avec des manières douces, Agnès a su leur redonner leur voix, et  si un ou deux des chevaux se sont retrouvés à la retraite; ils n'aimaient pas du tout travailler, les autres ont fait plus de progrès en quelques mois avec elle que depuis longtemps. Cette passion, cette ténacité et cette patience à n'utiliser que des méthodes douces l'ont aguerrie mais quand elle a choisit son programme universitaire en techniques équines, Agnès ne s'attendait pas à ce choc de méthodes. Elle savait bien que sa façon de faire n'était pas très répandue, mais elle était déterminée à prouver autant à ses professeurs qu'aux autres élèves qu'elle pouvait tout à fait arriver aux mêmes résultats qu'eux sans avoir à utiliser les méthodes traditionnelles plus aversives. Il lui a fallu se battre bec et ongles pour faire valoir son point, mais à vingt ans, Agnès en est sur sa dernière année dans le programme, et son projet de fin d'études va prouver à tout le monde qu'il y a façon de faire mieux.