« Jude de Pado »

Premier contact sur le plat

Je découvris l'immense manège du haras de pado, abasourdie. Il était éclairé avec des néons blancs, qui mettaient en valeur cette superbe piste. Cette dernière était contractée par les gradins noirs qui entourés toute la structure. J'avais déjà vu ce genre de manège, mais à la télé, lors de grands évènements comme le Grand Prix de Bordeaux. J'étais subjuguée, heureuse de monter là dedans. Jude elle, était beaucoup moins emballée que moi. Elle venait de me sauter dessus pour éviter un plot qui était à son goût, bien trop pétant. C'est vrai il était bleu ciel, mais pas de quoi s'affoler. Je l'arrêtai au milieu du manège et vérifiai une dernière fois ma sangle avant de mettre le pied à l'étrier. Nous étions seules, rassurant pour une première séance. Je n'aimais pas monter devant des gens qui ne me connaissaient pas par peur d'être jugée. Heureusement aujourd'hui il n'y avait qu'elle pour me juger, cette petite ponette D à l'oeil vif. Je mis le pied à l'étrier et me hissai doucement sur son dos. J'avais l'impression de me retrouver sur mon ancienne ponette, c'était exactement le même modèle. Je flattai doucement son encolure et serrai doucement mes talons, la séance allait commencer. De suite la petite Jude se mis à baisser la tête, essayant de me désarçonnai. Surprise je lui relevai la tête un peu fermement, et répétai ma demande. Cette fois ci la ponette ne broncha pas, j'optai pour un petit coup de colère passager. Jude se mit au pas, la tête en l'air. Elle cherchait le contact, je lui donnai.

Nous marchâmes ainsi durant environ 5 minutes. Pour le moment je ne cherchais pas à faire grand chose, juste à l'échauffer calmement. Son petit coup de jus du début ne s'était pas remanifesté, j'étais contente. Avec un petit claquement de langue je mis la welsh au petit trot. Mais non, cette dernière ne voulait pas l’entendre comme ça et pris le grand trot de course. De suite avec mes épaules je la récupérai, agissant délicatement sur mes doigts. Elle se calma, je m'installai sur un cercle pour l'incurver un petit peu. Avec ma jambe intérieure je la poussai vers l'extérieur, ramenant ma rêne intérieure vers moi. Gentiment elle ramena son bout du nez. Nous fîmes ce petit exercice aux deux mains, histoire d'assouplir un peu la bête et chercher ses limites. Après 10 de trot et de transitions avec le pas, j'entrepris de la galoper un petit peu. Pour ça je m'installai sur un grand cercle de 30m de diamètre et installai mes aides. La jument se mis au petit galop, un peu sur les épaules, en perte d'équilibre. J’essayais de la rééquilibrer mais l'action de mes mains créa un déséquilibre main-jambe et Jude repassa au grand trot. Je repassai au pas et refis ma demande. Cette fois ci la jeune 6 ans n'avait pas envie de l'entendre de cette oreille et partit comme une balle à l'autre bout du manège. Je l'installai sur un cercle, essayant de la ralentir et de retrouver le calme du début de séance mais Jude n'en faisait qu'à sa tête, c'était elle qui me promenait.

« Oh ! Oh ! Oh ! »

Rien n'y faisait, madame voulait galoper. Je la fis alors galoper environ 5 tours de manège, et vite, elle commença à s'épuiser, manquant sans doute de travail et de condition. Je réussis à la repasser au trot et décidai de ne plus regaloper pour cette séance. Je la fis donc travailler énormément sur des transitions montantes et descendantes dans la rectitude aux deux premières allures, la privant du galop. Souvent, la ponette montra son mécontentement en lançant le postérieur mais j'arrivai à rester en selle et ses tentatives furent vaines. Enfin, je l'arrêtais au milieu du manège et remis pied à terre, exténuée par ma séance.

Travail du galop

Finalement, ce ne fut pas en carrière que nous entrâmes mais dans le manège, le ciel avait finit par se lâcher. Nous avions échappé de peu à la pluie et j'étais contente de monter dans un endroit sec, où nous pourrions galoper dans le calme. Cette fois ci un autre couple s'exerçait dans le manège ; dommage, j'aurai bien voulu être seule pour travailler la jument correctement. Je saluai ce dernier et pri le trot en essayant de garder cette attitude basse que j'avais eu tout à l'heure dans les bois. Je cherchai à l'incurver un peu des deux mains pour qu'elle se décontracte avant le galop. C'était à cette allure que j'avais eu des problèmes la dernière fois, elle était partie à fond et dans ces moments là je n'arrivai pas à la contrôler, ça lui montait vite au cerveau. Déjà au trot, je demandais une petite allure dans le calme et dans la décontraction. Mais dès que Jude voulait accélérer, elle montait la tête pour échapper à ma main et partait ainsi en se creusant dans le dos. ça n'allait pas, il fallait que je bosse ça.

Je l'installai alors sur un exercice assez simple mais qu'elle allait détester : les transitions descendantes. Les chevaux pétés de force comme ça détestais ça, car ça les obligeai à bien s'asseoir et donc à se rééquilibrer. Je le fis d'abord rapidement au trot : je pris un doublé dans la largeur, repassant quelques foulées au pas profitant en même temps pour changer de pli et repartis au trot en changeant de main. Je fis ça deux trois fois, puis lui laissai les rênes en marchant au pas pour que la pression diminue avant de la galoper.

Après 5 min de pause, je repris mes rênes et m'installai de nouveau sur la piste. En plaçant mes aides je l'installai au galop à gauche, dans cette attitude que je recherchais depuis le début de la séance. Je fis un tour et quelques cercles ainsi, puis pris le doublé de tout à l'heure en repassant juste au trot, changer ses aides et demander le galop à droite. Jude s’exécuta à merveille, j'étais d'ailleurs très étonnée. Je refis un cercle et pareil, repris un doublé. Cette fois ci la jument ne fut pas d'accord, une fois oui mais pas deux ! Elle se creuse comme elle le faisait tout à l'heure au trot et partit à fond la tête en l'air. J'essayai de l'installai sur un cercle, de tirer en mettant mes épaules en arrière mais rien à faire, madame était en dehors du contrôle de ma main et galopait à fond sans se soucier de moi là haut. On fonça dans l'autre couple qui était arrêté au milieu du manège, je m'excusai. Au moins, ça nous avais permis de retrouver le calme.

« Ne serait-ce pas la petite Jude ? Je la reconnais très bien, je l'ai vu plus d'une fois faire ça à son ancienne cavalière. »

Au moins je n'étais pas la seule, ça me soulageait mais ce problème de galop me dérangeait énormément. Je repris donc le galop dans le calme en l'obligeant à rester sur un cercle. Tant pis pour l'autre exercice, nous allions faire ça en courbe et non en ligne droite. Je fis alors plusieurs transitions galop - trot - galop, en l'obligeant aussi à rester incurvée et engagée. Pour la poussée il n'y avait pas de problème, mais du coup elle en profitait pour avoir la garrot complètement en bas. Je fis ça au deux mains et décidai d'en rester ici pour aujourd'hui. Décidément, cette ponette allait me demander beaucoup de travail.

Longe + travail du galop 2

Je n'avais pas monté la cocotte depuis plus d'une semaine, ce n'était pas très sérieux en sachant qu'elle vivait au box et que j'étais nouvelle, il fallait quand même donner une image positive de soi. Je m'en voulais mais je n'avais pas pu me libérer, les examens arrivaient au lycée et je n'avais pas trop la tête à monter en ce moment. Mais ce matin, ça m'avait pris, je voulais monter Jude, et commencer à travailler un peu sur les barres. Des barres au sol, bien sûr, ça allait m'aider à travailler mon galop, allure qui nous posait problème.

« J'espère que tu es motivée Jude, car aujourd'hui on va bosser ! »

J'avais disposé dans le manège, occupé uniquement par ma welsh et moi, trois lignes où deux barres au sol étaient séparées de 5 foulées assez courtes de galop. Il y avait deux lignes brisées, dont la deuxième venait sur un tournant assez serré et une troisième qui était une ligne droite. Mais pour le moment, il n'était pas question de passer ces barres mais de détente la bête. Pour ça, je m'étais munie de la longe pour la tourner un peu pour qu'elle se défoule plutôt qu'elle ne le fasse quand je serai sur son dos. J'avais pris une petite chambrière au cas où mais vu comment elle piaffait rien qu'en entrant dans le manège je la lâchai rapidement. J'écartai mon bras pour que Jude se mette en cercle, la ponette partit au galop. Heureusement on était à main droite et j'avais de la force pour la maintenir de ce côté là. Elle mit plusieurs coups de cul, hennit... Madame était gazeuse, ça se sentait !

Après dix minutes de longe aux deux mains et aux trois allures, je remis le pied à l'étrier. Je sentais cette boule de nerf qui n'avait qu'une envie : bondir ! Je lâchai les rênes et la mis au pas pour faire redescendre la pression. Jude ronflait. Quelque chose tomba derrière le mur du manège, la jument partit à fond au galop, la queue entre les postérieurs. Je raccourcis mes rênes rapidement et essayai tant bien que mal de me mettre en cercle mais la jument résistai, effrayée. Mais "oh oh" étaient vains, elle finit par repasser au trot, la queue en panache et la tête en l'air. Décidément cette leçon allait être sportive, mes doigts avaient déjà craqués, j'avais de belles ampoules. Je décidai de la trotter sur un grand cercle, en jouant sur les incurvations pour la faire bosser un peu. Jude se remit rapidement au travail, regardant cependant toujours du coin de l'oeil l'endroit qui l'avait effrayé tout à l'heure. Petit à petit la jument descendit un peu dans son attitude, elle était en poussée et décontractée. J'entrepris alors transitions trot pas trot, ce qui l'énerva un peu, elle remontait le bout du nez. Pas besoin de l'énerver d'avantage je repassai au pas lui rendant les rênes avant que l'on galope.

Je décidai de galoper juste un tout petit peu et de rapidement la mettre sur l'exercice pour avoir toujours le contrôle. Car c'était ça le problème, le contrôle. Elle profitait toujours d'une petite seconde puis m'échappai, et une fois qu'elle était partit la tête en l'air je ne pouvais plus rien faire. Je repris mes rênes et, sur un cercle, demandai le galop à partir du pas. Les premières foulées étaient calmes, mon cercle n'était ni trop grand ni trop petit, la jument était posée sur le mors. Elle essayai d'accélérer un peu lorsque que je me rapprochais du mur mais l'action de ma main l'en dissuadé. Au bout de deux cercles à main droite, je fis une petite diagonale, repassai au pas en X et redemandai le galop mais à gauche cette fois ci. Cette fois ci Jude lança quelque coups de cul, décidément ce n'était pas sa main. Je l'arrêtai fermement, repris le pas en lui redonnant une attitude un peu ronde et nous reprîmes le galop.

Nous allions décomposer l'exercice, travailler ligne par ligne dans le calme. Car c'était le but, tout faire dans le calme. La première ligne n'était pas très compliquée, mais elle venait sur une courbe à gauche ce qui ne facilitait pas l'exercice. Je pris le galop assez proche de ma barre pour qu'elle n'ai pas le temps de prendre de vitesse, puis terminai ma ligne brisée 5 foulées parfaitement. De suite, je lâchai les rênes et la marchai au pas. Elle n'avait pas montré un respect grandiose car elle avait touché les barres, mais elle s'était laissée emmener sur l'exercice en respectant mes demandes. Nous refîmes la ligne mais cette fois ci Jude décida de me la faire en 4 foulées. De suite je l'arrêtai, lui fis faire deux pas en arrière, et repris le galop. Elle me refis la même chose, 4 foulées. Tant pis, on passe à une autre ligne, ça sert à rien de se focaliser et répéter, car plus on répète, plus on détériore. L'autre ligne venait sur un tournant plus serré, encore une fois à gauche et légèrement dans la descente, il fallait donc une amplitude encore moins développée pour la sortir en 5 foulées. Je pris le galop 5 foulées avant la première barre, et ça marche, Jude respecta les contrats demandés. Je décidai de refaire juste un passage en enchaînant le tout et la laisser là dessus. Jude fut exemplaire, malgré la dernière ligne non respectée mais je ne voulais pas l'embêter, elle avait bien travaillé aujourd'hui.

« Tu vois, quand tu veux, tu peux bosser correctement ! »

Je mis pied à terre, flattait son encolure et nous prîmes la direction des écuries, elle allait avoir le droit à un bon morceau de carotte.