Après une rude journée à s'occuper de sa section d'écurie, la belle blonde ne rêvait que de sa douche. Heureusement pour elle, il était près de dix-huit heures et ses tâches tiraient à leur fin. Tous les chevaux avaient eu leur repas du soir et seulement le son des mâchoires brisaient le silence apaisant de l'écurie. Alex fonça dans la sellerie récupérer ses effets personnels ; sac à dos et veste. Un morceau de papier rouge dépassant de son casier attira l'attention de la cavalière. Un sourcil arqué, elle ouvrit la porte et une enveloppe d'un rouge éclatant tomba au sol. Un petit coeur rose scellait l'enveloppe. Elle fourra le tout dans son sac à dos, jetant un oeil aux alentours pour voir si elle était la seule avec cette surprise inattendue. C'était le cas et seulement ses yeux levés au ciel témoignait de son impatience de l'ouvrir. Elle éteignit les lumières de la sellerie avant de sortir et de jeter son sac sur le banc passager de sa voiture.

Dès son arrivée à sa résidence, Alex vida le contenu de son sac sur le comptoir de la cuisine. Qui pouvait bien lui envoyer une lettre d'amour, car c'était visiblement le cas, le petit coeur rose trahissait la nature de celle-ci. Doucement, la jeune femme tira sur le rabat de l'enveloppe, essayant de ne rien déchirer. Une feuille blanche écrite à la main se trouvait à l'intérieur. Elle commença à la lire, et immédiatement elle sût. Son ancien copain lui avait fait parvenir cette lettre par un intermédiaire, lui vivant toujours dans l'Ouest Canadien, alors qu'elle était ici, à Forth Worth au Texas. Les gentils mots de l'homme lui touchèrent le coeur et lui firent monter les larmes aux yeux. La jeune femme parvint à lire l'entièreté du mot, qui se voulait gentil et bienveillant. L'homme ne souhaitait que du bonheur à la femme qui avait partagé sa vie durant près de sept ans, espérant qu'elle trouve la personne qui lui conviendrait enfin.

Lorsque sa lecture fût terminée, Alex essuya ses joues et ses yeux, avant de prendre la direction de sa chambre, où elle y rangea le mot dans un tiroir de sa commode. Elle attrapa des vêtements propres et fila sous la douche, histoire de se remettre de ses émotions... La jeune femme se sentait redevable, cette petite attention lui ayant fait un bien fou vu la nature de leur séparation. Elle entreprit donc dès sa sortie de la douche, de répondre au jeune homme, se promettant de poster son mot dès le lendemain.

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Alex avait eu une grosse journée de travail au ranch, s'occupant de toutes ses tâches habituelles, en plus d'apprendre à connaître son nouvel étalon Money, et d'avoir assisté à une séance du débourrage de Sharp Romance. Pfiou, rien qu'à y penser, la belle blonde était épuisée. Il était autour de dix-neuf alors qu'elle tournait la clé dans la poignée de sa résidence. Toute la journée, la jeune femme avait eu une envie folle de cuisiner, et l'amour qu'elle portait à ses animaux l'avait inspirée. Après quelques recherches sur Internet, elle trouva une recette de biscuits pour chevaux qui avait l'air succulente. Elle s'assura d'avoir tous les ingrédients sous la main et disposa le tout sur le comptoir de la cuisine - une pomme, une carotte, des flocons d'avoine, de la mélasse, un filet d'huile et de l'eau.

Alex enfila un tablier pour éviter de salir tout ses vêtements, quoiqu'elle n'avait pas encore pris sa douche. Enfin, elle était prête. Elle coupa grossièrement des morceaux de pommes et de carottes qu'elle déposa avec les flocons d'avoine dans un mélangeur pour en faire une bouillie. Elle ajouta ensuite le filet d'huile et de l'eau pour humidifier son mélange, il se devait d'être un peu collant. La jeune femme attrapa un moule à biscuits en forme de coeur et elle fit cuire au four la mixture pendant une trentaine de minutes. Pendant la cuisson, elle fonça prendre une douche rapide et ressortie de la salle de bain au moment où l'alarme du four sonnait pour annoncer que c'était prêt. Elle sortie le tout et déposa les biscuits sur le comptoir. Il était primordial qu'elle les laisse refroidir et qu'elle les fasse sécher toute la nuit avant de les donner aux chevaux. Avant d'aller se coucher, elle déposa les friandises refroidies dans un bocal en verre, excitée à l'idée de les donner à ses bêtes le lendemain.

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Sa main gauche est placé sur le volant gainé de cuir de sa Volkswagen, alors que sa main droite fourrage nerveusement dans ses cheveux dénoués. La pluie qui tombe sur le pare-brise et la musique en arrière-plan lui permettent de se perdre dans ses pensées. La route est courte entre le ranch et l'appartement qu'elle occupe et Alex roule sur le pilote automatique. Ses plans de carrière ont changé depuis son arrivée à Forth Worth, et son emploi dans un bureau huppé commence à lui peser lourdement dans la poitrine. La jeune femme sait pertinemment que faire carrière dans l'élevage de chevaux n'est qu'un rêve, mais depuis quelques semaines elle a réussi à acquérir plusieurs chevaux pour augmenter son cheptel.

La voiture devant elle s'arrête brusquement, forçant la blonde à sauter sur les freins. Son coeur fait un tour et le sang se glace dans ses veines jusqu'à ce que sa voiture s'immobilise à quelques centimètres du pare-chocs du conducteur qui la précède. Un soupir s'échappe d'entre ses lèvres et elle lève les yeux au ciel en voyant un couple de canard traverser la route. Elle redémarre avant d'activer son clignotant un demi-kilomètre plus loin et s'engage dans le stationnement de son immeuble. Après avoir emprunté les escaliers jusqu'à sa porte, elle est accueilli par son chien saucisse qui bondit pour avoir de l'attention. D'un sourire, elle attrape un collier et une laisse qu'elle enfile au petit chien brun et sort prendre une marche suivit de son fidèle ami.

Le temps est frais à l'extérieur, l'hiver laissant tranquillement sa place au printemps. La jeune femme emplit ses poumons de la brise pendant que Boomer fait ses besoins dans l'herbe fraîchement coupée. Ses pensées la ramène vers ses projets d'élevage, et plus les deux complices marchent, plus elle commence à accepter l'idée de démarrer un petit élevage de chevaux de performance. Elle a vu quelques chevaux dernièrement qui serait de bons candidats à ajouter à son programme et elle se promet que dès le lendemain elle en ferait l'acquisition. Elle envoie également un rapide message texte aux patrons de sa boîte, mentionnant qu'elle veut les rencontrer dès huit heures et le poids sur ses épaules s'envole aussitôt.

Près de deux kilomètres plus loin, la femme et son chien empruntent le chemin du retour où un vent léger les accompagne. Sa décision est prise, elle travaillera maintenant à temps partiel seulement au bureau et tranquillement elle essaiera de se construire un empire, un endroit incontournable pour acheter un bon cheval d'équitation western. C'est satisfaite qu'elle remet le pied dans l'appartement, libérant le chien saucisse de son attirail et se dirige vers la douche.

Événement #30 › Il n'est jamais trop tôt ni trop tard pour décorer un sapin. Il est temps de vous y mettre! (1 saillie gratuite)
Après la randonnée avec son nouvel étalon palomino, la jeune blonde rentre à la maison pour se réchauffer un peu avant de reprendre ses activités. Après s’être préparé un thé à la menthe, Alex monte au grenier de la maison pour récupérer les boîtes de décorations de Noël. Depuis quelques jours, un sapin naturel a élu domicile dans son salon, mais celui-ci est demeuré nu depuis. Boomer sur les talons à son retour dans la grande pièce lumineuse, la blonde dépose les boîtes et fait sursauter le teckel qui saute sur le canapé et s’enroule dans sa couverture. Un petit rire lui échappe et elle s’empresse d’ouvrir les cartons pour voir ce qui s’y trouve. Un petit élan de nostalgie l’habite quand elle sonde le contenu de tout ce qui se trouve devant elle. Plusieurs décorations de son passé avec ses parents sont encore en très bon état et seront facilement réutilisables, alors que d’autres resteront dans leurs boîtes. Elle attrape pour commencer les guirlandes lumineuses qu’elle place en faisant des zigzags dans les branches du conifère et s’assure que toutes les lumières éclairent bien. La blonde change celles qui se doivent d’être changées, puis continue son travail avec les guirlandes colorées. Lorsqu’elle est satisfaite des deux premières étapes, elle prend un moment pour reculer d’un pas et décider de quelles couleurs seront les boules. Après avoir arrêté son choix sur des décorations bleu et argent, elle commence tranquillement à placer ces dernières pour avoir une disparité, mais aussi un équilibre visuel. Son sapin commence tranquillement à ressembler à un sapin de Noël quand elle termine cette première tâche. Plus que les petits ornements - la plupart sont des souvenirs ou des cadeaux - et le jour sera joué. Elle s’éloigne quelques minutes pour aller récupérer le carton de souvenirs, à son retour son teckel s’amuse avec une boule argentée. Heureusement, elles sont toutes incassables! Elle caresse la tête ronde de l’animal avant de placer les dernières décorations dans son sapin. Sa tâche accomplie et son thé terminé, elle remet ses vêtements d’extérieur, attrape le manteau du chien et quitte la maison en direction de l’écurie, la saucisse sur les talons.

→ événement n°31 mot bonus : attachement

Depuis la mort de ma chère et tendre dragonne, j’ai l’impression de tourner en rond - que ce soit dans ma vie personnelle ou professionnelle. Malheureusement, mon humeur se ressent jusque dans les écuries, ce qui affecte toute ma petite troupe d’équidés à qui je consacre du temps de piètre qualité, me contentant de ne faire que mes tâches de base et les sortir en prairie. Par contre, aujourd’hui tout va changer. Dans la dernière semaine j’ai réorganisé ma vie, j’ai pris du temps pour moi - pour faire mon deuil correctement - et il est maintenant temps de reprendre le contrôle et foncer tête baissée pour accomplir mes objectifs personnels. La saison de rodéo sonne maintenant à nos portes, et quoi de mieux que de monter quatre chevaux dans la remorque et voyager à travers le pays pour vivre mon rêve. J’ai pas mal d’argent de côté, et j’aimerais bien que mes chevaux me rapportent assez d’argent pour payer leurs inscriptions et pourquoi pas, l’essence aussi. J’ai pris des dispositions pour placer les 6 autres chevaux chez un ami en qui j’ai confiance, il vient d’ailleurs les récupérer dans l’après-midi pour les mener chez lui. Je ne voulais pas imposer à Kayce - qui m’a gentiment accueilli chez lui pendant tout ce temps - de s’occuper de mes chevaux, en plus des siens et de concourir à travers le monde également. Alors que je passe une jambe, puis l’autre dans mon jean, je me lève graduellement de ma chaise, remontant mon denim sur mes hanches. Je passe le bouton dans la boutonnière, et passe un t-shirt sur mes épaules. Mes cheveux blonds ondulent naturellement sur mes omoplates et rebondissent à chaque pas que je fais. J’attrape la veste qui est accrochée près de la porte d’entrée et jette un dernier coup d'œil à l’appartement que je quitte pour, j’espère, ne jamais y revenir. Dehors, mon nouveau pick-up blanc m’attend, chargé de ma valise et de mon chien saucisse qui dort sur le banc passager. Boomer relève la tête alors que j’ouvre la portière et me glisse sur le banc en cuir noir de mon nouveau moyen de transport. Je caresse tendrement la tête brune de mon ami, qui se remet aussitôt en boule sur sa couverture. Aussitôt la clé mise dans le contact, le moteur rugit et je passe finalement le camion sur drive, puis je m’engage sur la route qui mène jusqu’à Hidden Cove.

Quand je m’engage finalement sur l’allée pavée, une bouffée d’émotions me submerge et je me surprends à caresser distraitement l’oreille de mon chien pour passer mes nerfs. Je gare la camionnette devant la remorque habitable que j’ai achetée récemment, prête à atteler cette dernière. Comme je m’apprête à ouvrir la portière pour m’occuper d’attacher le tout sécuritairement, j’entends une main s’abattre sur la carrosserie de mon pick-up. Un rapide coup d'œil dans mon rétroviseur m’apprend que Kayce est là pour m’aider. Nous appareillons le tout en quelques minutes, et me voilà fin prête à prendre la route. J’avance tranquillement le camion devant le bâtiment principal et j’en descends enfin, mon teckel sous le bras. Je dépose le petit chien à mes pieds et ce dernier court vers l’herbe, m’arrachant un sourire au passage. Je discute quelques minutes avec le propriétaire des lieux qui m’assure encore une fois que j’aurais pu laisser les autres chevaux ici et ne partir qu’avec mes compagnons de route, mais je refuse poliment son offre. Nous prenons la direction des écuries côte-à-côte, quand un klaxon nous fait nous retourner d’un seul homme. Un sourire sincère se dessine sur mon visage quand je remarque le camion et la remorque de mon ami Chase qui ne cesse de klaxonner. J’éclate d’un grand rire quand je vois sa tête en dehors de sa fenêtre et Kayce à mes côtés soulève un sourcil interrogatif. Les deux hommes ne peuvent pas être plus à l’opposé l’un de l’autre. Chase est un clown, il attire l’attention, est extraverti et n’a pas la langue dans sa poche, tandis que le brun à côté de moi est un homme plutôt réservé, qui réfléchit avant de parler et avec une aura mystérieuse. Boomer revient à mes côtés en jappant, ajoutant l’absurde au spectacle qui se déroule sous nos yeux ébahis à tous. Les deux hommes se serrent la main à peine le nouvel arrivant descendu du véhicule, et après nous nous serrons dans nos bras, heureux de nous revoir. Je lui emboîte le pas jusqu’à l’intérieur du bâtiment, où nous nous empressons de récupérer les licols et les longes des chevaux qui partiront avec lui. Les poulains sont les derniers à monter dans la remorque, et lorsque tout mon beau petit monde est bien en sécurité, je remercie Chase du fond du cœur et regarde la remorque quitter le domaine, une larme à l'œil.

Il est maintenant l’heure pour moi de prendre la route. Je marche tranquillement jusqu’aux quatre occupants restants. Les quatre têtes se tournent vers moi quand ils m’entendent remonter l’allée et je souris en les regardant. Je n’ai pas gardé les chevaux les plus faciles, loin de là même, mais ce sont ceux-là qui forment l’expérience. Pour commencer, je passe le licol sur la tête noire de la quarter horse de sept ans, et la mène jusqu’à la remorque. Je la laisse renifler la rampe d’embarquement, puis elle s’y engage sans bataille. Une fois XTC bien installée, je rejoins à grandes enjambées le box de l’étalon bleu rouan. Le jeune cheval de quatre ans fera ses premières compétitions officielles cette année, lors de ses trois ans il n’a malheureusement pas eu l’occasion de sortir beaucoup sur les différents terrains. Frosted m’accueille les oreilles plaquées sur la nuque. Je roule des yeux et caresse affectueusement son chanfrein, et passe rapidement son licol à l’animal. Alors que je pousse la porte de son box, le jappement de mon teckel venant de l’extérieur me fait presser le pas. Lorsque nous débouchons sur le stationnement, ce dernier est occupé à japper et courir après un oiseau. Je ris, et présente la remorque à l’étalon quarter horse qui y monte avec enthousiasme. Je l’attache correctement et retourne à l’écurie m’occuper des deux autres. Les deux poulains de trois ans, tous deux issus de ma regrettée American Psycho - d’ailleurs, heureusement que les mères porteuses existent. Bref, ces deux-là, au vu de l’attachement que je portais à leur mère, je n’ai pas pu me résoudre à les laisser partir avec Chase, ils devaient venir avec moi. Ce sera une année formatrice pour eux, ils pourront voir les terrains de concours, l’ambiance et les bruits et je pourrai peaufiner leur entraînement pour la saison suivante. De plus, ils pourront aussi faire quelques exhibitions - ce sont des compétitions qui ne comptent pas - pour savoir où ils se situent par rapport aux autres poulains. Je fais donc monter dans la remorque un à un Cursed Heiress et Crimson Bandit. Maintenant que tout le monde est prêt à partir, j’attrape mon chien saucisse et le place à côté de moi dans la cabine du pick-up. Après avoir mis l’embrayage, je baisse ma fenêtre et fais de grands signes de la main à Kayce qui est sorti pour me dire au revoir. À nous la nouvelle vie!

Quelque part entre l’Arkansas et l’Okhlahoma… Le front appuyé sur le volant et les poings serrés depuis près de quarante minutes, c’est la position dans laquelle je me trouve quand le service routier s’arrête finalement devant moi. Aussitôt que j’ai senti la crevaison sur le pneu de la remorque, je me suis mis en retrait sur le bord de l’autoroute. Mon premier appel a été pour l’organisateur de la compétition à laquelle je devais être cet après-midi. À cette pensée, je retiens les larmes qui me montent aux yeux. Je secoue la tête et pense à autre chose. Merde, c’était une bonne occasion pour sortir la jument noire avant le prochain rodéo… Non, ne t’aventure pas sur ce terrain miné. Dès que j’ai eu passé cet appel, j’ai trouvé sur Google le service d’urgence routière le plus près de ma localisation et je les ai contactés. Et les voilà enfin. Je prends une grande respiration, essuie du revers de la main les larmes qui coulent bien malgré moi sur mes joues rougies et j’ouvre la portière du camion. Je m’assure que ma fenêtre est entrebâillée pour mon chien saucisse, et je récupère mes clés au cas où le petit chenapan s’appuie sur les verrous.

Je rencontre à mi-chemin un homme un peu bedonnant qui respire la mauvaise humeur. Aussitôt, je sens bouillonner ma rage intérieure. Je suis en retard. Je rate une course de barils qui aurait pu nous être bénéfique. Et lui arrive, frustré parce qu’il doit aider une demoiselle en détresse. Alors là, non. Ça ne va pas le faire. De un, je ne suis pas une demoiselle en détresse. Et puis de deux, ce n’est pas ma faute si j’ai deux crevaisons et un seul pneu de secours. Je tends la main à l’homme qui me salue brièvement et se dirige directement vers les pneus endommagés de la remorque. Il s’accroupit et passe sous l’essieu le cric pour remonter la remorque. Évidemment, celui que j’avais dans le camion ne fonctionnait pas car il ne supportait pas la charge de la remorque avec les chevaux dedans. Je prends une note mentale d’en acheter un plus gros dès que j’en aurai l’occasion - au cas où. Pendant que l’homme du service routier installe les chandelles pour ne pas risquer de mourir écrasé sous le poids de l’attelage, je reviens à la cabine du pick-up. Je me glisse sur le banc conducteur et je caresse distraitement mon teckel qui n’a pas bougé de son coussin sur le siège passager.

Je laisse mes pensées moroses m’envahir. Ai-je fait le bon choix? Est-ce que ce sera toujours comme ça? Des retards occasionnés par des chevaux récalcitrants c’est une chose que j’arrive encore à gérer. Mais des retards causés par des bris mécaniques, c'est autre chose. Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine. J’ai envie de crier. Toute cette rage, cette fureur. Les larmes roulent sur mes joues avec intensité et je peine à les retenir. Je suis submergée par les émotions. Autant j’ai envie de continuer ce périple sur la route, autant là maintenant j’ai envie d’abandonner. De rebrousser chemin et de prendre le chemin du Texas. Mais à quoi bon? Revenir la queue entre les jambes? Baisser les bras? Pas question. Alors que je reprends tranquillement le contrôle de mes émotions, un toc dans la vitre de mon camion me fait sursauter sur mon siège. L’homme bedonnant se tient debout juste à côté. J’essaie une nouvelle fois les larmes séchées sur mes joues et j’ouvre la portière pour sortir de l’habitacle. Sans un mot, l’homme me tend une facture de près de cinq cents dollars pour le remplacer des deux pneus et l’appel de service. Je règle le tout avec ma carte de crédit et je le remercie.

Pendant que je suis encore sur le bas-côté, je vérifie une nouvelle fois l’entièreté de la remorque. Je jette un œil aux quatre animaux qui mangent - sans se soucier du problème qui nous accable depuis plus d’une heure. Je caresse le chanfrein de chacun avant de me remettre derrière le volant, prête à affronter la seconde moitié du trajet. Je n’abandonnerai pas. La saison est à peine entamée et il est temps de prouver à tous que je mérite mon permis de professionnelle. Je mérite ma place parmi les meilleurs, et mes partenaires équins aussi. Je mets enfin la clé dans le contact et fait vrombir le moteur v8 de mon pick-up flambant neuf. Mon clignotant vers la gauche, je m’engage dans la circulation une nouvelle fois, prête à avaler les kilomètres jusqu’à notre destination à Guthrie. Il ne reste qu’un peu plus d’une heure de route à faire, et je compte y parvenir sans problème cette fois. Qui sait, ce qui nous attend à destination est peut-être l’accomplissement du rêve ultime?

Mon arrivée tardive à Guthrie m’a mise les nerfs en boule. Je suis angoissée. Même s’il n’y a eu aucun problème sur la moitié restante du chemin. Quand j’arrive enfin dans l’aire de stationnement du Lazy E Ranch, les activités battent leur plein. Tous les cavaliers sont juchés sur leurs montures alors que je longe la carrière d’échauffement. Un employé m’indique où je dois aller garer mon attelage comme je reste sur place pendant deux semaines. Lorsque j’ai enfin rejoint l’espace qui m’est réservé, je relâche un soupir las. Je tourne la clé du camion, attrape mon chien sous mon bras et j’ouvre enfin la portière. La voix de l’annonceur maison me parvient ainsi que les rires et les discussions des gens autour de moi. Alors que je me relève graduellement après avoir déposé Boomer sur le sol en terre ferme, une paire de jambes s’est matérialisée devant moi. Quand mon regard croise enfin le sourire éblouissant de l’homme qui se trouve devant moi, une vague de soulagement et de bonheur me submerge. Chase. Je n’aurais pas pu rêver mieux. Un couinement m’échappe et je me lance à son cou, manquant de lui faire perdre l’équilibre par la même occasion. D’un bras puissant autour de ma taille, il me soulève et me fait tournoyer, tout ça sous mes rires et les jappements incessants de mon teckel. Lorsque mes pieds touchent enfin terre, le tatoué me relâche et s’accroupit pour caresser la tête du petit animal brun. Qu’est-ce que tu fais ici Chase?

Ma voix trahit ma surprise et mon bonheur. Quand il a quitté le Canada, nous avons gardé contact grâce aux réseaux sociaux, bien que nos rapports aient changé. J’ai rencontré quelqu’un avec qui j’ai été en couple quelques années, ce qui a ajouté à la distance que nous avions pris. À mon retour au Texas, nos liens se sont solidifiés, et j’ai réalisé à quel point il manquait à ma vie. J’ai senti dans ta voix que tu avais besoin d’un remontant ma belle. Un sourire sincère est dessiné sur ses traits parfaits. Parce que oui, Chase est un homme plus qu’attirant. Bras-dessus bras-dessous, nous nous rendons à l’arrière de la remorque pour faire descendre mes quatre compagnons. Je garde un œil sur mon ami pendant qu’il abaisse la rampe. Ses muscles saillants roulent sous son chandail ajusté et je me surprends à avoir chaud. Je le vois aussi me lorgner discrètement pendant que je fais descendre Crimson Bandit de la remorque. Je le laisse s’occuper de sa demi-sœur, ma belle Cursed Heiress et nous menons les deux quarter horses aux écuries. Lorsque ceux-ci sont installés, nous reprenons le chemin jusqu’à mon pick-up, mon chien sur les talons. Puis, je sens sa main chaude attraper mon poing crispé. Il desserre mes doigts un à un, puis glisse ma petite main dans la sienne, plus imposante. J’en oublie de respirer. Quand je lève enfin les yeux vers lui, son sourire chaleureux me détend immédiatement.

Nous reprenons notre discussion sur tout et rien tout en faisant descendre les deux derniers occupants de l’installation en aluminium. Le contact de l’homme me manque déjà, ce qui me fait réfléchir sur notre relation. Notre amitié n’a jamais évoluée plus que ça ; de l’amitié. Et maintenant, j’en viens à me dire que c’était une erreur d’avoir attendu tout ce temps. J’ai perdu quelques années avec quelqu’un qui me respectait plus qu’il ne m’aimait. J’ai l’impression que le vent pourrait tourner. Chase me tend la longe de mon étalon bleu rouan et remonte la rampe d’embarquement pour aller s’occuper de ma noiraude. Quand XTC met enfin le pied en territoire indien, je mène la marche jusqu’aux écuries, toujours plongée dans mes pensées. Nous installons les deux chevaux et quand le travail est enfin terminé, nous retournons une dernière fois près de mon véhicule. Cette fois, j’attrape deux chaises pliantes dans la partie habitable pendant que mon ami déplie l’auvent de la remorque et nous nous installons côte-à-côte, une bière à la main. Je me sens enfin chez moi. Et la compagnie de Chase me fait plus que plaisir. Au fond, qui sait ce que l’avenir nous réserve? Cette journée ratée s’est tout à coup transformée en la meilleure journée de ma vie.