Chevaux de Mad

Un concours a lieu bientôt au haras et j'ai décidé d'y participer avec Ima Bonus, ma jeune jument. Cela sera une très bonne expérience pour elle, et j'aurai l'occasion de découvrir son attitude en concours. Je la brosse de fond en comble le matin du concours, puis je la pionte et lui fais une tresse de queue. Je dois faire attention à ne pas recevoir de morsure ni de coup de sabot, mais Bonus semble d'humeur calme et ne bouge pas trop. Je pars ensuite vers la carrière pour la reconnaissance du parcours.

Il s'agit d'un petit concours club 3, rien de bien méchant pour initier la grise. On commence directement par une ligne droite de deux verticaux pas bien méchants, puis un tournant à gauche et une ligne courbe à gauche d'un oxer et d'un vertical. On enchaîne sur une courbe à droite avec un vertical, puis après une autre ligne courbe à droite un double composé d'un vertical puis d'un oxer. De nouveau une courbe à droite, une ligne composée d'un vertical un peu plus haut que le reste avec un soubassement, un oxer puis en ligne courbe à gauche un autre oxer. On finit par une courbe à droite avec deux verticaux. Le parcours n'a pas l'air bien complexe, malgré quelques tournants un peu serrés, surtout si on décide de prendre les options. Je passe dans les 10 premières alors je repars directement au domaine pour préparer ma jument.

Une fois ma jument sellée, je la guide vers la carrière de détente. Je la fais marcher à pied le long de l'allée située à côté de la carrière pour la détendre un peu avant de lui monter dessus, puis je me mets en selle. Plusieurs cavaliers sont déjà en train de détendre leur monture dans le lieu de travail. Je passe en huitième, donc j'ai encore un peu de temps. Je laisse ma monture marcher dix bonnes minutes, puis je la détends rapidement au trot puis au galop. Je vérifie que la jument soit bien à mon écoute et travaille sur quelques cercles et transitions mais j'évite de trop la fatiguer avant l'effort. Bonus semble particulièrement réactive, et l'ambiance du concours semble la rendre d'autant plus agréable sous la selle. Bientôt les premiers commencent à passer et j'installe la grise au galop pour la détendre sur quelques petits obstacles prévus à cet effet. Je passe une fois un vertical à chaque main, sans rencontrer de souci, puis je passe une fois un oxer à chaque main. Bonus s'applique bien et je la guide du mieux que je peux. Je la flatte chaleureusement, puis la laisse marcher quelques minutes avant de sortir de la carrière de détente: c'est bientôt notre tour. Je regarde le passage de la cavalière avant moi, qui monte un petit cheval bai, avant d'entrer dans la carrière, me remémorant une dernière fois le parcours.

Je me présente au jury, puis installe Bonus au trot sur un cercle. Je la sens déjà chauffer, et j'essaye de la calmer en me relaxant moi aussi. Cela semble plutôt bien marcher. Je l'installe ensuite au galop. L'allure de la grise est un peu précipitée au début mais je parviens à la canaliser et à former un cercle de 20 mètres correct. A la sortie du cercle je me mets en suspension et laisse la jument accélérer, tout en regardant mon premier obstacle. Je fais attention à ne pas laisser ma monture se précipiter et la rééquilibre soigneusement devant le premier vertical, passé sans aucune difficulté. Je reste en suspension quelques foulées après la réception puis rééquilibre une seconde fois Bonus, en préparant une réception à gauche, même si je sais que les réceptions à juste n'ont jamais été le fort de ma jument. Miracle, nous sautons correctement le vertical et la jument repart au galop à gauche. Je laisse la grise accélérer un peu dans la courbe avant de la redresser devant l'oxer, en regardant déjà le vertical qui vient après. Nous sautons correctement l'oxer et après un tournant que je dessine le mieux possible, je redresse Bonus et prépare une réception à droite.

Malheureusement je n'ai pas autant de chance cette fois-ci et la jument se réceptionne à faux. Je continue sur mon tournant à droite en repassant tant bien que mal Bonus au trot. Je lui demande le galop dans la courbe et la grise part énergiquement. Je parviens à aborder le vertical correctement. Je relance la jument à la réception et continue ma courbe à droite pour aborder le double. Nous passons relativement bien le double, même si nous étions un peu de travers. Je n'ai pas préparé la réception, mais heureusement Bonus s'est réceptionnée à juste. Je la relance sur la courbe à droite pour aborder le vertical avec soubassement. Ma jument regarde un peu l'obstacle et je lui relève la tête en l'encourageant d'une pression de mollets. Malgré une foulée un peu bizarre avant le saut, nous passons cet obstacle correctement. Je relance ma monture pour aborder l'oxer mais malheureusement, nous sommes parties d'un peu trop loin et Bonus a fait une barre. Je reste néanmoins concentrée sur mon prochain obstacle, un oxer précédé d'une courbe à gauche, que nous passons bien. A la réception je constate que je suis à faux car je n'ai pas préparé ma réception. Je suis donc obligée de repasser au trot avant d'aborder les deux obstacles finaux. Les deux derniers verticaux ne posent aucun problème, et à la réception du dernier obstacle je ralentis un peu le galop pour former un cercle de 20 mètres. Dès que j'ai fini je sors de la carrière. Je suis un peu déçue d'avoir fait une barre, mais c'était le tout premier concours de ma jument et elle s'est montrée exemplaire. Je la flatte et la fais marcher longuement dans la carrière de détente.

Je mets enfin pied à terre une fois que je suis retournée à mon domaine, et prends bien soin de ma jument pour la féliciter de ce premier concours. Dès que j'ai fini je décide de regarder les passages des autres en attendant la remise des prix. Plusieurs cavaliers passent, avant qu'un couple ne retienne particulièrement mon attention. La cavalière est sur le dos d'une jument alezanne brûlée, Marquise je crois. L'humaine comme la jument semblent confiantes, je suppose qu'elles n'en sont pas à leur coup d'essai. Leur passage est remarquable. Je ne peux pas m'empêcher de remarquer la franchise et le coup de saut de la jument. Elle est à la fois rapide, maniable et agile, par conséquent la cavalière peut se permettre de prendre toutes les options. Leur parcours se passe dans la fluidité et l'harmonie, malgré quelques obstacles pris d'un peu loin. Cela ne semble cependant pas gêner l'équidé, qui saute tout aussi facilement les obstacles. Le couple finit avec un sans-faute, et un très bon temps.

Après quelques derniers passages et un peu d'attente, voici enfin la remise des prix. Sans trop de surprise, la cavalière qui montait l'alezanne tout à l'heure remporte le premier prix. De mon côté, je n'arrive que vingtième car malgré un plutôt bon temps permis par les allures rapides et les longues foulées de la grise, j'ai fait une barre. Je suis tout de même satisfaite de ce concours, qui a été très enrichissant.

Ce matin une monitrice m'a proposée de sortir Marquise en saut. Sa cavalière montait maintenant un autre cheval et cela faisait longtemps que l'alezanne n'avait plus sauté. La jument m'avait déjà tapée dans l’œil lors d'un précédent concours, et c'est avec joie que j'ai accepté. Je me dirige donc vers les écuries de commerce et me note sur la fiche des visites. J'arrive devant le box de la concernée et claque plusieurs fois de la langue pour la prévenir.
Ses petits yeux expressifs me regardent avec curiosité tandis que je la salue de quelques caresses amicales sur l'encolure. Après que les présentations soient faites, je sors la croisée de son box et la prépare soigneusement. J'ai pris un peu d'avance pour être sûre de ne pas arriver en retard au rendez-vous d'une de mes amies, qui m'aidera à mettre en place les barres. Une fois que la jument est prête, j'enfile ma bombe et mes bottes puis me dirige vers la carrière.

Sur place, je salue mon amie et fais marcher un peu Marquise en main, tout en discutant de la séance à venir et de la disposition des obstacles avec la cavalière. Nous nous mettons d'accord sur une ligne droite que nous monterons progressivement. Cela me permettra à la fois d'améliorer ma position, et de découvrir la jument tranquillement. Je me place à côté d'un plot et me mets en selle, avant de régler rapidement mes étriers. Je laisse la jument marcher à sa guise dans la carrière en restant tout de même vigilante aux deux autres chevaux en train de travailler dans ce lieu de travail. Dès que la jument semble s'être un peu échauffée au pas je l'installe au trot pour la faire trotter trois ou quatre tours tranquillement. Les foulées de Marquises sont étonnamment longues et aériennes. Cela la rend très agréable! Dès que l'alezanne s'est échauffée je reprends les rênes et demande quelques tournants et lignes droites. La croisée tourne bien, pas de problème là-dessus. J'en profite pour demander un peu d'incurvation dans les courbes, tant qu'à faire. Je demande ensuite quelques transitions pour m'assurer de sa réactivité. Mon amie a fini d'installer la ligne, composée de quatre barres au sol écartées. Je décide de passer une fois la ligne au trot, pour la montrer à la jument. Je dessine du mieux que je peux pour me retrouver droite et au milieu. L'alezanne passe la ligne sans hésitation et en allant bien droit, ce qui est admirable pour une jeune jument. Pour finir la détente, je laisse la jument galoper un peu à chaque main, en demandant quelques cercles et quelques transitions par la même occasion. Il ne s'agit pas de la fatiguer.

Je commence la séance à proprement parler en passant la ligne de barres au sol au galop. Barre, une foulée, barre, une foulée, barre, deux foulées, barre. Les foulées de Marquise sont assez aériennes et je n'ai aucun mal à adopter la bonne allure pour passer les barres. Je refais un passage à l'autre main, pour être sûre. Puis mon amie transforme le dernier obstacle en croisillon. J'aborde de nouveau la ligne. Le croisillon me forcera à rester centrée, bien que je n'ai pas ce souci-là avec l'alezanne. De nouveau nous effectuons un bon contrat de foulées, et la jument franchit aisément le croisillon, avec un saut léger et souple. Je la flatte et regarde la fille à pied transformer le premier obstacle en petit vertical de 50 cm. Je change de main et passe de nouveau la ligne. Pour l'instant nul besoin de beaucoup avancer, je me contente de me redresser légèrement devant le vertical, gardant tout mon poids dans mes talons. Marquise effectue un beau saut et nous continuons la ligne sans encombre. La jument semble très habile! Mon amie installe cette fois un oxer de 60 cm à la place du dernier obstacle. Je change de main et franchis une fois de plus la ligne sans souci. Marquise ne semble pas vouloir m'embarquer devant l'oxer et celui-ci ne semble être qu'une formalité. Cette fois c'est un vertical de 70 cm qui est installé à la place du deuxième obstacle, et un oxer de la même hauteur à la place du dernier. Je fais plus avancer ma monture dans le tournant pour lui donner l'élan nécessaire, puis me redresse devant le premier vertical. Nous le passons aisément, et je me redresse assez vite après la réception pour préparer le second vertical. Marquise le saute tout aussi aisément et nous continuons avec l'oxer. L'alezanne l'aborde avec un calme remarquable, restant bien dans le contrat de foulées. L'oxer est passé sans problème. Je flatte Marquise et la laisse récupérer quelques minutes avant de passer à des hauteurs plus conséquentes.

Sur la ligne est installé un vertical de 80 cm à la place du troisième obstacle, et le dernier oxer est monté à 90. Après avoir laissé la jument reprendre son souffle, je l'installe au galop, en prenant assez d'élan, et me redresse devant le petit vertical. Pas de souci pour l'instant. Une foulée, deuxième vertical. Tout se passe bien. Une foulée, troisième vertical. Saut un peu plus conséquent, je soigne particulièrement la réception en restant en équilibre et en me redressant pour préparer l'oxer. Marquise enchaîne sur un magnifique bond par-dessus l'oxer, sans la moindre hésitation et avec le plus grand des calmes. D'une certaine manière elle me rappelle Ebrose. Je la flatte, puis c'est au tour de mon amie de monter encore les hauteurs. Elle monte le premier vertical à 60 cm, le second à 80 cm, le troisième à 90 cm et l'oxer à 1 m. Je change de main pour aborder cette nouvelle ligne. Comme la fois précédente, tout se passe bien. De plus cet exercice me force à beaucoup suivre mes sauts et bien me redresser à la réception. Nous montons encore les hauteurs des deux derniers obstacles, faisant passer le troisième à 1 m et l'oxer à 1 m 10. Cette ligne semble poser un peu plus de challenge à ma monture. Je la sens déployer sa force sur les deux derniers obstacles, ce qui est assez impressionnant. Le tout, bien sûr, avec une confiance et une franchise impressionnantes. Ma monture commence à fatiguer, alors nous décidons de rajouter un seul passage de plus, en montant le dernier oxer de seulement 5 cm. Ce sera déjà très bien pour aujourd'hui. Je conduis une dernière fois l'alezanne vers la ligne, que nous passons sans rien faire tomber. Je sens la joie de la jument alors qu'elle aborde ce dernier obstacle. Ses oreilles restent pointées en avant et son saut déborde d'énergie et de franchise, malgré sa fatigue. Dès que nous avons fini je laisse la croisée trotter avec les rênes longues en la flattant, pour qu'elle récupère. C'était une très bonne séance, et j'apprécie beaucoup ma monture du jour. Après l'avoir faite trotter pendant au moins cinq minutes, je la laisse marcher pendant dix minutes avant de quitter la carrière.

Je rentre aux écuries de commerce, contente. Je bichonne la jument pendant une petite heure; je la douche, la fais sécher au solarium, la brosse, la nourris, et lui permets même de brouter quelques minutes. L'alezanne me plaît beaucoup, j'espère avoir l'occasion de la remonter encore une fois!

Je suis en train de manger au clubhouse, comme à mon habitude. Tout se déroule conformément à ma routine du midi, jusqu'à ce que deux cavalières n'entrent dans le lieu. Elles se penchent sur le cahier où sont inscrits les noms de leurs montures.

- Tu montes qui?
- Encore Utopie... C'est la troisième fois de suite!
- Ah ma pauvre... Elle ne sait vraiment rien faire, cette jument!
- Et encore, c'est rien de le dire. Mercredi on a fait dressage, et je n'ai rien pu en tirer! On a fait des serpentines avec des transitions trot-galop, je n'arrivais jamais à repasser au trot au bon moment!

[FLASHBACK]
La cavalière détend la Knabstrup au trot, elle travaille sur des cercles en essayant désespérément de l'incurver correctement. Utopie ne comprend pas ce qui est attendu d'elle, et coupe son cercle en allongeant. La cavalière insiste encore plus et se fâche un peu. La Knabstrup accélère brutalement au galop, surprise. La cavalière la repasse avec difficulté au trot puis travaille sur un cercle à l'autre main, en veillant cette fois à modérer l'allure de la jument. La cavalière continue de travailler sur des cercles pendant toute sa détente, et elle parvient finalement à obtenir de l'incurvation aux deux mains, bien que ce soit encore trop timide à main droite, main où la tachetée est moins à l'aise.
Puis vient la détente au galop. La cavalière ne parvient pas à faire garder à sa monture un galop constant, tantôt le galop est trop rapide pour faire quoi que ce soit, tantôt la jument repasse au trot. Il arrive qu'elle obtienne un galop de travail, elle essaye alors de dessiner un cercle mais ne parvient pas à tourner et garder un galop de travail en même temps.

C'est la fin de la détente, les cavaliers laissent souffler leurs chevaux et la monitrice montre la serpentine à réaliser. Les cavaliers doivent passer dans des plots entre chaque boucle, et tourner le plus court possible. Les couples s'organisent en file, et passent une fois la serpentine au pas pour repérer le tracé. La cavalière d'Utopie parvient à réaliser l'exercice en incurvant la jument, et ne s'en sort pas trop mal. Mais tout se complique quand la monitrice demande aux cavaliers de passer individuellement au trot. Utopie se montre très raide, et si le tracé est plutôt bon, cela manque cruellement d'incurvation et l'allure de la tachetée est irrégulière. La cavalière d'Utopie recommence au moins quatre fois ce même exercice, tandis que les autres cavaliers répètent cet exercice en chassant les hanches.
Puis la monitrice demande à ses élèves de recommencer cet exercice au galop, en repassant au trot pendant quelques foulées entre les plots à chaque fois pour changer de pied. La pauvre Utopie n'arrive décidément pas à tourner à cette allure, et sa cavalière doit réadapter l'exercice en agrandissant les boucles. Mais même en réadaptant, Utopie ne garde pas une allure régulière, ses départs sont précipités, parfois à faux, et la Knabstrup tourne très brusquement. Sa cavalière est également obligée d'anticiper longtemps à l'avance sa transition au trot, et même malgré ça il lui arrive de ne pas pouvoir repasser au trot au bon moment.
C'est la fin de la séance, la cavalière laisse souffler la pauvre Knabstrup puis met pied à terre.
[FIN]

- Je demanderai à la monitrice de ne plus la monter la semaine prochaine! Bon, on va préparer nos chevaux?

Sur ces mots, les deux cavalières s'en vont. J'ai écouté avec intérêt leur discussion, Utopie n'est pas un nom qui m'est familier, la jument doit être nouvelle dans le club. Une fois que j'ai fini mon repas je range mes affaires et pars vers mon domaine.

Je prépare Olena rapidement et efficacement, pour ne pas trop faire attendre sa propriétaire, Mad. La baie a été un amour jusqu'à présent, et elle me plaît beaucoup. J'espère avoir la possibilité de la prendre en DP. Je prends le chemin que Mad m'a montré pour accéder à la carrière, et la salue dès que j'arrive.

Je m'arrête non loin d'elle, et après qu'elle ait parcouru du regard la façon dont j'avais mis l'équipement, elle me fait un petit signe de tête, m'indiquant que je peux monter. Je descends donc les étriers et resserre la sangle, puis je me mets en selle. Olena reste sagement arrêtée pendant que je règle mes étriers. Mad me demande de détendre au pas, alors je donne un petit coup de talon à la baie, qui s'installe activement à l'allure demandée. Je marche sur un bout de piste improvisé, et effectue quelques doublés, diagonales et cercles de temps en temps. J'essaye également d'incurver la jument sur des cercles, mais je ne pense pas bien réussir car la jument coupe un peu.

-Ne t'inquiète pas trop si tu n'arrives pas à bien l'incurver tout de suite, Olena a tendance à être assez raide.

Puis Mad me demande de détendre au trot. Je reste sur ma piste inventée et demande le trot d'un autre coup de talon. La baie sursaute un peu et prend un trot rapide. La propriétaire me conseille d'essayer de rendre mes aides plus subtiles, en utilisant des pressions de mollet au lieu de coups de talons. Je me redresse et tire un peu sur les rênes pour reprendre un trot modéré, puis je trace une diagonale et demande une transition au pas. Je tente de mettre en application ce que Mad m'a conseillé, et cette fois-ci Olena part à une allure de travail, sans sursauter. Je continue de tracer des cercles, des doublés et des diagonales, slalomant occasionnellement entre des obstacles en étant toujours vigilante à rester sur le bon diagonal. J'effectue régulièrement des transitions au pas et à l'arrêt, en essayant de continuer d'employer des pressions de mollets à la place de coups de talons. Ce n'est pas évident, mais je sens que je m'améliore.

-C'est bien mieux pour les pressions de mollets! Tu peux repasser au pas et vérifier la sangle, ensuite tu vas galoper quelques tours.

Je fais ce que Mad me dit, et repasse à l'allure voulue. J'avance ma jambe pour resserrer la sangle d'un trou, puis laisse la jument marcher partout. Dès que la propriétaire me donne son signal, j'installe la baie au trot à main gauche, puis demande le galop. Malheureusement j'ai mal dû formuler ma demande car Olena part à faux. Je repasse au trot et la fais partir dans un coin. La Morgan est partie à juste cette fois. Je galope un tour de ma piste imaginaire, puis dessine un grand cercle en veillant à garder de l'impulsion. Après quelques tours, je repasse au trot et change de main par un doublé. Je demande le galop à droite, et cette fois la jument part à juste. De nouveau j'enchaîne quelques tours entrecoupés d'un ou deux cercles, et d'un ou deux doublés.

-Tu peux repasser au pas et la faire souffler deux minutes. Je vais te faire sauter un petit croisillon, qu'en dis-tu?

Je repasse au pas et hoche la tête avec excitation. Je n'ai pas souvent eu l'occasion de sauter des barres, mais j'apprécie beaucoup cela. La propriétaire s'approche d'un obstacle déjà existant, un petit oxer, et le transforme en petite croix. Puis elle me demande de la passer au trot. J'installe Olena dans un trot actif et m'applique sur ma trajectoire, même si j'ai l'impression d'être un peu trop à gauche. J'attends mon saut avant de me mettre en équilibre tandis que la baie enjambe la croix. Mad me conseille de bien tendre mes deux rênes pour tourner, et de plus utiliser ma rêne extérieure. Je reviens sur l'obstacle au trot actif, et dessine au mieux ma courbe en me servant de mes deux rênes. Je suis un peu de biais cette fois. Je repasse cet obstacle encore deux fois, avant que Mad ne monte la hauteur de deux trous. Je passe l'obstacle au trot actif, mettant en pratique les conseils de la propriétaire, et cette fois au lieu d'enjamber l'obstacle Olena effectue un petit saut, tandis que je la suis en me mettant en équilibre. Elle se réceptionne au galop, et je la repasse alors au trot. Je flatte la jument, et sa propriétaire me demande de la laisser souffler quelques minutes au pas. Dès que j'ai fini, je mets pied à terre et nous rentrons ensemble au domaine.

Pour finir cette journée, je vais monter Kuroi, le premier poulain d'Ebrose. Le petit a apparemment tout hérité de son père: sa morphologie, sa robe, mais aussi son caractère. J'avais confié son débourrage à une cavalière du haras, qui m'avait informée du calme et du sérieux étonnants du poulain. Enthousiaste, je prépare donc le Tennessee Walking avec soin. Celui-ci reste stoïque tout le long, il semble un peu méfiant car c'est souvent quelqu'un d'autre qui s'occupe de lui. Dès que j'ai fini je l'emmène vers la carrière afin d'entamer une courte séance de dressage.

Bien que la température soit en train de baisser, il fait tout de même très chaud, c'est pourquoi je ne vais pas forcer sur le temps de monte. Je ne voudrais pas totalement épuiser le jeune cheval, d'autant plus qu'il n'est pas encore bien habitué au port du cavalier. Kuroi me suit très sagement jusqu'à côté d'un plot, dont je compte me servir comme montoir. Je resserre la sangle d'un trou, puis descends mes deux étriers et me mets en selle. Le noiraud ne bouge pas, et je le flatte. J'ajuste mes rênes, au cas où, et serre les mollets pour installer ma monture au pas. Kuroi réagit immédiatement et prend une allure rapide, mais pas précipitée. Cependant son attitude est très haute et il se "casse" en essayant d'allonger. Je suis néanmoins admirative du sérieux de l'équidé. Je le flatte et joue un peu dans mes doigts pour qu'il ralentisse l'allure. L'effet est immédiat; j'obtiens une allure plus modérée. Je pense essentiellement travailler au pas aujourd'hui, à cause de la chaleur. Je demande donc quelques tournants aux deux mains, ainsi que des lignes droites. Kuroi n'a pas encore une trajectoire très précise, ce qui est normal pour son âge, et a tendance à se décaler soit d'un côté, soit de l'autre. C'est en particulier notable sur les lignes droites. Je continue mes doublés, diagonales et cercles aux deux mains. Je ne demande pas encore d'incurvation, cela viendra après. J'essaye d'encadrer un peu plus le cheval avec mon couloir de rênes et mes jambes pour qu'il soit un peu moins "perdu". Les résultats obtenus s'améliorent effectivement, et je n'oublie pas de flatter ma monture dès qu'elle fait bien quelque chose. Au bout d'un quart d'heure de pas, je décide de travailler les transitions. Je demande tout d'abord un arrêt. Ma demande a du être trop brutale, car le noiraud se débat un peu avant de s'arrêter. Je le flatte et demande le pas, pour redemander un arrêt quelques mètres plus loin, en allégeant ma demande. Je constate avec satisfaction que le Tennessee Walking ne se débat pas. Je le félicite puis demande cette fois le trot. Une nouvelle fois Kuroi part dans une allure rapide sans être précipitée. Il me rappelle son père. Je joue légèrement dans mes doigts pour obtenir plus ou moins un trot de travail. Je ne me risque pas encore aux figures de manège et me contente de suivre la piste pendant un tour. Puis je repasse au pas et change de main. Je fais trotter l'entier un tour à l'autre main, avant de laisser Kuroi souffler au pas. Je ne compte pas plus insister car la chaleur est écrasante. De plus cette première séance m'a au moins permis de cerner le caractère du cheval. Je suis agréablement surprise par celui-ci, et je ne pense pas avoir de mal à former le noiraud à toutes sortes de disciplines. Au bout de trois minutes de marche, je demande l'arrêt, puis mets pied à terre.

Kuroi me suit tout aussi sagement vers l'écurie. Je range d'abord tout son matériel à la sellerie. Il commence déjà à transpirer un peu, je lui douche donc rapidement les jambes pour le rafraîchir. Je finis par un pansage complet, et le laisse au box pour la nuit.