Carrière • Sast

Cet après-midi, il faisait un peu gris, mais chaud. Je m'étais dis que Diva et moi serions plus à notre aise dans la carrière, d'autant que, personnellement, je préférais profiter de l'air extérieur. Il ne menaçait pas de pleuvoir et il y avait peu de monde alentours, nous serions en toute intimité. Cela m'allait très bien pour cette première séance. Je marchais aux côtés de ma géante grise, qui devait paraitre d'autant plus grande que j'étais petite. Evidemment, pas question de l'escalader comme ça, je ne voudrais pas lui casser le dos ! J'avais installé un montoir au milieu de la carrière, dans un endroit qui ne gene pas. Arrivée devant, je ressanglais la selle, prenant le temps de vérifier que tout soit bien posé, puis je me hissais à l'aide du plot. Alors qu'elle n'avait pas bronché jusque là, voir même d'un calme exemplaire, elle partie directement d'un pas énergique, sans que je ne lui demande rien ! Cela me surpris un peu, mais heureusement que j'avais bien attrappé mes rênes avant... Nous n'avions pas commencé qu'elle semblait déjà prête à partir en trombe, et je n'étais pas très contente de m'être faite avoir au montoir mais décidais de passer pour cette fois.

Je commençais d'abord par "essayer" de la reprendre en main, en massant tout doucement sa bouche et en lui demandant déjà de faire des cercles, de moyennes à grandes tailles, et aux deux mains. Bien qu'elle ne se plaçait pas totalement, je sentais qu'elle comprenait bien et qu'elle s'assouplissait rapidement, s'incurvant légèrement dès le deuxième cercle, et de plus en plus sur les autres, progressivement. La carrière était immense, mais j'utilisais tout l'espace en lui laissant très peu de longues lignes droites : non pas qu'il faille la réveiller, car elle l'était déjà bien trop, mais justement l'inciter à la patience en ne lui laissant pas le temps d'avoir l'envie d'accélérer. Je n'essayais pas de ralentir son pas vif, mais simplement de conserver son allure naturelle. Comme à mon habitude, je restais assez longtemps au pas, jusqu'à être sure d'avoir obtenu sa concentration maximale.

Toutefois, pour une jument comme Diva, c'était presque de la torture de lui imposer un si faible rythme trop longtemps... Je passais donc au trot, dans des exercices un peu plus larges cette fois, notamment plusieurs diagonales d'affilées, pour la faire changer de main. Elle ne se fit pas prier, évidemment, et à mesure des excercices, semblait imperceptiblement allonger sa foulée. Je commençais à me durcir dans les mains, pour ne pas qu'elle m'échappe, et je sentais au bout de mes doigts une lutte légère, mais continuelle, contre cette obligation de ne pas aller trop vite. Comme beaucoup de trotteurs, je dois dire qu'elle n'était pas très confortable ! J'ajustais au maximum le rythme "assis-levé" pour rester à l'aise, mais n'ayant pas encore refait mes muscles aux jambes, ce n'était pas si facile avec elle.

Quand je voulus la faire galoper sur la piste, impossible de repasser au pas : j'y ai mis tout mon coeur. Je me suis assise de tout mon poids, j'ai serré un maximum les rênes, je me suis penchée en arrière, j'ai joué de "Holà !" pour l'inciter au calme, mais autant dire que malgré sa fluidité impecable sur la direction, elle ne connaissait pas les freins ! J'insistais longuement, la faisant aller partout et rusant sur des cercles minuscules, avant qu'enfin elle ne reprenne le pas, par dépit je pense. Je la caressais aussitôt, mais elle prit cela pour un feu vert et repartit de plus belle ! Il fallu encore une minute de plus pour qu'elle repasse au pas, et comprenne qu'on ne ferait rien d'autre tant qu'elle ne conservait pas l'allure. Je la caressais de nouveau. Elle était attentive, prête à repartir au moindre signe. Elle savait ce qu'on allait faire.

Je me plaçais en piste et, avant de donner les aides du galop, elle partit en trombe, rien qu'en sentant que je me préparais à les placer ! Je me fis donc encore surprendre et perdis un peu mon équilibre pendant le démarrage, perdant du même coup quelques secondes de contrôle qui suffirent à Diva pour gagner une foulée un peu plus grande qu'elle n'aurait dû l'être ! Je me concentrais à m'assoir fermement dans la selle et serrais les rênes, en esseyant de ne pas tirer, bien que ce fût très tentant tant la vitesse de la jument était surprenante. Mais ce n'était pas ce que je lui demandais aujourd'hui : je voulais un galop de travail, et pas un galop de course, du moins pas ici ! Arrivée à l'autre bout de la carrière, puisqu'elle avait tout juste daigné conserver son allure folle mais sans ralentir, je l'amenais sur un cercle, un peu maladroitement il faut bien le dire, ce qui la surpris beaucoup... Mais au moins, j'obtenais directement le résultat escompté, et sa course fut subitement "cassé" par la courbure du cercle.

Comme elle avait tendant à relancer aussitôt en piste, je lui fis faire un deuxième, au même endroit. Elle comprit alors la chose et garda une allure correcte à la sortie du cercle. Dans la ligne droite qui suivit, elle allongea de nouveau sa foulée mais, de nouveau, je la coinçais sur un cercle, puis deux, parfois trois quand c'était plus difficile pour elle... Il fallut répéter l'excercice plusieurs fois, mais comme elle semblait infatigable, ça ne posa pas vraiment de problèmes. Au contraire, je la sentais de plus en plus détendu, moins fébrile, moins "excitée" mais toujours vive, ce qui était juste ce que je voulais ! Qu'elle prenne du plaisirs sans forcément aller à pleine balles comme on dit...

Je continuais la séance ainsi, à l'autre main, après maintes caresses et un peu de pas (du pas de girafe, bien sur). Ce fut beaucoup plus facile à contrôler et plus fluide, puisqu'elle était déjà rodée. Mais tout cela avait pris beaucoup de temps, et je n'étais pas loin d'une heure de monte maintenant... Je la laissais donc se redéfouler un peu au trot et, longuement, la laissais marcher... Son endurance était déjà impressionante pour voir qu'elle n'avait pas travaillée depuis un moment, et qu'on avait beaucoup travaillé le galop. C'était prometteur pour la suite ! Je me rapprochais du plot pour descendre, afin d'épargner mes chevilles, et la ramenais à l'écurie tout sourire pour la brosser, très contente de ma journée.

Je sens que tout ne sera pas tous les jours facile avec cette jument

+ 4 pts en dressage
+ 6