Pandora Hills - Chemins de balade

Lumi & Silven

Seller Silven s'était avéré moins compliqué cette fois. Épuisé par sa séance de jeu avec son nouveau ballon, l'étalon s'était montré presque docile tandis qu'il était à l'attache et que Lumi l'équipait pour leur balade. Elle était partie sur un sentier dans les bois qui ne s'éloignait pas trop du haras, dans l'éventualité où elle aurait besoin de rentrer à pied ou d'appeler à l'aide, ce qu'elle espérait de tout cœur éviter. Son épaule commençait seulement à retrouver sa couleur normale et à ne plus lui faire mal, elle espérait donc ne pas en remettre une couche. Elle avait mis des vêtements épais, autant pour se protéger du froid que pour amortir une potentielle chute. Elle songea qu'elle aurait pu demander à Owen de l'accompagner, mais l'idée que le palefrenier soit témoin de son incapacité à gérer Silven de nouveau lui fit repousser immédiatement cette initiative. S'aidant d'un muret à l'entrée du bois, Lumi glissa son pied dans l'étrier, observant du coin de l’œil les réactions de sa monture. Comme elle s'y attendait, il tenta d'avancer avant qu'elle ai put grimper sur son dos, et elle dût tirer sur les rênes pour le remettre en place. Cependant, alors qu'elle pensait mettre plusieurs minutes à y parvenir, le paint ne bougea plus et elle se mit en selle dès le deuxième essai. Bien, il avait retenu quelque chose de sa séance avec l'entraîneur.
Faisant attention à ne pas donner d'ordre trop brusque pour éviter une répétition de la première fois, elle demanda à l'étalon de se mettre au pas, et il s'exécuta avec la même énergie que d'habitude, bien qu'un peu altérée par la fatigue déjà présente. Ne lui laissant aucune possibilité de l'embarquer dans l'allure supérieure, Lumi était attentive à chaque mouvement de sa monture. Elle n'hésitait pas à raccourcir les rênes ou à se pencher en arrière lorsque l'étalon s'énervait, et bientôt il cessa d'exprimer sa frustration pour avancer correctement. Le temps était sec depuis quelques jours, mais un regard vers le ciel fit comprendre à Lumi que ça ne durerait pas très longtemps. De gros nuages blancs menaçaient de rajouter quelques centimètre de neige au paysage à n'importe quel moment.
Le duo continua sa balade au pas, Silven semblant se détendre un peu plus. Cependant, ce calme ne pouvait durer éternellement et bientôt l'étalon commença à s'agiter. Décidant qu'il s'était plutôt bien comporté sur le début de la balade, Lumi lui accorda une petite accélération et ils se mirent au trot. Saccadé et irrégulier, le trot de Silven n'avait rien d'agréable, c'était même plutôt un supplice. Lumi eut beaucoup de mal à se caler sur le rythme de l'étalon et dut redoubler d'efforts pour l'empêcher de se lancer au galop. Elle tint bon et le maintint à cette allure sur la majeure partie de la balade malgré les protestations du paint, qui ne cessait de renâcler et d'essayer de lui arracher les rênes des mains. Vers la moitié de la balade, la neige commença à tomber. Cette nouvelle distraction semblait intéresser Silven, dont l'envie de jouer dans la neige se fit encore plus forte. A plusieurs reprises il profita d'une seconde de relâchement de sa cavalière pour se lancer sur quelques foulées au galop. Lumi le corrigeait alors avec patience, bien déterminée à ne pas le laisser avoir le dernier mot.
Les chutes de neige se firent plus intenses et bientôt même Silven fut agacé par les flocons qui gênaient sa vision et venaient se poser en quantité sur ses poils. Il s'ébrouait souvent, et cette occupation lui fit perdre sa fougue et l'énergie qu'il lui restait. Son trot se fit plus correct et il ne protesta même pas quand sa cavalière le fit repasser au pas pour plus de sécurité. Cependant, si il était moins enclin à faire n'importe quoi, son envie de rentrer pour se mettre à l'abri avait pris le dessus et son pas était rapide, pressé. Lumi se dit que c'était mieux que de subir son caractère de tête de mule et ne le retint pas. Au moins il était concentré sur le chemin et déterminé à avancer sans faire d'histoires, et c'était le mieux qu'elle ait pu obtenir de lui jusqu'à ce jour.
Alors ils rentrèrent à cette allure, le cheval agacé par le temps et la cavalière ravie de pouvoir souffler un peu sans avoir à se battre avec les rênes.
Le répit fut de courte durée cependant lorsque Silven comprit qu'on le menait aux écuries, et Lumi passa presque plus de temps à desseller et panser l'étalon qu'à faire toute la balade. Malgré les protestations de Silven, elle le poussa dans son box et le laissa faire sa crise sans lui accorder d'attention. Peut-être qu'il n'aimait pas cela, mais elle ne voulait pas le laisser dehors par ce temps, et elle voyait les palefreniers s'activer de leur côté pour mettre les autres chevaux du pré à l'abri. Satisfaite par sa balade, la jeune femme alla les aider.

Lumi & Soledane

Lumi était passée rapidement aux écuries après sa séance de luge attelée, non seulement pour y redéposer le matériel, mais aussi pour seller Soledane pour la balade qu'elle avait prévue. Elle avait agit machinalement, plaçant le tapis, la selle et resserrant les sangles avec des gestes mécaniques. Sa jument l'observait, intriguée par ce changement de comportement soudain, elle qui était habituée à avoir sa dose de caresses et de mots doux pendant que sa propriétaire s'occupait d'elle.
Une fois équipée, Lumi emmena sa monture sur un sentier qui coupait à travers les champs. Il n'y avait pas grand-monde au haras aujourd'hui, elle serait tranquille et ne risquait pas de croiser trop de gens. Elle s'aida d'un rocher sur le côté pour mettre pied à l'étrier et se mettre en selle. Elle saisit les rênes, puis d'une légère pression des jambes, ordonna à la baie d'avancer. La jument s'exécuta avec moins d'entrain que d'habitude, probablement fatiguée mais aussi perturbée par l'humeur de sa cavalière.
Lumi était totalement perdue par ce qu'il venait de se produire. Distraite par toutes les pensées qui lui traversaient l'esprit, elle laissa Soledane diriger la balade. Elle lui faisait assez confiance pour ne pas l'embarquer, la jument étant respectueuse autant à la monte qu'à pied. Elles avançaient presque en silence, seuls les sabots de l'équidé faisant crisser la neige à chaque pas résonnaient dans l'air glacial. La jument était attentive à son environnement, comblant au manque d'interaction en observant les environs tout en maintenant son allure. Sa cavalière tenta de se concentrer un peu plus sur le moment présent, et elle lui flatta l'encolure pour la remercier d'être aussi agréable alors qu'elle n'assurait pas vraiment de son côté cette fois.
Dans l'esprit de la jeune femme, le baiser qu'elle venait d'échanger avec Owen repassait en boucle, tentant de faire sens. Bien sûr elle n'était pas naïve ni aveugle, et elle avait remarqué qu'il y avait "quelque chose" à chaque fois qu'ils se côtoyaient. Cependant, elle ne s'attendait pas à ce que ce quelque chose arrive si vite, ni à ce que le concerné se sauve littéralement juste après en la laissant au milieu du terrain de cross. Est-ce qu'il s'agissait au moins d'un geste sincère, ou est-ce que le palefrenier s'était juste laissé emporter dans le moment ? Elle craignait de n'en avoir jamais la réponse, car elle ne se sentait pas du tout assez franche pour aller lui poser la question. Elle devrait probablement attendre et voir ce qu'il adviendrait d'eux par la suite.
Lumi cligna des yeux lorsqu'un flocon se posa sur l'un de ses cils. Absorbée par sa réflexion, elle n'avait même pas remarqué que la neige avait commencé à tomber de nouveau, en plus faible quantité que la veille cependant. La jeune femme observa les flocons qui se déposaient dans la crinière de la baie, avant de fondre lentement sous la chaleur qui émanait de la jument. Elle promena son regard sur les environs et se rendit compte qu'elle étaient déjà presque à la moitié de la balade. Elle se repositionna sur sa selle et reprit un peu les rênes, dirigeant sa monture sur un sentier parallèle qui était un peu plus court que celui qu'elle avait choisi au départ. La selle français suivit docilement cette nouvelle direction.
Lumi songea que dans tous les cas, Owen devrait lui faire face un jour ou l'autre. Elle était désormais propriétaire de Soledane et il avait pour but de les entraîner pour la compétition. Comment se comporterait-il lorsqu'ils se reverraient ? Est-ce qu'il ferait comme si rien ne s'était passé ? Ou est-ce qu'il lui parlerait justement de ça franchement ? La jeune femme se rendit compte que peu importe ce qu'il décidait de faire, elle ne saurait comment réagir dans les deux cas. Elle venait à peine d'arriver ici et n'avait nullement prévu de se lancer dans une quelconque relation en prenant la route pour le haras. Mais elle n'avait pas non plus prévu de laisser l'équitation prendre une si grande place dans sa vie de nouveau, et voilà qu'elle se promenait sur le dos d'une jument de très bonne lignée destinée à la compétition et dont les papiers étaient à son nom. Elle soupira. Peu importe combien de temps elle se triturait le cerveau là-dessus, elle n'obtiendrait aucune aide ni réponse de cette façon.
Elle chassa donc tous les soucis de son esprit et continua sa balade sous la neige qui s'accumulait désormais sur son manteau. Restant au pas sur tout le circuit, le duo profita du calme des champs et Lumi s'en trouva même apaisée à force de voir les flocons danser devant elle et sa jument profiter de cette sortie.
Et pour tout le reste, seul l'avenir lui apporterait des réponses.

Lumi & Soledane

Lumi menait sa jument jusqu'à un petit sentier qui s'enfonçait dans la forêt. Elle réajusta les sangles de la selle et les étriers, puis se hissa sur le dos de la baie. La selle français lui lança un regard, attendant son signal. Lorsque sa propriétaire exerça une légère pression sur les flancs de la jument, elle avança aussitôt d'un pas sûr. Lumi s'installa confortablement sur la selle et jeta un regard au ciel. Des nuages d'un gris clair cachaient le soleil de ce début de printemps mais les températures étaient douces. La jeune femme pria pour qu'il ne se mette pas à pleuvoir.
Elle engagea sa monture sur le chemin de balade qui traversait le domaine du côté de la forêt. Bientôt, elle entendit un animal foncer derrière elles et n'eut pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait. Rose dépassa la jument en galopant, bien trop heureuse de pouvoir les accompagner pour cette balade. Du haut de ses six mois seulement, la petite chienne avait déjà de grandes pattes et une excellente endurance pour son âge. La golden s'aventura dans les fourrés pour explorer tandis que Soledane menait de nouveau la marche. Cela faisait longtemps que Lumi n'avait pas profité d'une balade avec la baie. Elles avaient enchainé les entraînements et les concours où la jument se démarquait souvent. Elle était aussi devenue très proche de sa cavalière et la jeune femme la considérait comme l'une des meilleures choses qui lui soit arrivées l'année dernière. C'était grâce à la jument que sa vie avait totalement changée et chaque jour elle lui était reconnaissante pour tout ce qu'elle possédait actuellement. Alors elle avait décidé d'offrir un peu de bon temps à la jument. Une petite pause au niveau des concours pendant qu'elle se concentrait sur les autres chevaux de l'élevage et des moments privilégiés comme celui-ci.
Les sabots de Soledane laissaient des traces dans la terre sur son passage et la jument avançait d'un pas régulier, observant parfois son environnement. Un vent léger agitait les nouvelles feuilles vertes qui ornaient les arbres, annonciateur d'un possible changement de météo. Lumi dirigeait sa jument avec douceur. Elles étaient habituées l'une à l'autre désormais et la jeune femme avait à peine besoin de donner des indications à sa monture pour qu'elle les suive. Arrivées au niveau d'un croisement, elle fit bifurquer la selle français sur le chemin de droite. Rose accéléra un peu le pas pour les rattraper après avoir fini de renifler une odeur particulièrement intéressante, puis elle se mit à trottiner gaiement aux côtés de Soledane qui, habituée à la présence du chiot, ne lui portait même pas attention. Le petit groupe continua à progresser dans la forêt au pas, profitant du calme de l'endroit pour se détendre. Régulièrement, Lumi tapotait l'encolure de la jument avec affection. Celle-ci semblait apprécier de se promener en tête à tête avec sa propriétaire. Elle suivait le sentier avec enthousiasme, agitant parfois la tête pour exprimer sa bonne humeur. Lumi la laissa même brouter de temps en temps le long du chemin, sans pour autant s'éterniser.
Après une bonne demi-heure de marche, de fines gouttes de pluie vinrent s'écraser sur la canopée, avant de passer sous les feuilles et de retomber sur la jument et sa cavalière. La pluie était prévisible avec ces gros nuages et Lumi ne se pressa pas. Vu la légèreté de l'averse, elle serait probablement bientôt terminée. La baie continua d'avancer sans en tenir compte, se contentant seulement de s'ébrouer ou de secouer la tête de temps en temps pour chasser les gouttes qui s'accumulaient sur son poil. Rose, quand à elle, commençait à avoir des allures de ragondin et bientôt elle trouva un nouveau jeu dans les flaques de boue qui commençaient à se former sur le chemin, au grand désespoir de sa propriétaire qui allait probablement devoir lui donner un bain en rentrant.
Cependant, comme elle l'avait prévu, la pluie s'arrêta après une dizaine de minutes seulement et la balade retrouva tout son côté agréable. Profitant de cette accalmie, Lumi talonna sa jument et Soledane passa à l'allure supérieure. Ses sabots martelaient le sol l'un après l'autre en envoyant de petites gerbes d'eau et de boue sur leur passage tandis que la baie trottait avec énergie. La jument sembla appréciait cette accélération et prendre plaisir à parcourir le sentier la tête haute et les oreilles en avant. Lumi la guida à l'aide des rênes sur une boucle qui les amenait sur le chemin du retour, tout en suivant avec son corps le rythme de sa monture. Le chiot désormais plein d'énergie suite à cet agitation courait à toute allure devant, avant de revenir en arrière pour repartir de plus belle, achevant avec succès de recouvrir son pelage, auparavant beige, de boue. Songeant que la balade ne ferait pas totalement une heure si elle se terminait au trot, la jeune femme dirigea la baie sur un chemin alternatif qui rallongeait un peu leur itinéraire. Sous elle, elle sentait la jument ravie de se dépenser dans un contexte plus libre et ne voulait pas écourter ce plaisir. Alors elle trottèrent encore pendant vingt bonnes minutes, d'un rythme plus tranquille sur la fin, avant de repasser au pas pour les derniers kilomètres. Lumi flatta l'encolure de sa jument pour la féliciter de sa bonne conduite et elle profita des dernières minutes de balade pour laisser sa monture se remettre au calme.
Lorsqu'elle aperçut enfin les écuries, elle s'y dirigea lentement, puis s'arrêta devant la porte pour mettre pied à terre. Elle amena Soledane jusqu'à un abreuvoir extérieur et laissa la selle français se désaltérer tout en la gardant en main. Rose courut jusqu'à sa gamelle qui se trouvait non loin pour faire de même, puis elle se faufila dans l'écurie par la porte entrouverte. Lumi la suivit bientôt, menant sa jument à l'intérieur afin de la desseller et de lui offrir un pansage bien nécessaire.

--> Soins

Lumi & Emeraude

Lumi était confiante quant à la belle Emeraude. Si la jument avait été agitée sur le trajet jusqu'à sa nouvelle maison, elle s'était révélée d'un caractère très doux une fois habituée à sa nouvelle vie au domaine de Pandora Hills. Sa propriétaire pensait même qu'elle pourrait avoir une très belle relation avec la pie. Attachante et câlin, elle n'avait rien à voir avec la terreur qui avait débarqué ici il y a peu. Cependant, Lumi voulait la tester sur une activité calme pour cerner son comportement étrange du premier jour. Elle avait donc entrepris de seller la jument et l'emmenait désormais en balade. En sortant de l'écurie, elle vit Rose qui courait vers elles, impatiente de les accompagner. Mais Lumi ordonna au chiot de rentrer à la maison et, malgré sa queue basse, la golden s'exécuta avec résignation. La jeune femme ne voulait aucun élément perturbateur sur cette balade. De plus, Emeraude n'avait pas encore eu l'occasion de vraiment rencontrer la chienne et elle préférait que ce ne soit pas quand elle était sur son dos, en cas de mésentente.
Une fois prête à partir, Lumi se mit en selle et talonna Emeraude. La croisée se mit en marche sans rechigner, visiblement très obéissante. Pour cette première balade, Lumi avait choisi un itinéraire assez court, de moins d'une heure. Le sentier longeait les bois qui entouraient le domaine sans y pénétrer, avant de se terminer sur une ligne droite sur le bord de la route qui menait au portail principal par lequel elles reviendraient aux écuries. Sous la selle, la jument semblait être motivée par cette sortie. Elle avançait d'un pas énergique mais contenait son excitation. Ses oreilles étaient dirigées vers l'avant et elle regardait droit devant elle, suivant le chemin de terre. Malgré sa concentration et son envie d'avancer, elle était très attentive aux aides et ordres de sa cavalière, ce qui confortait Lumi sur son potentiel. Elle lui laissa donc assez de liberté au niveau des rênes, consciente que la jument ne partirait nulle part et était bien élevée. Le duo progressa donc à un bon rythme, Lumi suivant les mouvements de la jument pour garder son équilibre et profitant de cette balade agréable malgré le ciel gris et le temps froid de cette journée de mai.
Au premier croisement, la cavalière mena sa jument sur le chemin de gauche, se dirigeant progressivement vers la route. Elle n'avait rien à craindre de celle-ci. Le domaine était assez isolé et très peu de véhicules y circulaient à part le sien et celui d'Owen, et tout deux étaient évidemment prudents lorsqu'ils conduisaient près du domaine, autant dans l'éventualité d'une fugue d'un cheval que dans celle de Rose s'éloignant trop de la maison, même si le chiot avait très vite compris qu'elle avait des limites à ne pas franchir. C'est donc totalement détendue que Lumi fit s'engager Emeraude sur le bas-côté. Si l'espace entre la route goudronnée et la ligne d'arbre était assez restreint, il était néanmoins suffisamment large pour laisser passer un cheval sans trop de difficultés. La pie y avança donc sans problème, mais Lumi remarqua toutefois qu'elle avait quelque peu ralentit l'allure. Elle songea qu'elle avait probablement appris à être prudente lorsqu'elle passait sur une route. Elle ne s'en soucia donc pas plus que ça et se concentra de nouveau sur le chemin. Elles avaient encore une bonne vingtaine de minutes de marche avant d'atteindre le portail. Ce n'était pas la balade la plus agréable au niveau des paysages, mais elle avait pour avantage de rester à proximité de la maison et d'être rapide si l'on ne voulait pas s'aventurer dans une grande randonnée comme avec la plupart des chemins du domaine.
Environ à la moitié de la distance qu'il leur restait à parcourir, Lumi commença à entendre un bruit de moteur au loin. Sous elle, la jument commença à s'agiter. La jeune femme lui flatta l'encolure pour tenter de la calmer.
«Ce n'est rien, juste une voiture, tout va bien., souffla-t-elle à la pie.
Emeraude sembla se calmer, mais sa cavalière sentait que chaque muscle de la croisée était tendu. Elle s'était figée désormais, la tête en direction de l'origine du bruit. Lorsque Lumi tenta de la faire avancer de nouveau, elle ne broncha pas, comme si elle ne remarquait même plus la présence de sa cavalière. Si elle était plus à l'aise à l'arrêt lors d'un passage de véhicule, Lumi savait qu'il ne servait à rien d'insister. Elle décida donc d'attendre tranquillement que la voiture passe pour se remettre en marche, si cela pouvait rassurer sa monture. Bientôt elle vit le véhicule en question qui arrivait au loin. La voiture se décala et ralentit pour s'éloigner du duo et ne pas passer trop près. Emeraude était toujours figée.
Alors que le véhicule passait à leur niveau et que Lumi remerciait le conducteur d'un signe de la main pour sa considération, la jument bondit, secouant sa cavalière. Une seule main sur les rênes, celle-ci ne parvint à reprendre le contrôle et lorsque sa monture s'élança au grand galop sur la route, elle tenta de se cramponner.  
-DOUCEMENT !», hurla-t-elle, soudain prise de panique.
Si une autre voiture arrivait en face, la situation pourrait dégénérer très vite. Mais la jument ne l'entendait même plus. Elle galopait aussi vite qu'elle le pouvait, et bientôt elle accompagna son galop de ruades pour essayer de se débarrasser de ce poids sur son dos qui l'empêchait de fuir encore plus vite. Dans un ultime effort, Lumi tenta de se ressaisir des rênes et de tirer le plus fort possible pour tenter de ralentir la pie. En vain. C'est alors que, effrayée par un mouvement de la végétation sur le bas-côté, Emeraude fit un écart en bondissant. Lumi sentit ses pieds sortir des étriers et son corps quitter la selle immédiatement. Le sol s'approcha à une vitesse folle et elle heurta la route avec violence, tête la première. Sa vision se brouilla une seconde après le choc qui venait d'envoyer une vague de douleur dans tout son corps malgré sa bombe. La dernière chose dont la jeune femme eut conscience avant d'être engloutie par les ténèbres fut le bruit des sabots qui martelaient le sol à un rythme effréné en s'éloignant.

Owen & Orléans

Owen réajusta son épais manteau et resserra son écharpe. Si l'été avait été synonyme de canicule, l'hiver s'annonçait tout aussi extrême dans les températures négatives. Octobre touchait à sa fin et déjà le gel recouvrait la végétation. Le domaine fonctionnait au ralenti. Les chevaux -sauf quelques imperturbables comme Silven- restaient au box et profitaient de la chaleur de l'écurie. Rose ne se levait que rarement de son panier devant la cheminée pour accompagner ses maîtres dehors. La nuit tombait de plus en plus tôt et le jeune couple passait désormais ses soirées devant une série avec une boisson chaude. Owen aimait la quiétude de cette période de l'année. Il l'appréciait d'autant plus qu'il savait qu'elle serait de courte durée. D'ici quelques semaines Lumi donnerait naissance à leur tout premier enfant. S'ensuivraient les nuits courtes et tout ce qui accompagnait l'arrivée d'un bébé dans une famille. Puis le printemps apporterait aussi son lot de défis avec la mise bas de Soledane. Plus il y pensait, plus Owen savait que chaque minute de tranquillité lui était comptée désormais.
Le brun avait donc décidé de s'octroyer une sortie pour se détendre. Lumi faisait la sieste à la maison et il avait son téléphone à portée de main si elle avait besoin de quoi que ce soit. Il était donc allé chercher Orléans et avait sellé l'étalon dans le but de l'emmener en balade. Owen appréciait l'alezan. Sa force tranquille, sa robustesse et sa douceur en faisaient une monture des plus agréables et le jeune homme songeait de plus en plus à le "garder" pour lui. Il en avait parlé à sa compagne, qui avait assuré que ça ne la dérangeait pas, surtout qu'elle le trouvait un peu trop haut pour elle-même. Le brun avait donc presque pris sa décision.
Il se mit en selle et flatta l'encolure du selle français, avant de presser ses talons contre les flancs de l'animal. L'étalon se mit à avancer aussitôt. Owen affirma sa prise sur les rênes et dirigea sa monture sur un large chemin qui partait vers les champs en bordure du domaine. Si ces derniers n'appartenaient pas à Pandora Hills, le sentier qui les longeait était en revanche de leur côté de la clôture. Orléans avançait d'un pas régulier dans la direction indiquée par son cavalier. Les oreilles droites, le regard vers l'avant, l'alezan était détendu. Il progressait à grandes enjambées dues à la taille de ses jambes. Sur son dos, Owen suivait le rythme du corps du cheval et profitait du paysage tout en laissant son esprit vagabonder. Il savait qu'il ne risquait rien sur le dos du géant. C'était sans aucun doute le cheval le plus docile et prévisible de leur élevage, et le brun songea que si il n'avait pas été aussi haut et donc peu pratique dans ce but précis, il lui aurait accordé une confiance aveugle lorsque leur enfant aurait eu enfin l'âge de s'initier à l'équitation. Mais il leur faudrait certainement faire l'acquisition d'un poney pour cela.
Décidant de se recentrer sur le moment présent au lieu de réfléchir aux années à venir, Owen talonna doucement l'étalon, lui intimant d'accélérer. Orléans passa au trot sans rechigner. Le claquement régulier de ses sabots sur le sol gelé résonnait dans l'air glacial, seul bruit détectable à cette heure de la journée en cette saison. Owen se cala sur le rythme du trot, se levant à chaque foulée sur sa selle. Cet exercice permit au duo de se réchauffer un peu et bientôt de petits nuages de condensation s'élevèrent à chacune des expirations de l'alezan. Tandis qu'ils trottaient sur le chemin, les champs qui venaient d'apparaître à leur droite défilaient lentement, déserts. Plus rien n'y pousserait avant le début du printemps et un horizon plat s'étendait donc à perte de vue. Owen parvenait à peine à distinguer la ligne d'arbres qui marquaient la fin de la zone, perdue dans le brouillard qui s'accrochait à l'atmosphère depuis plusieurs jours. Il se concentra de nouveau sur sa posture et fit bifurquer l'étalon vers l'intérieur du domaine au croisement suivant, se détachant de la barrière.
Le duo décrivit un large cercle dans le bois, repassant parfois au pas quand le sentier devenait plus étroit ou tout simplement pour récupérer un peu leur souffle, puis le cavalier guida son cheval sur le chemin du retour. Orléans avait été exemplaire et continua à se comporter de la sorte jusqu'au moment où le brun descendit de son dos. Ce dernier félicita longuement le selle français et le ramena à l'intérieur, ou une bonne séance de pansage l'attendait avant son retour au box.

Balade printannière

Un grand soleil inondait le domaine de sa lumière dans un ciel bleu sans nuage. Malgré le temps, les températures restaient tout de même glaciales en ce début du mois de mars. Sortant de l'écurie, les rênes de Silven dans la main, Lumi scruta l'horizon. Rien ne lui faisait plus plaisir que l'arrivée du printemps. La jeune femme flatta Silven, qui commençait déjà à s'impatienter face à l'arrêt de sa propriétaire. Elle se remit donc en route, quittant la cour pour se diriger vers les bois. Une fois arrivée à la barrière marquant la fin de la cour, Lumi posa les rênes sur l'encolure de l'étalon et, s'y reprenant à plusieurs fois pour qu'il reste immobile plus de deux secondes, elle mit le pied à l'étrier et se hissa sur la selle. L'étalon s'ébroua, impatient de se mettre en route. Sa cavalière lui pressa doucement les flancs, sachant qu'elle ne devait pas y aller trop fort si elle ne voulait pas que le pie se lance au grand galop.
Silven prit un pas rapide, comme à son habitude, et ils entrèrent sous le couvert des arbres. Heureux de pouvoir sortir enfin dans un climat plus enclin, l'étalon agitait la tête à chaque pas, observant son environnement et exprimant son énergie. Lumi s'installa plus confortablement sur la selle et guida sa monture le long du sentier forestier, contenant les emportements de l'étalon. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas passé de moment privilégié avec Silven, et malgré son caractère, monter le paint avait manqué à la jeune femme. Ils marchèrent donc à un rythme qui se fit progressivement plus régulier. Les tâches de lumière dansaient sur la robe du cheval, la lumière passant encore facilement à travers les branches toujours dénudées. La végétation n'avait pas encore repris ses droits sur l'hiver, mais déjà quelques bourgeons sortaient de terre aux endroits les plus propices.
Le duo continua sa balade au pas. Silven semblait s'être détendu durant ce premier quart d'heure et il était passé à une allure plus traînante. Lumi lui laissa donc un peu plus de rênes pour le récompenser de son calme. Ils arrivèrent bientôt à une petite crique et suivirent le cours d'eau qui en émergeait pendant deux bons kilomètres. Lorsque Lumi aperçut une pente permettant d'accéder à l'eau, elle y mena Silven. L'étalon suivit ses ordres et elle le laissa s'abreuver longuement. Lorsque le pie fut désaltéré, sa cavalière lui fit faire un demi-tour et le ramena sur le sentier et ils reprirent leur balade. Songeant que le paint aimerait se dépenser un minimum, Lumi le talonna légèrement, le poussant au trot. L'étalon s'exécuta aussitôt, bien trop content de passer à l'allure supérieure. Il prit un trot régulier et bondissant et sa cavalière prit quelques secondes à se caler sur le rythme énergique de sa monture. Elle le rappela à l'ordre lorsqu'il commença à lancer les membres postérieurs, ne souhaitant aucunement faire un rodéo en pleine forêt, et Silven comprit la réprimande et se concentra de nouveau sur le chemin sans autre débordement.
Ils traversèrent tout le bois, alternant entre des passages au trot et au pas. Sur leur itinéraire, ils croisèrent un tronc tombé au milieu du chemin et Silven sauta agilement par-dessus, sa cavalière se tenant en équilibre sur son dos. Après cet obstacle, elle laissa le paint galoper un peu, sans aller dans les excès de vitesse. Restant au galop de travail, l'étalon martelait le sentier de terre de ses sabots et ils firent une bonne distance à cette allure. Ce n'est que lorsque les arbres se firent un peu plus éloignés, marquant bientôt la fin du bois, que Lumi tira progressivement sur les rênes pour faire ralentir sa monture, jusqu'à ce qu'il repasse au pas pour la fin de la promenade. Profitant des dernières minutes sur le dos de Silven, Lumi le guida sur le sentier ramenant aux écuries, l'étalon visiblement satisfait de cette heure d'activité puisqu'il était de nouveau calme et docile.
La jeune femme mit pied à terre devant la grande porte en bois, qui avait été entrouverte pour laisser l'air pur du printemps aérer le bâtiment. Puis, elle mena Silven jusqu'à la zone de pansage, où un nettoyage laborieux l'attendait.

Dans les bois

Le soleil de mai planait haut dans un ciel d'un bleu éclatant. Pas un nuage ne venait perturber ce tableau et les températures étaient douces, l'astre chauffant la terre. Le printemps toucherait bientôt à sa fin et partout sur le domaine la végétation avait repris ses droits. Des fleurs sauvages poussaient ça et là, l'herbe de plus en plus haute nécessiterait bientôt d'être tondue autour des installations. Un temps idéal et un cadre parfait pour une balade.
Lumi avait décidé d'emmener Vatican. Elle n'avait pas beaucoup monté l'étalon depuis son arrivée et savait qu'une balade leur ferait du bien. Le jeune selle français semblait du même avis lorsqu'il accueillit sa propriétaire avec un enthousiasme non dissimulé. Lumi lui passa un licol et le sortit de son box pour le mener à l'aire de préparation. Elle équipa le gris, y allant doucement lors du passage des sangles de la selle. Elle avait découvert au prix d'un petit coup de sabot la première fois qu'elle avait scellé le jeune qu'il était particulièrement chatouilleux au niveau du ventre. Tout se passa sans problème cette fois, et une fois le cheval prêt à partir, Lumi le détacha et saisit les rênes pour le guider hors de l'écurie. Tout en traversant la cour, la jeune femme siffla longuement. Presque aussitôt, Rose sortit de derrière un bâtiment pour accourir, sachant ce que cela signifiait. La chienne s'approcha la queue battante, impatiente de partir elle aussi en balade. Vatican avait eu l'occasion de s'habituer à la présence de la golden retriever, aussi ne réagit-il pas lorsqu'elle passa devant lui pour mener la marche. S'arrêtant près d'une barrière, Lumi s'en aida pour mettre le pied à l'étrier. La jeune femme se hissa sur la selle et, d'un claquement de langue accompagné d'une légère pression des jambes, elle fit avancer Vatican.
Ils s'engagèrent sur un sentier que Lumi connaissait désormais par cœur et qui était l'un de ses préférés. La boucle se faisait en une heure trente au pas et traversait les bois du domaine tout en longeant la rivière qui y passait. Ils contourneraient le parcours de cross avant de revenir vers les écuries sur un chemin parallèle. Le guidant à l'aide des rênes, Lumi fit avancer sa monture sur le sentier sinueux qui s'enfonçait parmi les arbres. Vatican marchait d'un pas décidé, visiblement heureux de sortir se promener. Rose faisait déjà des aller-retours quelques mètres devant eux, reniflant toutes les odeurs qu'elle pouvait détecter. Le claquement des sabots de l'étalon sur la terre sèche résonnait dans le bois, couvert par moment pas le gazouillis des oiseaux et le clapotis de la rivière plus loin sur leur droite. Lumi s'installa confortablement sur la selle, détendue, et laissa un peu plus de rênes au selle français. Elle commençait à bien connaître l'étalon et savait qu'il n'était pas du genre à s'emballer soudainement ou à l'embarquer. Elle lui faisait donc entièrement confiance là-dessus et pouvait le laisser profiter aussi de sa balade sans être constamment tendu au niveau de la bouche. La jeune femme lançait des regards alentours, observant le bois plus vivant que jamais en cette saison. Un écureuil passa furtivement sur un tronc, se dissimulant aux regards. Rose le vit, mais n'y porta pas plus attention que cela, trop concentrée sur un piste qu'elle avait commencé à suivre depuis quelques minutes déjà. Vatican semblait décontracté. La tête haute, les oreilles dressées et pointées vers l'avant, il observait son environnement et écoutait tous les sons qui lui parvenaient. Lumi reprit un peu la main pour le guider sur le bon chemin lorsqu'ils arrivèrent à une fourche, et le gris s'exécuta docilement, continuant d'avancer sur le même rythme. La rivière se rapprochait progressivement du chemin et, bientôt, Lumi put en discerner les reflets derrière les fougères. Le bruit sembla inquiéter momentanément Vatican mais lorsque Lumi lui flatta l'encolure pour le rassurer, l'étalon se détendit de nouveau et son pas hésitant se fit de nouveau régulier.
Après une bonne demi-heure de marche, Lumi décida de faire trotter un peu le jeune selle français. Elle le talonna légèrement et le gris accéléra le pas, avant de passer enfin à l'allure supérieure. Sa cavalière se cala sur son rythme, suivant ses mouvements, et ils progressèrent en un trot élégant et harmonieux. Rose, à l'énergie débordante et motivée par cette accélération, courait loin devant. Ils trottèrent pendant un bon quart d'heure, réduisant ainsi de la même durée leur parcours. Finalement, lorsque Vatican sembla montrer quelques signes de fatigue, Lumi saisit les rênes de nouveau et le fit ralentir afin de repasser au pas. La jeune femme profita d'une pente douce qui menait à la rivière pour y guider l'étalon afin qu'il puisse s'abreuver. Sous les encouragements de sa cavalière, Vatican descendit lentement vers le lit de la rivière et il s'y désaltéra longuement, la chienne à ses côtés faisant de même, haletante. Une fois rafraîchi, le petit groupe fit demi-tour pour rejoindre de nouveau le sentier et continuer la balade d'un rythme plus lent. Il ne leur restait qu'une grosse demi-heure à parcourir avant de terminer la boucle et Lumi profita donc de chaque minute. Ils avaient dépassé le terrain de cross tandis qu'ils trottaient et allaient bientôt bifurquer vers la droite. Ayant repris son pas régulier, Vatican avançait à une allure correcte, toujours aussi content de se dépenser.
Cependant, alors qu'ils parvenaient au petit pont qui passait par-dessus la rivière pour les ramener vers le domaine, le gris sembla ralentir. A la vue de l'obstacle qui les attendait, Lumi le sentait beaucoup moins confiant. Elle songea qu'il n'avait probablement jamais du traverser de pont auparavant et se demanda si il parviendrait à s'y engager. Hésitante, elle le talonna pour le faire accélérer un peu. Cependant, au lieu d'obéir comme d'habitude, Vatican s'arrêta net. Figé, le regard fixe vers la structure de bois, le gris ignorait totalement sa cavalière. Lumi soupira, puis sans insister plus longtemps, elle mit pied à terre. Saisissant les rênes d'une main, elle flatta l'encolure du gris de l'autre.
«Tout va bien, ça ne va pas te faire de mal, tu peux le faire., murmura-t-elle.
Puis, elle commença à avancer vers le pont, guidant le cheval. Vatican montra d'abord une légère résistance, refusant d'avancer. Puis, à force de mots rassurants et de caresses, il finit par faire un pas, puis un deuxième, puis par progresser lentement mais sûrement vers l'objet de sa peur. Déjà de l'autre côté de la rivière, Rose les observait d'un air confus, se demandant pourquoi ils mettaient aussi longtemps à la rejoindre. Pas après pas, Vatican avançait, ne lâchant pas le pont une seule seconde du regard. Une fois à sa hauteur, il lui fallut encore plusieurs minutes de négociation avec sa propriétaire pour qu'il ne pose un premier sabot sur le bois. Lumi le félicita, à voix basse cependant de crainte de le surprendre et de gâcher ses efforts en le faisant reculer. Il fallut dix minutes de plus au gris pour traverser. Une fois de l'autre côté, l'étalon fit un petit bond vers l'avant pour quitter cette zone effrayante et faillit embarquer la jeune femme. Elle avait cependant une bonne prise sur les rênes et ne lâcha pas. Elle caressa le chanfrein du selle français, le rassurant et le félicitant pour son courage.
-Tu vois ? Tout le monde va bien, ce n'est rien.», lâcha-t-elle.
La golden retriever, qui s'était allongée sur le chemin en les attendant, se redressa à leur arrivée et s'ébroua, impatiente de repartir. Trouvant une souche sur le bord du sentier, Lumi s'en servit comme tabouret pour remonter sur le dos de Vatican. Après une dernière petite tape amicale sur l'épaule de sa monture, elle pressa ses flancs de ses jambes afin de se remettre en route. Cette fois-ci, Vatican s'exécuta sans la moindre hésitation, bien trop soulagé de s'éloigner du pont. La dernière demi-heure de marche se fit sans autre évènement, et c'est en milieu d'après-midi qu'ils retrouvèrent les écuries. Comme à son habitude, Lumi se chargea de desseller l'étalon et de le panser tandis que Rose entamait une sieste bien méritée à l'ombre, dans l'herbe bordant la maison.

Galoper sous le vent

Lumi termina de seller Naughty Boy, puis elle le mena hors de l'écurie. Elle avait pour projet d'emmener l'étalon en balade, mais la jeune femme commençait à se lasser des bois du domaine. Lorsqu'elle mit le pied à l'étrier et après avoir saisi les rênes, elle pressa les flancs de sa monture et, au lieu de l'emmener vers le centre du domaine, traversa la cour au pas en direction de la sortie. Naughty Boy remonta à la même allure le chemin qui menait à la maison, vers le portail cette fois. Lumi avait repéré une large prairie sauvage depuis qu'ils étaient installés ici et cela faisait un moment déjà qu'elle avait en tête d'aller la parcourir. Pour s'y rendre, elle longea la route sur une centaine de mètres avant de la traverser et d'emprunter un sentier étroit qui descendait dans les champs. Naughty Boy était serein et marchait d'un pas sûr, appréciant cette sortie.
Pendant une dizaine de minutes, le duo resta sur le sentier, entouré de part et d'autre par des champs clôturés. Le soleil de juillet tapait sur la bombe de la cavalière, et elle songea qu'elle ne devrait pas trop s'éterniser sur cette balade sans la moindre zone d'ombre, pour son bien et celui de son cheval. Lorsqu'ils arrivèrent enfin à la fameuse prairie, Lumi stoppa Naughty Boy pour observer le paysage. La vaste étendue avait complétement fleuri et révélait un bouquet multicolore aux yeux de la jeune femme. L'endroit était magnifique en cette saison, et la végétation sauvage était luxuriante. Après ce court moment d'admiration, Lumi serra de nouveau les jambes pour faire avancer sa monture, le faisant quitter le chemin pour les hautes herbes.
Naughty Boy eut d'abord un peu de mal à progresser, puis il finit par s'habituer aux fleurs et brins d'herbe lui chatouillant le ventre et reprit un rythme normal. La prairie s'étendait à perte de vue, sans doute sur plusieurs kilomètres de nature inexploitée. Autour du duo, des insectes en tout genres virevoltaient de fleur en fleur, à la recherche de pollen ou d'un simple abri. L'un deux vrombit tout près de l'oreille de Lumi, qui secoua la tête avant de faire accélérer sa monture au trot pour ne pas trop s'attarder et importuner les bêtes. Le bai prit un trot léger et régulier, la tête haute. Il fouettait l'air de sa queue et secouait la tête à répétition, tentant de chasser les nombreuses mouches qui le harassaient continuellement. Cependant, il restait bravement à l'écoute de sa propriétaire malgré ces inconvénients. Au bout d'un bon kilomètre au trot et s'enfonçant toujours plus dans la prairie, Lumi sentit le selle français s'agiter, et il renâcla. Pensant qu'il souhaitait accélérer, elle le talonna. Naughty Boy bondit presque immédiatement en avant, prenant un galop rapide. Sur la selle, la jeune femme affermit sa posture et suivit le mouvement de sa monture. Le vent de face soufflait sur le duo qui progressait à larges foulées bondissantes. Un sourire brisa le visage sérieux de Lumi, alors qu'elle profitait de ce moment de totale liberté. Les sabots du bai martelant le sol, les fleurs ondulant sur leur passage, le vent agitant les cheveux et crins du duo, le monde défilant à une allure folle sur les côtés, cette course avait quelque chose d'enivrant. Lumi laissa un peu plus de rênes à Naughty Boy, qui profita d'avoir la main pour accélérer encore un peu.
Lorsque la cavalière fit finalement ralentir le bai, ses flancs se soulevaient rapidement. Ils étaient allés plus loin que prévu mais pouvaient encore rentrer avant d'avoir trop chaud si ils gardaient un rythme régulier. Lumi tapota l'encolure de son cheval. Ce galop lui avait fait du bien, et à l'étalon aussi, qui s'était bien défoulé. Cependant, ce dernier ne cessait d'agiter la tête et de taper du pied, comme si quelque chose le perturbait. La jeune femme songea qu'il s'agissait probablement des mouches, qui avaient bondi de nouveau sur l'équidé au moment même où il avait ralenti. Elle fit faire demi-tour au selle français et, au pas cette fois, entreprit de prendre le chemin du retour. Il leur fallut une bonne demi-heure pour atteindre de nouveau la route, se limitant à l'allure la plus lente pour que le bai récupère son énergie. Une dizaine de minutes supplémentaire furent nécessaires pour atteindre l'écurie. Lumi mit pied à terre devant la porte et mena Naughty Boy vers la douche, où elle pourrait le rafraichir après cette balade bien fatiguante.

Soigner les petits maux -->

Passer devant l'objectif

L'impatience habitait Lumi depuis qu'elle s'était levée ce matin. Elle avait ouvert les rideaux et vu avec soulagement que le ciel était bien clair, annonçant une journée chaude et ensoleillée. Toute la matinée, la jeune femme avait tourné dans les écuries, enchaînant les petites tâches pour l'occuper. Elle était rentrée pour faire à manger et s'occuper un peu d'Ellie, puis à treize heures trente elle était allée se préparer. Aujourd'hui, Soledane et Higher than Hope allaient passer devant l'objectif d'une photographe professionnelle et Lumi avait déjà hâte de voir le résultat avant même de réaliser la séance. La photographe arriverait dans trente minutes seulement, mais la propriétaire du domaine tenait à ce que les stars du jour soient impeccables. Malgré le fait qu'elle ait déjà pansé la jument ce matin, elle redonna un coup de brosse à Soledane et se contenta de frotter Higher than Hope avec une serviette, n'ayant toujours pas désensibilisé le poulain au pansage. Heureusement, le temps sec de ces derniers mois avait empêché au petit bai de trop se salir et seule une fine couche de terre et de poussière recouvrait sa robe.
La jeune femme passa un licol à Soledane, puis la mena hors de son box. Son poulain la suivait, collé aux flancs de la jument. Le trio sortit de l'écurie et Lumi attendit dans la cour l'arrivée imminente de la photographe. Cette dernière fit irruption au bout de seulement quelques minutes. Elle se gara près du van du domaine et descendit de son véhicule.
«Bonjour ! Marion, photographe équine. Contente de vous recontrer., lança une femme à la chevelure d'ébène.
Lumi la salua de sa main libre avant de lui répondre.
-Bonjour ! Lumi, éleveuse et propriétaire des lieux. Et voici Soledane et le jeune Higher than Hope., dit-elle en désignant les deux équidés d'un geste du menton.
Marion s'approcha de la jument et, après avoir demandé l'autorisation d'un regard à Lumi, elle avança sa main. La baie renifla l'inconnue et réclama aussitôt des caresses. La photographe lui flatta l'encolure, avant de se détourner d'elle et de s'accroupir devant le poulain. Higher than Hope, comme à son habitude, ne s'approcha pas et se contenta d'observer la brune, immobile.
-Il est craintif ? Quel âge a-t-il ?, demanda Marion.
-Non, juste très sage. Et il va sur ses cinq mois déjà., répondit la jeune femme.
La brune se redressa et fit signe à Lumi de commencer à avancer vers le lieu de la séance. Celle-ci s'exécuta tandis que la photographe prenait son sac à l'arrière de sa voiture. Toutes deux marchèrent côte à côte, se dirigeant vers le bois. Juste à l'orée, de grands buissons d'hortensia en fleur créaient une ligne colorée qui donnerait un effet sublime aux photos. La photographe confirma les pensées de Lumi en arrivant sur place, expliquant que l'ombre des arbres derrière permettrait d'isoler les sujets et les fleurs dans la composition de la photo. Lumi perdit le fil de la conversation lorsque la brune commença à utiliser des termes techniques comme l'ouverture et la balance des blancs. Une fois au milieu des hortensias, Marion donna ses indications à Lumi, la guidant sur le placement de Soledane et celui d'Higher than Hope, qui fut plus compliqué comme le petit semblait aimanté à sa mère. Elles parvinrent cependant à force de caresses et de petits morceaux de pomme à le faire s'éloigner d'un seul pas afin qu'il ne soit pas complètement collé à la jument. Une fois les modèles en place, Lumi retira le licol de Soledane et se recula, laissant Marion faire son travail. Le déclenchement de l'appareil fit pivoter les oreilles des deux équidés, attentifs à ce bruit étrange, et le poulain sembla se prêter au jeu et regarder l'objectif. La photographe mitrailla le duo et Lumi compta une vingtaine de photos pour cette pose seulement. Puis, suivant de nouveau les ordres, elle déplaça la jument qui, docile, la suivit sans avoir besoin de remettre le licol. Pose après pose, endroit après endroit, ils enchaînèrent pendant une bonne demi-heure. Ils s'enfoncèrent également dans le bois pour prendre des photos plus neutres que celles dans les fleurs éclatantes, et petit à petit les chevaux eurent des attitudes plus naturelles face à l'objectif, ce qui sembla ravir la brune.
-Bien, on va faire une petite pause pour les laisser respirer un peu., annonça Marion en se redressant.
Lumi acquiesça et amena le seau d'eau fraîche qu'elle avait disposé là avant la séance. Soledane se désaltéra, tandis que sa propriétaire se dirigeait vers le poulain. Higher than Hope semblait plus détendu et à l'aise désormais, et il acceptait même que sa mère s'éloigne un peu plus de lui. Lumi se mit à son niveau et le petit s'approcha d'elle avant de la laisser le caresser. La jeune femme sourit, heureuse de voir qu'il commençait enfin à se montrer plus extraverti. Elle grattouilla le chanfrein du petit bai pendant toute la pause, tout en faisant le point avec la photographe. Une fois le seau d'eau vide, la séance put reprendre. Pendant une autre demi-heure, Marion continua de mitrailler avec son appareil.
Au final, la séance se termina après une vingtaine de séries dans cinq endroits différents du domaine. Lumi remit le licol de Soledane, n'oubliant pas au passage de féliciter longuement la jument pour son comportement exemplaire. Puis le groupe marcha vers les écuries. Lumi remit les chevaux dans leur box avant de retourner auprès de Marion.
-Encore merci pour votre travail, j'ai hâte de voir le résultat !, dit-elle à la brune en arrivant à sa hauteur.
-Merci à vous pour votre confiance. Et pour ces magnifiques modèles ! Je vous enverra un mail lorsque j'aurais fini de trier les clichés afin de faire votre choix pour le post-traitement. En attendant, je vous souhaite une bonne fin de journée !», répondit Marion.
Les deux femmes se saluèrent et, après avoir raccompagné la photographe à sa voiture, Lumi rentra à la maison, heureuse du déroulement de cette séance et encore plus impatiente qu'auparavant.