Gatien était loin d’être stupide, il avait bien compris qu’Odile le fuyait. Il avait particulièrement mal pris le fait qu’elle vienne très tôt le matin pour l’esquiver. Alors aujourd’hui, il avait mis un réveil à l’aube, cette fois, ce sera lui le premier. Il trouvait la réaction de la jeune femme puérile, pourquoi l’éviter plutôt que de lui dire franchement ce qui lui pose problème ? Il avait longtemps pesté, ne comprenant pas pourquoi celle qu’il considérait comme son amie lui mentait de la sorte. Il pensait avoir trouvé en elle une confidente, un véritable soutien. Il était blessé et se sentait profondément trahi. Certes, il était parfois désagréable, un peu râleur, piquant même. Mais au fond il l’appréciait Odile. Pour Gatien, les humains et les chevaux ont tout en commun, tous des traîtres et des vendus, prêts à vous faire chuter à la moindre occasion. Il en était certain, Odile s’était moquée de lui, elle l’avait amadoué pour qu’il participe à l’achat de Corona, et maintenant qu’elle avait ce qu’elle voulait, elle allait le laisser tomber, comme tous les autres. S’il s’est levé à l’heure du soleil, c’est pour avoir des explications, il voulait enfin savoir pourquoi ils le fuient tous, pourquoi ils finissent tous par le laisser seul, l’ignorer. Il a cette blessure à vif, celle d’être seul tout le temps, celle de ne jamais être apprécié. Pourtant ce n’est pas faute d’essayer : il essaye d’être franc, juste, de bons conseils, présent; mais tout ça ne fonctionne pas.
Lorsqu’il pénètre dans l’enceinte de l’écurie, il ne remarque même pas qu’une jument qui lui est pourtant familière a fui son box. Il gare sa voiture, furieux. Il transpire la colère, son pas est lourd, déterminé. Il fait irruption dans l’écurie, vide. Quelques chevaux lèvent la tête, mais pas de bipède ici. Gatien se dirige alors vers le box de Corona, histoire de laisser un petit mot à Odile. Forcément, le jour où il vient lui demander des comptes, elle fuit. La jeune femme n’est pas là, mais la jument non plus. « Purée, en plus elle se barre avec mon cheval sans rien me dire ». Toujours plus remonté, le brun fonce vers la carrière avant de s’arrêter brusquement. Si Corona n’est pas dans son box, c’est parce qu’elle est là, entre deux prés, elle broute tranquillement, levant à peine les yeux pour gratifier son cavalier d’un regard. Perturbé, Gatien eut un moment d’absence. Que faire ? Visiblement, le courant ne passait pas franchement avec la grande jument grise, s’il tentait de s’approcher, elle risquait de le fuir elle aussi. Mais laisser Corona libre, s’était aussi prendre le risque qu’elle s’en aille plus loin. Il tenta une approche frontale. Évidemment, la jument lui tourna le dos et se mit à marcher doucement vers un autre pré. Bon. Elle ne portait pas de licol et il savait parfaitement qu’il ne parviendrait pas à lui en mettre un. La rentrer en liberté était la seule alternative possible. Bien conscient du caractère de la grise, mais également de son aversion envers lui, Gatien ne tenta même pas de l’appeler. Il s’absenta quelques minutes afin de prendre un seau de nourriture dans la graineterie. Lorsqu’il s’approcha de la jument avec les grains, celle-ci se mit en mouvement vers lui. Il tenta alors de reculer à pas feutrés pour qu’elle suive la nourriture en direction de son box. Mais visiblement, il avait sous-estimé Corona qui ne daigna pas rentrer le moins du monde. Lorsqu’elle comprit ce que Gatien était en train de faire, elle se remit à brouter en ignorant le seau. Le jeune homme prit sur lui, la patience n’était pas son fort. Il s’assit alors près d’elle, à chaque fois qu’elle lui accorde un minimum d’attention, il lui tend une carotte. Petit à petit, la grise semble se prendre au jeu et accepte finalement que Gatien lui touche la tête et l’encolure. Il parvient même à la caresser un long moment avant qu’elle ne finisse par accepter de suivre sa poche remplie de friandise jusqu’au box.
Lorsqu’enfin la jument est en sécurité, il aperçoit Odile qui débarque en furie dans l’écurie. « T’aurais pu me dire que tu la montais ce matin ? Je croyais que c’était à moi de la sortir aujourd’hui ! Si j’avais su j’aurais prévu quelque chose avec Blue.» Le jeune homme n’en croyait pas ses oreilles. D’abord, il devait ramener la jument au box parce que madame avait probablement oublié de fermer le loquet et en plus de ça, il se fait incendier ? « Pardon ? Mais tu peux te mettre à cheval sur NOTRE jument si tu veux, je te signale juste que tu n’avais pas verrouillé la porte et qu’elle était partie faire un petit tour dehors. » Le ton montait entre les deux cavaliers. « J’ai fermé la porte ! Et pour te le prouver, on va vérifier les caméras. L’irresponsable de l’histoire c’est toi, pas moi. Tu m’a dit que tu t’en occuperais et voilà déjà une semaine que tu te trouves des excuses pour ne pas te mettre à cheval, c’est pas étonnant qu’elle ai de l’énergie à revendre ! ». Les vidéos allaient parler. C’est avec une certaine surprise que Gatien et Odile s’aperçurent que Corona savait parfaitement tirer le loquet du haut de son box. La jeune femme avait omis de fermer celui du bas et la jument était parvenue à sortir. « Et quoi ? Tu va encore me crier dessus ? Me dire que c’est ma faute ? C’est jamais toi de toute façon, les autres sont nuls et toi tu sais tout. Oui j’ai oublié de fermer entièrement la porte, et alors ? T’es monsieur parfait toi ? Non je crois pas, t’es même monsieur insupportable !» C’en fut trop pour Gatien qui préféra sortir du bâtiment avant de dire quelque chose qu’il serait susceptible de regretter.
Odile s’en voulait. Pour une fois elle avait été honnête avec lui. Honnête, mais trop directe. Elle était rentrée dans son jeu, crier pour crier, descendre pour détruire. C’était loin d’être son genre, mais elle ne le supportait plus. À l’avenir, elle vérifiera plusieurs fois qu’elle a correctement fermé le box de sa jument afin d’éviter d’autres accidents de ce genre. Puis elle réalisa qu’elle ne lui avait même pas dit merci, tant pis. Corona1035 motsevent33
(( Objectif : Vous arrivez ce matin et votre équidé est libre sur le terrain et broute pépère. Après une inspection des installations, rien n'est brisé. Une petite visite dans la salle des caméras vous démontre comment votre fugueur a réussi son coup. Racontez-nous.)) + 5 pts à miser. Encore désolée pour l'erreur précédente, mais puisque Corona a été introduite lors de cet évènement, je pense que c'est ok cette fois
Kyare
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Lun 20 Juin - 1:54
Le premier paragraphe m'a fait sourire mais je ne sais toujours pas exactement quoi penser de Gatien... je suis contente qu'Odile ait répliqué tout de même
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trèfles & objectif màj par Pryam
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Mar 28 Juin - 21:52
Seul sur ton tandem
Il y a des jours où Gabrielle aurait aimé faire autre chose que du poney, des jours où elle aurait aimé faire de la danse ou de l’escrime. Il y a des jours où l’individualité lui semble être la seule solution à ses problèmes. Mais il y a aussi des jours où Gabrielle voit le bout du tunnel, et ces jours-là, elle aime son sport. Avec les chevaux il n’y a jamais qu’une seule façon de faire, il y a toujours deux points de vue et d’innombrables variables qui viennent perturber les résultats, ce sont ces paramètres multiples, indomptables et imprévisibles qui font de l’équitation ce qu’elle est. Alors quand ses parents lui ont très fièrement annoncé qu’ils lui avaient offert un nouveau poney, elle a d’abord pensé que c’était une belle surprise, un cadeau de la vie. Lorsqu’elle s’est aperçue en le voyant qu’il s’agissait d’un format miniature, elle a déchanté. « C’est plus sympa pour ton petit frère ! », « Ce sera plus pratique pour attraper les objets au sol pendant les jeux ! » qu’on lui a dit. À ce moment précis, Gabrielle a compris beaucoup de choses. Premièrement, ce qui était n’est plus. C’est vrai que désormais elle a un petit demi-frère avec qui elle doit presque tout partager : son goûter, la banquette arrière de la voiture et surtout sa mère. Deuxièmement, elle faisait du pony-games et par ignorance, les gens étaient persuadés qu’elle faisait du shetland, elle ne détestait pas vraiment les shetlands, mais il traînait leur réputation comme un fardeau. Et surtout, en dépit de son poids plume, ils restaient plutôt inadaptés à sa taille et à son âge. Troisièmement, il lui semblait que désormais elle pouvait dire adieu à ses années de haut niveau. L’équipe de France et les concours à l’étranger sont loin derrière elle à présent. Et puis après, il y a la rencontre. Je ne parle pas ici du premier regard, je parle de la rencontre, la vraie. Quand Gabrielle a compris que Manzano était bien plus qu’un shetland.
Il était une présence, du haut de ses quatre-vingt-neuf centimètres, il existait. Il clamait son besoin d’être vu et il ne demandait pas la permission. Il a henni en direction de Gabrielle et c’est à cet instant précis qu’elle a commencé à envisager les choses autrement. D’un coup, c’est un boulevard de possibilité qui s’est offerte à elle. Manzano pouvait tout devenir : star du cirque ou poney de cinéma, machine de guerre pour débuter les plus jeunes en pony-games ou crack machine de cso dans sa catégorie. Alors qu’elle n’aurait jamais pu espérer avoir son nom sur les papiers d’un poney que l’on remarque vraiment, désormais, elle construira sa route avec le petit étalon. Je pourrais vous dire que le chemin de l’acceptation sera facile et qu’elle a déjà réalisé tout ce que ces quatre-vingt-neuf petits centimètres signifiaient, mais je n’aime pas mentir, alors je ne vous dirais rien. Imaginez simplement que Gabrielle n’a que seize ans et que ses rêves équestres ont volé en éclat, imaginez là s’agripper à la moindre bouée pour tenter de ne pas se noyer dans l’océan des carrières brisées. Vous comprendrez alors qu’elle a offert à Manzano la place qui lui est due : celle d’un premier, d’un espoir. Je ne vous dirais pas non plus que Gabrielle ne se trompera pas, mais j’espère pouvoir vous dire qu’elle sera encadrée. C’est d’ailleurs comme ça que va débuter son histoire avec le beau blond : par un coup de main.
Le jour de l’arrivée de son poney, Gabrielle avait tout bien préparé : elle lui avait fait un paddock à sa taille, elle y avait disséminé des carottes et des pommes et elle avait même fait le tour des clôtures deux fois. Mais quand Manzano est descendu de son van tout miteux, l’adolescente s’est sentie dépassée. Paniqué, il n’a cessé d’appeler ses copains d’antan. Comédien expert, Manzano était expressif, impossible de ne pas lire la panique dans son regard. D’abord il y a la haine « Comment ça, il est pas content du paddock que je lui ai préparé ? ». Puis la tristesse : « Le pauvre, il se sent seul ». Puis la solution « Salut Gabrielle, je pense qu’on va pouvoir le mettre avec Corona si tu veux, avec sa taille, il y a relativement peu de chance qu’il parvienne à lui grimper dessus. » Odile était apparue en sauveuse. C’est vrai que la grise semblait particulièrement attirer l’attention du petit poney. Il appelait dans sa direction comme s’il voyait en elle le fantôme d’un autre. Il faut aussi souligner que la princesse à la robe de neige était bien la seule à ne pas s’affoler de la panique du jeune : elle le regardait brailler et s’énerver avec un certain calme qui en étonnerait plus d’un. Lorsqu’elle se rapprocha du fil, il sembla presque s’apaiser. C’est décidé, laissons-les se rencontrer.
Lorsque l’adolescente détacha la boucle de son licol, le shetland se mit à galoper en direction de la grande jument grise. Il y avait quelque chose de mignon dans cette scène. Manzano qui déployait toute son énergie pour rejoindre au plus vite Corona et cette dernière qui l’attendait bien paisiblement au fond de son champ. Le coup de foudre sembla immédiat. Il n’y eu pas de coup de pied, pas de morsure, même pas une petite oreille en arrière. Juste deux nez qui s’entrechoquent doucement et des petits mouvements de lèvres qui semblent dire « bienvenue chez toi ». La rencontre était si douce qu’elle donnait envie de croire aux belles histoires. Presque immédiatement, ils se mirent à brouter ensemble. Le petit blond était quasiment en mesure de passer sous le ventre de sa congénère. Odile et Gabrielle restèrent un petit moment à les regarder. L’une avait besoin de croire que les choses peuvent s’arranger, l’autre devait encore comprendre que l’histoire peut prendre une fin inattendue. Je vous laisse deviner qui est qui. Manzano981 motsevent33
(( Objectif : Votre jeune compagnon semble porter un tout grand intérêt au doyen de votre piquet, racontez nous leur rencontre et les réactions de chacun.)) + 5 trèfles
Misspalikoa
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Mer 29 Juin - 12:39
Ce résumé était INCROYABLE. Je ne sais pas quoi dire de plus, les tournures de phrases, l'ambiance du résumé. J'ai déjà hâte de suivre leur aventure.
Introduction. Gemma découvre Ego-Crush, la pouliche offerte par son petit ami pilote qui doit régulièrement s'absenter.
J’ai attendu ton arrivée comme on attend le soleil. Il y avait, logé au creux de mon cœur, cette peur dévorante de ne pas être à la hauteur, de te décevoir. Et puis aussi l’angoisse de ne pas te plaire, comme une première impression que l’on rate. Tu es son cadeau, celle qui comblera ses longues absences, celle qui saura tout de cette maison vide où le silence se fait pressant. Il t’a offert à moi comme une excuse. Un pardon crié haut et fort, sans honte ni reproches ; un pardon qui annonce ses prochains voyages. Silverstone, Budapest, Los Angeles : il est partout sauf ici. Et c’est pour ça que tu es là, pour que ses désertions soient moins lourdes et l’attente plus douce. Il t’a offert à moi comme une dernière chance, celle qui dit « Cette fois, ce sera différent ». Mais je n’y crois plus. Voilà des semaines que son absence me dévore et si j’oublie qu’il est loin, tout vient me le rappeler : ce compte Instagram qui partage des clichés des pilotes, ce spot télé où il apparaît brièvement, ces pronostics qui ne le déclarent pas vainqueur. Au début j’étais là, je le suivais, mais je n’ai plus la force. J’ai volé en éclat sous le poids des mots et il voulait que tu sois là pour m’aider à cicatriser puis à me reconstruire.
Lorsque je t’ai vu, frêle et chétive, tentant de cacher ton corps maladroit derrière celui de ta mère, j’ai su que nous serions faites l’une pour l’autre. On m’a dit que toi aussi, tu débordais d’honnêteté. Pas méchante, non, mais juste, accrochée à tes valeurs. Tu n’es pas sevré, mais tu imposes déjà une forme de respect à ceux qui t’entoure, tu les exhortes de te traiter à ta juste valeur et tu a raison. Apprends-moi, dis-moi tout de cette force tranquille et sûre que tu dégages, partage avec moi les secrets de la confiance et je te dirai l’immensité de ce que nous pouvons faire ensemble.
Il y a chez toi ce paradoxe troublant de la paix et du chaos. Tes yeux si paisibles ne trahissent rien de la fougue qui vit en toi, de la soif de liberté qui te gouverne. Et lorsque je m’expose et m’impose maladroitement à toi, tu n’as pas peur. Je suis au milieu de ta prairie, calme et immobile, je ne pense qu’à toi et à mon rythme cardiaque, je sais que tu peux le sentir. Et lorsque ton nez encore doux vient sentir ma jambe, c’est comme une évidence, tout est naturel. Tu n’as pas besoin de me parler pour me dire les choses, je sais que tes naseaux vont chatouiller chaque parcelle de mon jean. Lorsque tu tentes de me voler une carotte, je te reprends, fermement, mais avec bienveillance. Alors tu t’éloignes quelques instants avant de revenir fièrement et de me présenter ta croupe. Il n’est pas question ici de me blesser, mais de m’imposer, de t’offrir une autre récompense que celle de la nourriture. Tu te laisses gratter en dandinant ton postérieur. Je comprends tout de suite l’importance que prend pour toi le terme « collaboration ». Tu as besoin que je devienne ta partenaire, que je te comprenne et lise en toi. Et je sais combien il sera difficile parfois de te dire non, mais aussi de céder avec un oui. Je ferai l’effort d’être toujours claire, juste, mais je sais mes faiblesses et je sais que j’échouerai.
Et lorsque je cesse de te caresser, tu te retournes et tu tentes de m’attraper le bras. Jamais tu n’as douté de toi dans ta bêtise, tu n’as pris en considération que tes besoins et ta frustration. Alors sans hésiter, je t’ai puni. Juste un geste accompagné d’un « non » bienveillant, mais ferme. Encore une fois, tu reviens vers moi après quelques secondes. Tu te laisses furtivement toucher, tu sembles craindre que j’attrape ta liberté à deux mains. Rassure-toi, je n’en ferais rien, je te laisserai grandir et évoluer avec les tiens. Je sais que ceux qui t’ont manipulé l’ont fait avec beaucoup de délicatesse, et aujourd’hui tu n’as pas peur des bipèdes, tu ne leur trouves simplement pas d’intérêt. Tu aimes qu’ils crochètent leurs doigts sur tes poils, tu savoures les friandises qu’ils cachent dans leurs poches, mais tu refuses qu’ils te disent quoi faire. Spirit c’est toi, tu défendras ta vie.
Je m’éloigne non sans une certaine hâte : celle de te voir fleurir et t’épanouir dans la carrière qui t’est destinée. Tu me donnes le goût de l’aventure et il me tarde de me dépasser pour mieux te comprendre.
by delirium
Pryam
Cavalier jeunes chevaux - niv. I
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