Chevaux de Thoa

Je sortais du haras en selle sur Goliath, rênes longues. Il était vif et alerte mais marchait sagement le long de la route. Je gardais tout de même les rênes ajustées par prudence car je savais que des camions roulaient parfois un peu vite ici. Heureusement, il n'y avait qu'une centaine de mètres à traverser avant de retrouver les sentiers balisés. En arrivant sur un petit chemin forestier, je demandais à Goliath de prendre le petit trot. Très volontaire, l'étalon partit, hardi, au trot énergique, tête haute, oreilles pointées. Je sentais qu'il était heureux de sortir.
Nous nous enfoncions en forêt quand je serrais les rênes pour repasser au pas.

"Voilà bonhomme, on va profiter un peu du paysage."

Mon petit cheval était à la fois serein et plein d'entrain. Je sentais bien que l'extérieur était son domaine. C'était tellement bien ! Je savourais le bruit des sabots sur les feuilles mortes et le son de petits oiseaux dans les arbres. Nous marchâmes en silence de longues minutes dans le dédale de sentiers forestiers.

"Bon, il va falloir que l'on se bouge un peu !"

Je raccourcissais mes rênes et mettais Goliath au trot. Trotte, trotte, trotte... Goliath avançais en rythme, calme, en avant, droit. Je voyais ses petites oreilles tourner dans tous les sens dès qu'il entendait un bruit. Mais il restait concentré à mes demandes et trottait avec la même régularité.
Nous prenions une belle côte et je me mettais en équilibre pour l'aider. Il voulut prendre le galop mais je serrais les doigts sur les rênes pour l'en empêcher.

"Non non mon bonhomme, ça va faire plus travailler ton dos, lentement, comme ça."

Goliath était volontaire et je sentais ses postérieurs pousser pour monter la côté. Arrivés en haut, je rallongais les rênes et le caressais. Nous enchaînions ensuite de petites montées et petites descentes sur un chemin sortant de la forêt.
Cela faisait déjà ne bonne vingtaine de minutes que nous trottions en alternant le trot soutenu et le petit trot calme et l'étalon n'était pas le moins du monde fatigué. Je sentais encore son énergie entre mes jambes et au bout de mes doigts. Pas une goutte de transpiration. Mais tout de même, je décidais de repasser au pas pour ne pas risquer d'atteindre ses limites. Il valait mieux être raisonnable pour une première sortie ensembles.

"C'est bien bonhomme, tu travaille bien."

Nous profitions encore un petit peu du calme de la forêt avant de nous retrouver sur la plage située juste derrière le haras.

"Dis... Tu as encore de l'énergie ?"

Apparemment, oui ! A la vue des grand espaces, Goliath trépignait d'impatience et soufflait. Il tirait de plus en plus sur les rênes et secouait la tête. Message reçu ! Cependant, je refusais qu'il décide lui-même de galoper et faisais alors un grand cercle pour garder un semblant de contrôle. Je demandais alors un départ au galop, tranquille. Je faisais bien attention à ne pas trop tenir les rênes pour ne pas qu'il s'y appuie. L'étalon partit au galop sans se faire prier et accéléra soudainement.

"Hooooo lààààà !"

Je me redressais et le redressais à l'aide de ma rêne extérieure. Je travaillais ensuite le galop quelques tours et attendis de l'avoir bien léger sur les rênes pour revenir parallèle à la mer. Le sourire aux lèvres, je donnais des jambes pour demander au bel étalon d'accélérer. Goliath avalais les mètres de sables sous ses sabots, la crinière au vent. Ce fut court. Trop court. Vous arrivions au bout de la plage et il fallut ralentir. J'aurais voulu faire demi-tour et galoper encore. Goliath aussi. Mais il fallait être raisonnable. Nous repassions alors au pas et je le laissais souffler, rênes longues. Nous n'avions plus que quelques mètres à parcourir pour rentrer au haras.